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SHF : le « protectionnisme » fait débat

Un peu plus de monde que d’habitude à cette assemblée générale de la SHF qui s’annonçait nerveuse. Nerveuse et dynamique, elle le fut. En effet le débat autour de la « protection Â» du SF sur le circuit classique de CSO cette année a animé la majeure partie de la matinée. Au regard des commentaires entendus et des réactions des participants, il semblerait que la « ligne Chauvin Â» soit partagée par une grande majorité des auditeurs. Arnaud Evain, Philippe Martin, Edouard Dewez et François Lévy ont été les plus critiques à l’égard des changements annoncés. Leurs réflexions n’ont pas soulevé une adhésion massive.

L’argumentaire d’Arnaud Evain a trouvé un large écho chez les professionnels qui ont signé une motion dont il était porteur, qu’il a lue et dont voici un extrait.
« Il est légitime et souhaitable que le stud-book Selle Français veuille faire valoir son programme d’élevage et son image de marque en France et dans le Monde.
C’est l’intérêt des nombreux éleveurs en France et à l’étranger qui lui font confiance et utilisent ses services. Ils constituent la grande majorité des éleveurs sur notre territoire.
Pour autant, de très nombreux éleveurs français (parfois les mêmes...) font aussi le choix d’inscrire leurs produits dans d’autres stud-books ou choisissent des croisements qui leur imposent de passer par le registre des O.C.
Il est normal que ces éleveurs ne bénéficient pas des actions proposées par l’ANSF. Il n’est en revanche pas normal qu’ils ne bénéficient pas pleinement des services de leur maison mère, la SHF !
Les services rendus par la SHF, reconnue d’utilité publique, le sont avec des fonds publics. Ils sont destinés à tous et pas seulement à la majorité !
Le projet de circuit classique CSO 2013, maintenant des écarts de dotation pendant les phases qualificatives et prévoyant l’organisation de finales séparées, ne respecte pas le principe d’équité et outrepasse largement les limites de tolérance des règles européennes en la matière. Â»

Euro-compatibilité 

Protectionnisme, le mot a été lâché au cours du débat. Yvon Chauvin ne varie pas d’un iota dans la décision prise par son bureau; « 2013 sera une année de transition. Jusqu’aux CIR, les cycles classiques se dérouleront dans les mêmes conditions qu’en 2012. Ensuite les SF auront leur championnat. Mais les associations nationales de race représentées au sein de la SHF peuvent demander à la SHF d’organiser des épreuves réservées à leur race. Â» Tout cela au nom de l’euro-compatibilité et de la non-discrimination. Priorité au national donc, à la préférence nationale....
La discrimination aurait-elle changé de camp ? Verra-t-on un jour une hiérarchie s’établir entre les Selle Français de souche et les autres ?
Reste que la SHF marche sur des oeufs. 2013 est une année de transition et le changement  ne concerne que le seul cycle classique de CSO. Ce qui veut dire que rien n’est définitivement acquis.
Le ministère de l’agriculture a donné son  feu vert à l’opération et François Moreau, son représentant , présent à l’AG a redit son soutien à la SHF et balayé d’un revers la notion de protectionnisme évoquée par les opposants. « Le ministère soutient la SHF qui, rappelle-t-il,  n’est pas sous tutelle de l’Etat mais que l’Etat aide. Le circuit allait être attaqué par la Commission européenne, il fallait absolument changer Â».
Pour ce qui est des aides à la filière, le problème est plus délicat. La perfusion de l’Etat se vide, le soutien des courses via le Fonds Eperon n’est plus du tout assuré. Il va falloir trouver d’autres ressources. Philippe Martin évoque les effets pervers du « plan de campagne Â» destiné à l’agriculture maraîchère. Les producteurs doivent rembourser les aides qu’à tort, l’Etat leur a attribuées...
Alors consensus autour de cette réforme? Michel Guyot affirme « que le terrain est d’accord avec notre politique. Les présidents d’associations régionales ont entériné cette décision Â».
Arnaud Evain conteste en maintenant que les autres catégories professionnelles , cavaliers notamment, n’ont pas été consultées et met en garde contre « la dictature de la majorité Â»;
La grande explication aura peut-être lieu pendant le tour des régions que va effectuer Yvon Chauvin  pour expliquer ces changements et prendre le pouls du terrain. Il faudra être vigilant. 

Commercialisation

La vente du Mans a mobilisé elle aussi une bonne partie des débats. Est-ce à la SHF de s’occuper de commerce ? Pour Philippe Lemaistre, il n’y a pas l’ombre d’un doute : cette vente a été montée avec l’Unic et les marchands, et à leur demande. « Nous sommes des facilitateurs, pas une agence de ventes Â». D’autres opérations de ce type seront faites au Mans et ailleurs dans les régions, toujours en relation avec l’Unic et les marchands. Quant au résultat de cette vente, il serait de 55 chevaux vendus, 30 en discussion à ce jour et 13 ventes annulées pour problèmes sanitaires. En attendant une note que publiera prochainement la SHF, Yvon Chauvin estime que le coût global de l’opération ne dépasse pas 34 000 euros et qu’elle a coûté moins de 10 000 euros à la SHF.
François Lévy, critique à ce sujet et sur bien d’autres aspects de l’AG (lire ci-contre) s’est étonné que l’incidence de l’assignation (arrivée la veille à la SHF) sur les comptes n’ait pas été mentionnée.
« Le cabinet d’avocats a été saisi de cette affaire Â» lui répond Yvon Chauvin.
A François Moreau, il a posé cette question : Â«  pourquoi notre filière qui apporte de la joie, de la convivialité, du bonheur n’est-elle pas plus aidée par l’Etat ? Â» Bruxelles...
Le bilan, « prudent et rassurant Â» selon le commissaire aux comptes n’a pas suscité de remarques particulières. Sinon l’inquiétude du président devant l’incertitude du lendemain.
La commission élevage que préside Michel Guyot est active. Après la réforme des concours, la revalorisation de la PACE par la voie femelle, c’est le rétablissement de la prime aux naisseurs qui est en chantier.

Etienne Robert

Une Assemblée SHF au-dessus des lois et peu préoccupée par la paupérisation de la filière

Une Assemblée joyeuse, pleine de bonhommie, où chacun a pu s’exprimer, mais truffée d’irrégularités.
- Ordre du jour non distribué,
- Liste des résolutions non disponible,
- Rapport du conseil à l’assemblée non disponible,
- Rapport du commissaire aux comptes non disponible avant le vote du rapport (mais disponible après le vote, bien que très difficilement et grâce à l’intervention du commissaire aux comptes lui-même et pour le seul signataire),
- Vote des résolutions pour ou contre. Pas de possibilité de s’abstenir malgré les réclamations,
- Commissaire aux comptes non informé du risque de contentieux (voir courrier adressé au président l’invitant à respecter ses statuts et de sa réponse rapide par voie de presse),
- Comptes arrêtés par le conseil sans provision du risque contentieux. Pour le moins, on espère que la mention du risque sera évoquée dans le procès-verbal de l’Assemblée,
- Sur le point de la discrimination entre les éleveurs, le président de droit, Monsieur Chauvin, précise qu’il a décidé cette disposition «  transitoire ! Â» sur avis du Ministère de l’Agriculture. Monsieur François Moreau représentant le Ministère confirme sa responsabilité de fait sur cette question,
- Rapport du commissaire aux comptes ne précisant aucune mention de risque de contentieux et ne précisant pas non plus le non-respect des statuts par le conseil de la SHF. Ce contrôle faisant pourtant partie des missions habituelles d’un commissaire aux comptes,
- Création d’une structure pour organiser le commerce au sein de la SHF elle aussi contraire à ses statuts. 
En conclusion, une réunion d’amateurs, satisfaits, souriants et sereins, fiers de leur action et n’ayant, à aucun moment, ouvert une discussion sur les causes du pourrissement de la filière. Une réflexion sur le mode électif et de gouvernance de la SHF semble indispensable ?

François Lévy

28/03/2013

Actualités régionales