Saulieu CCI 2* : Maxime Livio maître des cérémonies
Entre Auxois et Morvan, la colline aux moutons offre une vue panoramique sur les monts de l’Auxois et la ville de Saulieu. Le site est parfait et comporte naturellement tous les ingrédients nécessaires à un cross : dénivelés, passage d’eau, gué, du plat, des montées, des descentes, et, rare aujourd’hui, un piano avec un fort contre-bas qui n’a pas pour autant effrayé les chevaux.
A l’Anglaise
Décor naturel, obstacles stylisés en rapport avec le milieu : moutons, charolais, canards, escargots et spécialités régionales avec en particulier la table de Bernard Loiseau avec une batterie de cuisine en cuivre siglée BL prêtée par Dominique, l’épouse du grand chef disparu, un cérémonial typiquement bourguignon pour les remises de prix.  Et tout cela sur herbe (rabotée par les moutons), à l’Anglaise, sur un sol souple et travaillé juste ce qu’il faut pour qu’il soit parfait. Bravo les moutons.
Identité forteÂ
Deux ténors de la discipline pour ce baptême du feu, deux ténors aux origines bourguignonnes, Maxime Livio, le crack cavalier-entrepreneur installé aujourd’hui près de Saumur, ambassadeur de Saulieu-Terre-de-complet et Didier Dhennin, cavalier olympique (Pékin avec Ismène du Temple), écuyer au Cadre noir et chef de piste par amour du métier. Deux pointures qui ont mis tous leurs talents pour la réussite de cette première. Pari un peu fou mais pari gagné pour ce concours dont l’âme se dessine très nettement et dont la (forte) personnalité ne fera que grandir. Une âme, une identité, un savoir-faire qui devraient immanquablement séduire de plus en plus de compétiteurs pour aller vers du 3 et 4*.
Trois olympiques pour cette première édition, Maxime qui coachait l’équipe thaïlandaise à Tokyo et deux cavalières suisses qui ont couru les derniers J.O., Mélody Johner et Eveline Bodenmüller. Mélody dirige avec son mari une importante structure équestre à Lausanne, Eveline est professeur des écoles primaires au Weinland zurichois et athlète de haut niveau elle aussi ;
Dans leur sillage, une multitude de cavaliers pro et amateur des six coins de l’hexagone : Thibaut Fournier ancien vainqueur du 4* de Pau, Justine Bonnet de Valentigney, Aurélie Riedweg, Mathide Cruse de l’écurie de Maxime Livio, des Belges, Espagnols, Suisses. Un beau plateau servi par un programme varié avec de l’attelage, un spectacle équestre et diverses démonstrations de chiens de moutons qui ont attiré sur le site une foule de spectateurs. Les productions locales, côté restauration, étaient à l’honneur. Convivialité parfaite et chaude ambiance lors des soirées.
Palmarès
Maxime Livio a pris les commandes du 2* dès le dressage et place deux de ses trois chevaux sur les deux premières marches du podium : Waitangi Amazon et Enjoy de Keroué (Paddock du Plessis). La troisième marche est pour la cavalière suisse Mélody Johner/Keep Cool du Perchet( ch x Konvally) ; 4ème Thibaut Fournier/Siniani de Lathus (Volchebnik).
Le 1* est remporté par Mélody Johner/Qador d’Aubrie (Quality *Bois Margot) devant les Françaises Lisa Hebrant/Entracte de Champenotte (bayard d’Elle) et justine Bonnet/Eden des prés (Tinka’s Boy).
Tous les classements sur www.equichrono.fr)
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Didier Dhennin à propos de Saulieu: « Un terrain de jeux extraordinaire pour un chef de piste »Â
Enfant de Bourgogne, Didier Dhennin a construit les pistes du Cross et de l’hippique de l’international de Saulieu. Un ravissement pour lui. Il le dit et imagine un bel avenir pour cette compétition.
Quel plaisir de vous voir ici. Pourquoi ?
« C’est ma région d’origine, je suis dijonnais de naissance et j’ai tenu un club à Semur-en-Auxois pendant 16 ans, Les Plantes Folies, à 20 km d’ici, donc je connais bien la région. J’ai toujours construit des pistes de cross, même au moment où j’avais mon centre équestre. En plus de la compétition et de faire du haut niveau c’est quelque chose qui m’a toujours plu et que j’ai gardé en tête. Et puis là , maintenant que je suis un peu plus sur un versant posé, un peu moins sur le haut niveau, j’ai mis l’accent sur la construction de pistes. J’ai acquis un certain niveau international.
Mais pour revenir au sujet de pourquoi je suis ici et pourquoi je suis content, c’est parce que le terrain est tout simplement magnifique, c’est un terrain de jeu extraordinaire pour un chef de piste à partir du moment où on sait l’utiliser à bon escient et non pas de trop. Le sol est top, on l’a vu sur les 3 disciplines, l’environnement est extraordinaire avec une vue magnifique qu’on n’a pas sur beaucoup de concours en France je pense, sans être chauvin. Je pense que c’est un concours, que c’est un emplacement qui a vraiment sa place, qui va prendre sa place dans le calendrier national et international, et qui va se développer je pense. Et cette dynamique qu’il y au niveau de ce concours par rapport à l’organisateur est quand même de nos jours assez rare, c’est-à -dire qu’il y a une âme que malheureusement on ne trouve pas sur tous les terrains de concours et il y a une vraie identité et je pense que cette identité-là va marquer. C’est ce qu’on avait beaucoup avant, mais je pense que ce n’est pas un retour en arrière, c’est un bond vers l’avant. L’identité et la reconnaissance des gens, le patrimoine local en même temps que certaines manifestations, et surtout le respect que l’on peut avoir à tous les niveaux, au niveau de l’organisation, au niveau de l’accueil. Didier Loison et tous ceux qui l’entourent ont un respect du travail, un respect des gens incroyable. Et ça, ça fait la différence. Quelque chose qu’on ne retrouve pas ailleurs avec cette âme et ce respect de la personne, malgré tout, malgré la compétition, et je trouve, pour moi en tous les cas qui viens intervenir ici, c’est quelque chose de très, très précieux, et je suis un fervent défenseur de ça ».
On vous reverra tous les ans ici ?
« Tant qu’ils voudront de moi, oui, avec plaisir ».
Le quotidien de Didier Dhennin aujourd’hui c’est quoi ?
« Je suis toujours au Cadre Noir. Là je suis venu faire la compétition sur mes congés. Au cadre Noir, j’ai toujours des chevaux à monter mais j’ai lâché un petit peu le haut niveau depuis 2-3 ans. Je me dirige plus sur la construction de jeunes chevaux en Concours Complet, et là je me suis découvert une petite envie pour aller jouer un petit peu en CSO, pas pour refaire les Jeux Olympiques, mais faires des belles épreuves en CSO, j’ai une jument qui saute bien, et puis pour moi, pour mon plaisir personnel et le fait de faire autre chose, d’aller chercher autre chose ailleurs ».
Un mot sur ce que vous avez vu de Tokyo ?
« Je n’étais pas trop disponible donc je n’ai pas trop suivi, mais je trouve que c’est une très belle performance, et je dois saluer le staff, l’encadrement et Thierry Touzaint. Thierry est ce qu’on appelle un chasseur de médailles, et ça, ça s’est encore avéré très vrai cette année, franchement je lui tire mon chapeau. Donc là , il y a les Europe qui se pointent derrière tout ça et j’espère que ça va être du même acabit, je n’en doute pas connaissant « l’animal ».
Propos recueillis par ER
Maxime Livio : « Une étape du Grand national »
Alors heureux ?
« Oui, très. Déjà parce que mes chevaux ont effectivement répété ce que j’espérais qu’ils puissent faire, mais en plus ils se sont bien comportés. Ce sont des chevaux qui sont en formation et ils se forment bien, ils commencent à répéter les perfs et je suis très content pour ça. Ensuite je suis surtout très content pour la réussite de ce concours, c’est tout neuf mais vraiment ils ont assuré une super première édition. Il y avait du public, ça faisait même très longtemps qu’on n’avait pas eu les applaudissements sur le cross, donc retrouver ça en Bourgogne sur un concours qui m’a demandé de leur filer un petit coup de main et qu’ils aient autant de réussite c’est doublement un plaisir ».Â
Tu as répondu spontanément à la demande ?
« Oui, tout à fait. D’abord je suis né à Dijon. Et puis je pense que c’est aussi notre rôle en tant que cavaliers. On ne peut pas juste espérer qu’il y ait des concours, qu’il y ait de l’argent dans les concours et ne rien faire pour que les concours s’en sortent. C’est obligatoire, donc à chaque fois qu’on me sollicite j’essaie de trouver du temps pour filer un coup de main. Ce n’est pas forcément grand’chose mais le fait de montrer qu’on est dans le même bateau et qu’on veut des belles épreuves, qu’on veut du public, qu’on veut de l’argent à gagner, et bien ça c’est notre rôle aussi ».
Tu es parti quand de la Bourgogne ?
« Je suis parti pour faire mes études après mon Bac à Saumur, donc à 18 ans, j’en ai 34 maintenant, donc ça fait un petit peu de temps. Mais quand je suis arrivé là -bas je suis tombé un peu amoureux de cet endroit qui est une terre de cheval et de Concours Complet, et je me suis surtout installé là pour la Verrie (hippodrome de Saumur-Verrie). La Verrie c’est quand même un centre d’entraînement qui est unique en France, tous les cavaliers de France vont s’y entraîner et je suis à 3 km de cet endroit-là . Mais je ne désespère pas, il y eu une belle époque de Complet avec Dijon-Bonvaux ; si Saulieu reprend un petit peu le flambeau de cette épreuve qui drainait quand même beaucoup de monde, ce serait magnifique : il y a avait le championnat des 7 ans, il y avait un championnat Pro Elite, il y avait beaucoup de choses, donc on leur souhaite d’avoir le même parcours que Bonvaux ».
Conquis par le cadre ?
« Oui, il y a un potentiel formidable. L’épreuve de cross on peut faire 3*, on peut faire 4* difficile, donc oui il y a de tout pour que ça devienne une étape du Grand National, et d’ailleurs j’en ai déjà parlé avec Thierry qui était venu voir le site au tout début, et Pierre Michelet aussi, il avait 2 000 idées parce qu’il y a du dénivelé, il y a des gués naturels. Il y a un gros potentiel donc c’est bien qu’ils aient démarré raisonnablement. Mais qu’ils l’aient fait avec ce niveau de qualité c’est énorme. Après viendront les opportunités, les gens qui vont les suivre, qui feront qu’ils deviendront un grand concours, mais il y a vraiment tout pour faire ».
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Bons souvenirs de Tokyo ?
« Oui, tout à fait. On peut tirer un grand coup de chapeau aux Japonais parce qu’organiser dans ces conditions-là c’était vraiment difficile. Malgré tout je pense que pour tous les athlètes et les accompagnateurs c’était bien pour le sport, c’était moins bien pour l’ambiance, c’était moins bien pour visiter Tokyo, c’était moins bien pour tout ça, mais pour le sport c’était bien. Les chevaux ont été reçus dans de supers conditions, le cross était bien. Mes cavaliers (Maxime est entraîneur de l’équipe thaïlandaise, ndlr) ont peu de métier, ils ont fait de toutes petites erreurs qui leur ont coûté très cher mais ils les ont déjà bien digérées et on est déjà plutôt en train de voir ce qui nous a manqué pour préparer la suite. Pourquoi pas les Championnats du Monde à Pratoni ? Ce sont des jeunes qui en veulent et moi je suis là tant qu’ils auront besoin de moi pour les aider ».
Ils ont un bon potentiel en Concours Complet ?
Oui, d’autant plus que là on a fait un peu avec « les chevaux qu’on avait », on a pris des chevaux d’expérience, des chevaux de cross, mais on n’avait pas un budget extensible donc on a dû faire des concessions sur plein d’autres choses et le jour où ils auront des chevaux à la hauteur de leur talent, ils seront performants c’est sûr ».Â
Tu les équipes de chevaux français ?
« Oui, pour le moment ce ne sont que des chevaux français qu’ils avaient. Moi ce que je j’espère c’est qu’on va pouvoir anticiper un peu, acheter des jeunes chevaux de 6, 7, 8 ans, qu’on va former d’ici Paris, ça ce serait super parce que faire du one shot à 1 an des Jeux... C’est toujours compliqué de créer une relation avec un cheval qui a déjà appris, surtout en Complet ça compte vraiment de bâtir une relation avec le cheval.
Mes cavaliers thaïlandais sont tout le temps chez moi. J’ai 10 chevaux de la Fédération qui sont en permanence à la maison. Les cavaliers font quelques allers-retours des fois pour rentrer un peu en Thaïlande, mais les chevaux sont tout le temps-là . Quand ils ne sont pas là on les prépare, et quand ils reviennent ils concourent. »Â
Mais comment tu vas gérer le fait d’être éventuellement compétiteur à Paris aux Jeux Olympiques et être entraîneur ?
« C’était déjà le cas cette année. On avait déjà discuté avec les deux Fédérations. Quand la Fédération thaïlandaise est venue me chercher je leur ai dit que j’étais avant tout cavalier mais que j’enseignais aussi et ils ont plutôt pris le côté positif du truc de se dire qu’au moins ils auraient un entraîneur qui faisait du haut niveau, qui était tout le temps dans le coup, à la page de ce qu’il fallait savoir faire. Ils ont pris le côté positif, en respectant le fait que des fois j’étais à cheval et qu’il fallait prendre le bon côté et accepter les côtés moins bien. Et Thierry, j’en ai toujours parlé avec lui parce qu’il sait que ça fait partie de mon système, c’est aussi ça qui me permet de garder mes bons chevaux, de ne pas être obligé de les vendre, donc il accepte que ça fasse partie de mon métier, et là quand il m’avait demandé d’être réserviste des Jeux on en a reparlé et il m’a dit « de toute façon tu le fais tous les week-ends donc pourquoi tu ne le ferais pas aux Jeux ? ».Â
Aux Jeux, la tension est quand même là ?
« En Concours Complet, quand on va sur le Cross on sait tous qu’on risque notre vie, on sait tous qu’on risque de blesser nos chevaux, on ne se tire pas dans les pattes, chacun fait au mieux et puis le meilleur gagnera, mais il n’y a pas de concurrence comme ça, vraiment. Je ne dis pas ça pour la forme, c’est vraiment un état d’esprit qui est comme ça dans le Complet. Et après, pour moi il n’y a pas non plus de concurrence. Sandra Auffarth coache un indien qui était en individuel et elle s’est fait battre par cet Indien-là , personne ne lui a reproché ça, il n’y a pas de problème, on est entraîneurs, on est cavaliers, il n’y a aucun souci et encore une fois je le fais tous les week-ends ».
Propos recueillis par ER
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