Saut Hermès - Mr Tac et Victor Bettendorf : une longue histoire
On le voit partout Victor, du nord au sud de l’Europe, très souvent en tête des palmarès comme à Göteborg il y a peu de temps où il gagnait un de ses premiers GP 5* avec Mr Tac. Au saut Hermès, ils touchent les étoiles en remportant le très convoité Grand Prix 5*.
Ce couple nous avait éblouis l’an dernier en gagnant le GP 4* de Bourg-en-Bresse. La trajectoire est montante pour ce jeune cavalier luxembourgeois installé depuis trois ans dans la meilleure région cheval du monde, la Normandie, entouré par les meilleurs éleveurs mondiaux, la famille Hécart et à 500 m à vol d’oiseau du 3e cavalier mondial, Julien Epaillard. Il n’y a pas de hasard. Sa rencontre avec les Mégret, un autre fleuron du sport et de l’élevage normand fut encore pour lui une aubaine. Propriétaires de Mr Tac, son cheval de cœur, ils le lui ont confié. Et renouent avec les joies du grand sport.
Victor raconte les liens infrangibles qui l’accrochent à ce fils BWP de Non Stop et Tactique des Fusains x Toulon né au Luxembourg chez Edmond Meyers. « C’est un éleveur que je connais très bien. Quand j’avais 16 ans je prenais mon scooter pour aller monter des chevaux chez lui. J’ai eu la chance de pouvoir acheter Mr Tac que j’ai presque vu naître ; je l’ai suivi quand il était petit, au débourrage, et après. Je l’ai acheté quand il avait 6 ans, je l’ai formé. On a fait les 6 ans, les 7 ans, il était phénoménal, il a gagné 1m45 à Courlans dans le Jura quand il avait 7 ans dans un 3 étoiles et je l’ai vendu à un autre cavalier parce que j’avais des factures à payer. J’ai eu mal au cœur mais bon malheureusement je n’avais pas d’autre choix, mais je suis toujours resté en très bon terme avec l’acheteur, j’ai toujours suivi le cheval, on était régulièrement au téléphone. Au bout de 2 ans ce cavalier ne réussissait pas à faire les résultats qu’il espérait avec ce cheval qu’il adorait et convaincu de sa qualité ; par contre ce n’était pas un cheval qui lui convenait alors il me l’a confié pour le revendre. Je l’ai monté 2-3 mois. Quand je l’ai repris, je sentais que c’était comme si je l’avais monté la veille. J’ai eu la chance de trouver la famille Mégret qui m’a fait confiance en l’achetant pour que je puisse continuer à le monter ».
Comment fonctionne votre système ?
« J’ai différents propriétaires dont la famille Mégret, Alexandrine et Michel qui me confient des chevaux, la jument Big Star des Forêts appartient à un de mes propriétaires. Je suis à mon compte avec Adeline, nous avons acheté notre propriété au Pré-d’Auge à 500 m à vol d’oiseau de Julien Epaillard. On doit être une bonne dizaine de personnes à l’écurie dont deux cavaliers. Michel m’aide beaucoup, c’est un homme de cheval hors norme. Il y a une équipe derrière qui travaille très, très dur. Ce qu’on voit de moi, c’est juste la cerise sur le gâteau. Adeline ma compagne met tout en œuvre pour m’aider, pour trouver des chevaux, des propriétaires, des accès au concours, c’est elle qui m’aide à la maison. Je pourrais presque dire que c’est mon coach parce que quand on saute les chevaux c’est elle qui est là , elle gère tout de A à Z. Sans elle, je ne serais pas là aujourd’hui, c’est sûr. On a eu deux enfants et maintenant elle a très envie de remonter à cheval. Je sors des jeunes chevaux, mais pas de 4 et 5 ans, on leur laisse le temps de grandir avant de les mettre en concours. J’ai surtout de très bons 6, 7 et 8 ans ».
Mr Tac n’était évidemment pas ferré ?
« Tous mes chevaux sont déferrés.
J’ai déménagé en Normandie il y a 3 ans. J’ai observé le système de la famille Hécart et j’ai adoré, donc j’ai déjà commencé à déferrer les chevaux quand j’étais en Allemagne. J’ai débarqué en Normandie en juin 2020 et j’ai totalement adhéré à ce système-là de déferrer, de mettre les chevaux en troupeau, de les remettre beaucoup dans leur état naturel. Cette méthode m’a vraiment convaincu et je trouve que les chevaux qui ont un bon moral et qui sont en forme, sont heureux de faire du concours ».
C’est magnifique ce qui vous arrive-là  ?
« Je ne réalise pas. C’est un concours que j’ai toujours rêvé de faire. Lorsque j’ai participé au CSI U25, je m’étais dit que j’aimerais revenir un jour, cette fois pour le CSI 5*. J’étais déjà heureux d’être qualifié pour le Grand Prix et encore plus d’être sans-faute alors, ce barrage, ce n’était que du bonus. Le parcours était très technique et délicat mais n’a mis aucun cheval à l’effort. Je n’ai pas pris part à de nombreux Grands Prix 5* alors, au barrage, j’ai tenté le tout pour le tout en essayant d’être sans-faute avec un bon chronomètre. C’est phénoménal de gagner ici. J’espère que cette histoire va encore durer. J’ai de superbes chevaux alors j’en profite et j’ambitionne de m’établir à ce niveau, pas seulement de réaliser un coup d’éclat de temps en temps. Mon cheval va avoir des vacances, il ira au pré pendant deux ou trois semaines. Après, je ciblerai quelques concours qui me permettront d’être compétitif mais également de former la relève. Je ne souhaite pas courir après les CSI 5* parce que j’ai réussi une fois à m’imposer. Pour l’instant, j’aimerais me rendre à La Baule et Aix-la-Chapelle. Les championnats d’Europe de Milan sont aussi dans un coin de ma tête mais nous n’avons pas d’équipe au Luxembourg et, en individuel, ce n’est pas la même histoire. Je ne me fixe pas d’objectifs trop lointains, je verrai en fonction de mon cheval. » Â
Derrière lui sur le podium Harrie Smolders/Monaco N.O.P. et le Belge Wilm Vermeir/Iq van het Steentge, récent vainqueur de l’étape coupe du monde de Malines. Toupie de la Roque, ancienne monture de Victor est 4e avec Peter Devos.
Quatorze barragistes dans ce Grand Prix ouvert par Marcus Henning/Priam de Rozet. Le centaure rate le barrage pour un point de temps dépassé. Premier Français au classement, Bosty, 6e, avec son puissant gris Cassius Clay VDV revenu au mieux de sa forme. Jolie performance pour F-X Boudant/Brazil du Mezel, 9e pour leur premier 5* tout comme Cheyenne de la Violle le champion des 6 et 7 ans, sous le selle de Yuri Mansur. On reverra le couple à Miami et Mexico en avril. Grégory Cottard/Bibici est 13e.
Le goût de la victoire, Victor l’avait senti dès l’ouverture du concours avec Big Star des Forêts.
Julien Anquetin et Olivier Perreau ont eux aussi leur moment de gloire. Quel fabuleux concours.
Etienne Robert
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