Simon Delestre sur tous les fronts

et ne se ressemblent pas à Sainte-Mère-Eglise. Mais ni les aléas ni la météo, parfois peu conciliante, ne semblent pouvoir entraver la progression vers l’excellence d’un concours au succès sans cesse renouvelé.
Disputée sous l’œil de l’entraîneur national Gilles Bertran de Balanda et de son adjoint Laurent Elias, présents tout au long du week-end en Plain-Cotentin, cette édition 2008 labellisée Grand National a démontré que l’équipe emmenée par Denis Brohier avait toute sa place dans la cour des grands, faisant au passage une belle démonstration du savoir-faire ‘‘made in Normandy’’. Au point que certains cavaliers et non des moindres, conquis par la chaleur de l’accueil, la qualité de l’organisation et le charme des lieux, manifestèrent leur surprise de ne pas voir Sainte-Mère postuler au rang des organisateurs de CSI. Affaire à suivre ?
Côté public, en dépit de conditions météo quasi-sibériennes qui découragèrent les plus passionnés lors deux premières journées et firent craindre un instant un bide aux organisateurs, la tribune Mont Blanc, dont la capacité avait été portée de 500 à 1 000 places l’an dernier, était plus que convenablement garnie lundi après-midi, lorsque le premier couple s’élança au départ de l’épreuve phare, le Grand Prix à 1,50 m.

Simon Delestre, persiste et signe...

Pour sa première participation, Simon Delestre s’est imposé avec Oda I, une Holsteiner par Cassini II et Chamonix, au plateau prestigieux dans ce mythique GP de Sainte-Mère, première étape du circuit Grand National proposé par la FFE. Au terme d’un barrage à couper le souffle, il a relégué aux accessits Eric Navet associé à Kiwi du Fraigneau (Alcyon du Defey - Utopia du Roihinet) et Julien Epaillard associé au revenant Icare du Manet (Papillon Rouge - Kouglof II), excusez du peu !
Lors d’un premier tour sélectif et formateur (les cotes de quelques difficultés dépassaient 1,50 m), Simon avait d’ailleurs été le premier, avec Mélodie Ardente (Apache d’Adriers*HN - Jalisco B), à trouver les clefs de l’énigme posée par Jean-Paul Lepetit. Bruno Rocuet fut le premier a relever le gant avec Gerfaut d’Helby, bientôt imité par Eric Navet puis Julien Epaillard.
A ce moment, Stephan Lafouge, venu spécialement de son Sud-Ouest avec son vaillant Gabelou des Ores (Pamphile - Double Espoir), et Sylvain Montigny avec Gabyscion*HN (Rosire - Lou Piguet PS), vainqueurs en 2006 et seconds l’an dernier, figuraient au nombre des victimes de marque.
Histoire d’enfoncer un peu plus le clou, le Lorrain qualifiait sans coup férir sa deuxième monture, Instit (entier par Calypso de Moyon et Narcos II), juste avant que la jeune Alexandra Paillot/It’s Texas de Revel et François-Xavier Boudant/Fidjie Girl ne s’improvisent dans le rôle des trouble-fêtes. Julien Epaillard s’octroyait à son tour une seconde cartouche avec le prometteur Labrador de Brekka (entier par Olisco et Paladin des Ifs). Mais dans cette partie de poker-menteur, le Mosellan eut le dernier mot en faisant avec Oda I d’une pierre trois coups.
Dans un barrage de tous les dangers, tous ont pleinement jouer le jeu, régalant de leur audace un public tout acquis à leur cause. Eric Navet le premier réalisait un nouveau sans-faute en 43’’91, que ni Julien Epaillard et Icare, pourtant plus rapides (41’’15), ni Alexandra Paillot, pas plus que François-Xavier Boudant ne parvenaient à effacer. Dans les tribunes, on se prenait à penser qu’une fois encore, le ‘‘professeur’’ avait donné la leçon. C’était sans compter avec la ténacité d’un Simon Delestre accrocheur en diable et qui au bout du suspens, et un peu plus de trois heures après avoir remporté le Grand Prix Mont-Blanc (1,40 m) avec Inédite de Balme, s’octroyait avec sa grise Holsteiner son troisième succès du week-end. Chapeau l’artiste !

Julien Epaillard et Pascal Lévy

Déjà très en vue une semaine auparavant à Auvers, le jeune Lorrain a démontré au cours de ces trois jours d’indéniables qualités techniques et morales. Déjà classé dans le GP du samedi remporté par Julien Epaillard et Commissarion (Cash - Calato), il participait dimanche avec trois montures à la grosse épreuve du jour. Dans cette Vitesse à 1,45 m très technique et largement aux cotes, c’est le Breton Bruno Rocuet avec Gerfaut d’Helby qui a réalisé le premier parcours de référence (64’’51), avant que Florian Angot ne fasse monter la pression (59’’42) avec Ilvien des Mielles (Beau Rêve Platière - Starter). Quand Robert Breul abaissa ce chrono de près d’une seconde (58’’50), on crut bien que la messe était dite. Mais, dernier à s’ élancer avec Mélodie Ardente, Simon Delestre avait déjà décidé que ce week-end en Normandie, il aurait quoiqu’il advienne le dernier mot (58’’29) !
Auparavant, alors que les cotes commençaient à monter, c’est Pascal Lévy et Tinacara, sa jument Hollandaise de 8 ans, qui s’étaient adjugés le GP Pro 2 à 1,35 m au terme d’un barrage pléthorique qui réunissait 23 couples. Plus tôt encore dans la matinée, Harmonie Thiennette s’octroyait, avec Loudchend d’Aurset (Vesontio du Mesnil - Muguet du Manoir), les lauriers de la Vitesse Pro 3 à 1,30 m et avec eux ceux de meilleure cavalière du concours.
First et Hym. Rentrées convaincantes pour First de Launay*HN et Hym d’Isigny qui avaient connu quelques sérieux problèmes de santé durant l’hiver. Dans le GP Mont-Blanc à 1,40 m qui précédait l’épreuve reine, le premier est sans faute et réalise le meilleur temps de la première manche et déroule dans le barrage pour prendre une rassurante 6e place. Dans ce même GP, Hym d’Isigny termine à la 2e place après avoir réalisé un autre double sans-faute dans la grosse (1,40 m) du samedi.

Commissario. Le meilleur cheval du concours fut Commissario, un Holsteiner gris de 10 ans par Cash (Cor de la Bruyère - Ladykiller), vainqueur du GP 1,40 m de samedi et 3e du GP 1,40 m du dernier jour, sous la selle de Julien Epaillard. On se souvient l’avoir vu briller jusqu’en 2006, en épreuves internationales jeunes chevaux avec un certain Christian Ahllmann.

Label cheval. Comme ils savent si bien le faire dans les grandes occasions, les commerçants de Sainte-Mère se sont mobilisés pour mettre en exergue le ‘‘label cheval’’ de la ville. Pendant les dix jours qui ont précédé le concours, nombre d’entre eux avaient décoré leurs vitrines sur ce thème. Quant au traditionnel défilé de Pâques animé par la fanfare de Bricquebec, il s’est achevé dans l’enceinte même du concours.

Tradition. Comme chaque dimanche de Pâques à Sainte-Mère Eglise, les cloches avaient tenu à être au rendez-vous pour un largage d’œufs à destination des plus petits. Le clown Teddy avait été mandaté par les organisateurs pour les guider dans leur cueillette, mais aussi pour veiller à éloigner d’éventuels chapardeurs non-autorisés.
Photos Jean Bougie, Etienne Robert et Daniel Sébire.
Daniel Sébire

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