Saumur Complet : Joséphine Héteau survole le CCI 3*S
Femme de cheval à tous les niveaux, dans les soins, dans la monte, dans l’échange, la complétiste est bercée sur les terrains de concours par deux parents cavaliers professionnels. De son père et ancien coach Willy Héteau « Un premier complet à 4 ans à shetland, et l’évolution jusqu’en Poney Elite et As 2 lorsque Emmanuel Quittet sélectionneur fédéral la remarque à Châteaubriand. Il souhaite la voir en en As 1. Joséphine n’avait déjà peur de rien mais de mon angle, il était encore trop tôt. Elle fait alors une année de plus en As 2. La monte devient intelligente, elle progresse jusqu’à l’As Elite. Le haut niveau, la transition du poney au cheval, l’intégration à Saumur l’année de son baccalauréat. La poursuite des études avec un BTS Conduite et Gestion d’entreprises agricoles... Dans son éducation, nous avions toujours fait appel à des intervenants complémentaires, la suite était logique. La culture équestre s’est étendue, Joséphine a pris de la maturité. Son arrivée au Pôle lui a appris la rigueur, et l’a faite beaucoup grandir ».
Côté juges, Nathalie Carrière officie sur ce 3* : « Deux jours de dressage durant lesquels j’ai jugé le 3* court dans son intégralité. 120 partants, un très bon niveau puisque nous avons environ 35 couples qui dressent à plus de 70%. La première cavalière, Joséphine Héteau, a atteint 76% de moyenne par une équitation très fine et toute en délicatesse. Une bonne moyenne générale, de bons chevaux, des beaux 7 ans. C’est difficile de départager. Les cavaliers montent mieux, les formations sont meilleures, le niveau a vraiment évolué, ce sont des petits détails qui font la différence. La fluidité essentiellement… l’enchaînement des mouvements, les transitions, la qualité des allures. Dans cette reprise, nous avions beaucoup de pas. Une transition, le doublé, l’arrêt, reculer, repartir, un demi-cercle, les ferme-à -ferme, la qualité de l’allure était primordiale pour que les notes montent ».
Pascal Forabosco, sélectionneur et chef d’équipes, Juniors et Jeunes Cavaliers  : « Les équipes sont assistées par des spécialistes pour le dressage. Nous avons Amélie Billard qui m’accompagne pour les jeunes cavaliers et qui succède à Jean-Pierre Blanco, qui remplace Serge Cornut. Fait d’armes : Championne d’Europe en CCE, championne de France junior ET senior, ce qui est rare. Elle courait avec le cheval de son père, un ancien de la Garde Républicaine, Derby de Longueval, SF [x Theo Top x Porte Bonheur III], qu’il avait lui-même dressé. Une superbe carrière dans le complet avant de se consacrer au dressage pur. Sa mission ? Faire travailler les jeunes, tandis que Florence Lenzini accompagne plus spécifiquement les juniors. Catherine Kitten, notre vétérinaire veille, et notre DTN Michel Asseray supervise l’ensemble ».
Philippe Mull, entraîneur du Pôle France : « Joséphine entame sa quatrième année à l’école. Elle a couru les Europe en 2021 avec Vif D’Or. Le couple prendra le départ sur la Pro 1 du Lion d’Angers. Pour ce qui est de Vidoc de Loume*IFCE [AA 2009 x Jarnac x Iago C] avec lequel elle remporte le 3*, que nous avons qualifié l’année dernière au 3*L de Bazoges-en-Pareds et qui est qualifié pour les Europe, nous programmons la pro 1 du Lion et la pro 2 de Vittel. Comme tous nos jeunes, Joséphine a du talent. Elle progresse bien, elle est dans son niveau. C’est quelqu’un de prometteur qu’on devrait retrouver avec plusieurs de ses coéquipiers dans les équipes de France Seniors ».
Avant elle, une génération qui a tout gagné… Un groupe soudé multi-médaillé d’Or aux Europes, juniors et jeunes cavaliers, en individuel et par équipe. Anouk Canteloup, Victor Levecque, Marie-Charlotte Fuss … Le cœur de la performance ? « Avec l’expérience, j’ai parfaitement intégré que si je n’ai pas de groupe, je n’ai pas de résultats. Le complet c’est un sport collectif . Il faut de l’équité, que ce soit pour tous pareil. J’ai monté en compétition donc je peux sélectionner des cavaliers qui ont loupé un concours, se louper ça arrive, cela ne conditionne pas mes choix, mais je regarde énormément leur attitude sur l’année, leur comportement avec le groupe, comment ils sont perçus de l’intérieur entre autres facteurs », Pascal Forabosco.
Sont actuellement au Pôle France : Jade Bourguet, Charlotte Bordas, Joséphine Héteau, Camille Collet-Vidal, Lucas Brun, Lilou Ducastaing.
Melanie Guillamot
Entretien
D’emblée, Joséphine montre sa joie d’avoir remporté le 3*S devant un parterre de champions olympiques.
« Je suis contente, ça redonne le moral. J’étais déjà ravie à l’issue du dressage, Vidoc de Loume * IFCE n’avait jamais eu cette note, c’est le première fois qu’il dresse aussi bien. Maintenant, il faut rester à ce niveau-ci. Après, il est ultra dressé (ndlr : Vidoc était sous la selle de l’Ecuyer Didier Dhennin), sur le plat, c’est vraiment chouette. Ensuite, sur l’hippique, il est souvent plus bas en concours qu’à la maison, il saute un peu moins bien donc c’est toujours un peu plus compliqué mais il a répondu présent ».
Le cross c’était un peu « A la maison » ?
« Oui c’était l’avantage de ce concours, parce que Vidoc peut parfois être un peu coquin. Partant de là , je me suis un peu méfiée quand même, et je l’ai entrepris davantage pour assurer le coup. Il a vraiment bien réagi. Si je ne suis pas 100% concentrée, même à la maison, il lui arrive de me rappeler à l’ordre gentiment. J’ai mis le maximum de chances de notre côté et ça a marché. Ensuite, il a bien galopé, bien récupéré ».
L’équitation, le Complet, l’Amour du cheval, c’est votre ADN ?
« Mon père, Willy Héteau, était cavalier professionnel, et sortait jusqu’en pro 1 avec son cheval, ma mère, Anne Josso, était complétiste jusqu’à l’accident grave qu’il a fait se diriger davantage vers le dressage. Aujourd’hui, elle gère son centre équestre, l’Ecurie du Vieux Puit dans le Maine-et-Loire. Nous avons toujours été dans le concours. C’est mon père qui m’a coachée sur toute la période à poney jusqu’à mes 16 ans. J’ai effectué une année avec les Juniors à la maison et suis rentrée au Pôle France à Saumur ».
Avec Pascal Forabosco, Philippe Mull, Ecuyer, et l’ensemble des infrastuctures du Pôle France et du staff fédéral, vous êtes formée par l’Elite dans un cadre exceptionnel et dédié, mesurez-vous le privilège ?
« Oui, surtout d’avoir intégré le Pôle ; c’est ce qui m’a vraiment propulsée. Philippe (Mull) me connaît par cœur, tout comme mes chevaux. Nous marchons vraiment bien ensemble. Personnellement, j’aime quand c’est carré, clair, qu’on ne passe pas par quatre chemins et c’est le cas. Ce n’est que de la rigueur … et c’est ce qui au final paie. »
Comment est constitué votre piquet de chevaux ?
« J’ai Vidoc de Loume*IFCE, un fils de Jarnac, depuis un petit moment à l’école. C’est un bon cheval. Dans nos piquets nous avons des chevaux d’école superbement dressés et c’est très enrichissant. Ça ne fait pas d’eux des chevaux faciles, mais c’est aussi comme cela qu’on apprend. Ensuite, j’ai couru le CCI3*L de Krönenberg aux Pays-Bas en avril avec T’as du Pot [SF 2007 x Zandor Z x Martilus XX], que l’on connaissait sous la selle de Didier Dhennin puis de Luc Château, qui est 7ème du 3*S. Un cheval avec beaucoup d’expériences puisqu’il a tourné en 4 étoiles. C’était le meilleur cheval de mon piquet, il m’a beaucoup transmis et profite désormais d’une belle retraite au pré.
J’avais également engagé mon cheval : Vif d’Or, avec dans les papiers Carthago et Laudanum [SF 2009 x Gastronom de Hus x Obéron du Moulin], avec lequel ça ne s’est pas très bien passé, il n’était pas très en forme. Nous avons fait une batterie d’examens, tiré les conclusions des analyses, effectué les soins, il devrait repartir sur la Pro 1 du Lion. Ceci dit, c’était chouette comme concours. Je l’ai acheté il y a deux ans maintenant avec les moyens qu’on avait. Il a l’âge de Vidoc, on avance tranquillement.
Dans l’écurie, j’ai également Easy Jump du Val [ x Newton de Kreysker x Rajpoute] une jument propriété de Gérard Largillière et Hervé Louchet, qui m’est confiée depuis un an et demi maintenant et qui faisait son premier 3*. Elle a plutôt bien couru hormis le CSO où nous avons encore quelques réglages, mais je pense que ça va être bien pour plus tard. S’ajoutent quelques chevaux de propriétaires, beaucoup de jeunes. Je pense que certains vont être bons, je vais leur laisser le temps . C’est aussi en montant des chevaux débutants ou moyens qu’on devient de bons cavaliers ».
Comment serait votre cheval idéal ?
« Il aurait du sang, sauterait magnifiquement bien, il trotterait comme un Dieu sur le dressage et serait super bon sur le cross.
Je viens de commencer l’élevage avec la jument que j’avais en Junior, j’ai privilégié des chevaux de CSO pour que ça saute, tout en ayant une bonne locomotion pour être sûre d’avoir des chevaux qui dressent. Celui que j’ai choisi cette année c’est Beau Gosse du Park [ x Quaprice Bois Margot x Quidam de Revel x Rita du Park / fille de Kannan GFE]. L’étalon commence les 5* en concours. Il remporte le CSI4* de Rouen en 2021. J’attends le poulain qui doit naître bientôt de ma jument Taïga du Landier [Nathan de la Tour AA x Fusain du Defey]. J’ai également un 5 ans, un Contendro, j’y réfléchis pour les années à suivre. L’année prochaine, j’attends un nouveau poulain de Newton de Kreisker [Diamant de Semilly x Papillon Rouge] et un autre Grimsky Semilly [Cornet Obolensky x Diamant de Semilly]. Concrètement je n’ai pris que des étalons de CSO sur mes juments. On va miser sur l’élevage pour la suite, avec notre affixe Du Landier ».
Les sponsors commencent-ils à se présenter pour vous soutenir ?
« Un petit peu mais c’est encore difficile parce que désormais c’est beaucoup relié aux réseaux sociaux, le nombre d’abonnés… et cela, c’est un métier à côté ! En ayant six chevaux à monter tous les jours, enfin neuf pour moi en début d’année - j’ai baissé un peu mon effectif - bref on n’a pas le temps de tout faire donc j’avoue que je ne suis pas la personne la plus présente sur les réseaux. Alors forcément, c’est compliqué de trouver des sponsors. Même avec les performances. On essaie, on cherche. Mais j’en ai quand même pas mal qui me suivent, Antarès notamment pour les selles, Royal Horse pour l’alimentation. Des sponsors qui m’aident également financièrement. J’ai quelques contrats vraiment sympas et je leur en suis vraiment reconnaissante ».
Un dernier mot ?
« Un immense merci à tous ceux qui m’entourent : ma famille, l’école, Philippe, Nathalie Mull, Pascal Forabosco, Michel Asseray, la Fédération, le staff qui nous suit, la nouvelle entraîneuse de dressage, Amélie Billard. Et puis entre nous dans le groupe du Pôle, tout se passe très bien, ce n’est pas la compétition, ça peut être une bonne année ».
Melanie Guillamot
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