Steve Guerdat/Alamo champions du Monde


Guerdat et Alamo



Le Jurassien Steve Guerdat abordait le championnat avec un choix audacieux : Alamo, qu’il a fini par préférer à Bianca. Il y a huit jours il disputait avec lui le CSI3* de Gorla Minore (It) pour « peaufiner » la forme du hongre noir... Alamo finissait 4e du Saut Hermès à Paris, double sans-faute, et là il avouait « je n’ai pas pris tous les risques au barrage ». Comment bien gérer ses priorités ?

C’est après Paris qu’il a choisi Alamo. Mais cela n’a pas empêché le doute avant l’Acte III : « J’étais un peu incertain d’aller en finale aujourd’hui car c’est son premier championnat et j’étais un peu nerveux vendredi après la chasse, mais à la fin, il a été incroyable toute la semaine ! »

Le hongre, propriété du cavalier mexicain Gerardo Pasquel Mendez, a rejoint le piquet de Steve Guerdat en 2017. Après sa première grande victoire à Helsinki, Guerdat avait parlé d’Alamo à nos confrères suisses : « J’étais persuadé que c’était un bon cheval, mais je ne savais pas jusqu’à quel point. On ne sait jamais. J’éprouve énormément de plaisir à faire apparaître le potentiel qu’un cheval possède. En ce qui me concerne, c’est même pour ces moments-là que je travaille toute l’année. Je n’aurais personnellement pas beaucoup d’excitation à gagner avec un cheval déjà victorieux que j’aurais acheté très cher. Amener un cheval à la victoire, c’est une tout autre sensation et une bien plus belle récompense. On a réussi à comprendre l’animal et à lui faire comprendre qu’il peut le faire. »



Le Panthéon des triples champions du monde



Guerdat a régné en maître et il fait désormais partie d’un groupe d’élite du cercle restreint des trois triples vainqueurs de Coupe du Monde : les Allemands Meredith Michaels-Beerbaum et Marcus Ehning, le Brésilien Rodrigo Pessoa et l’Autrichien Hugo Simon, le tout premier champion à Göteborg en 1979.



« Quand j’étais jeune, je rêvais de gagner la Coupe du Monde et quand j’ai terminé deuxième à deux reprises, je me suis demandé si cela arriverait un jour. Alors, quand j’ai gagné en 2015, c’était très spécial, et gagner ici à Göteborg l’année suivante était encore mieux, parce que c’est un super spectacle, la foule est comme nulle part ailleurs et l’ambiance est incroyable. Gagner trois fois, et le refaire à Göteborg aujourd’hui, ça me rend très fier ! »



Fuchs et Clooney 51



Mais la Suisse peut se targuer d’avoir deux diables d’hommes de cheval ! Car Martin Fuchs, 27 ans, lui aussi né dans une vraie famille « de cheval », est vice-champion du monde, grâce à son puissant gris Clooney 51 (Cornet Obolensky), celui-là même qui remportait en janvier le CSI5*W de Bâle. Clooney a montré à nouveau tout le talent qui a permis à son jeune cavalier de remporter l’argent individuel à la FEI World Equestrian Games™ à Tryon (USA) en septembre dernier.

Le secret pour ce jeune cavalier ? Il l’avoue, la veille de l’acte final il a profité de l’occasion pour « rendre visite à mon cousin à son Swisslodge près de Göteborg ! Super endroit pour la pêche et la détente dans la nature pure. Ça va me donner un autre coup de pouce pour la finale de demain ! »



Fredricson



L’enfant du pays, Peder Fredricson était bien seul, son autre compatriote qualifié, Henrik von Eckermann et sa superbe jument Mary Lou (Montendro), perdant tout espoir avec une première manche plombée de 21 points. Mais Fredricson fit preuve d’un magnifique sang-froid, et malgré une faute en 1re partie, réalise le sans-faute qui lui ouvre la 3e place avec le fils de Cardento 933, Catch Me Not S sous les hourras frénétiques des Suédois !



Autres héros



L’Allemand Daniel Deusser, 4e avec l’étalon Tobago Z (Tangelo vd Zuuthoeve x Mr Blue) a mené un superbe championnat, finissant le dernier acte par un sans-faute qui lui demanda maîtrise et sang-froid, et à l’étalon une générosité totale.

Le Belge Olivier Philippaerts, 5e réussit un très beau parcours sans-faute avec sa jument grise Legend Of Love (Landzauber), comme Niels Bruynseels et le sBs Delux van T&L (Toulon), 7e tous deux rescapés d’une finale qui n’épargna pas les Belges, au départ cinq à concourir !



Les déçus de l’Acte III



La tenante du titre 2018, l’Américaine Beezie Madden et le fils de Quitero, Breitling LS, qui lui offrit la médaille d’Or aux Jeux Equestres Mondiaux de Tryon en 2018, est 6e, à cause d’un acte final où elle ne put éviter deux fautes et du temps dépassé.



L’Espagnol Eduardo Alvarez Aznar mena les deux premiers actes tambour battant, avec le fils de l’Arc de Triomphe par Apache d’Adriers, Rockfeller de Pleville, au score vierge lors de l’Acte II, avec deux parcours presque à pas feutrés, tout en légèreté et en grâce, c’était splendide. 3 fautes au dernier acte anéantiront leurs espoirs, ils sont 8es.



L’Autrichien Max Kuhner avait toutes ses chances, ce qui met la pression sur lui et le gris Chardonnay 79 (Clarimo x Corrado I)... La fin du parcours leur sera fatale : ils fauteront en sortie de double et sur l’oxer suivant... L’un des 5 favoris se retrouve avec 8 points ; il sera 9e au final malgré un superbe championnat.



Olivier Robert débutait ce dernier acte à 7 points de pénalité seulement, avec un fils de Jarnac, l’Anglo-Arabe Tempo de Paban, aérien jusque là , et portait tous les espoirs français...Hélas, le couple se fera piéger 3 fois... douze points. Lors de son second parcours tous deux semblent plus à l’aise, plus relâchés, Tempo semble étonnamment frais, et si ce n’est une faute sur un oxer isolé, et un point de temps, l’Aquitain et son Anglo-Arabe, 13e, ont fait un bien beau championnat du monde pour une première fois ...



C. Robert



La réaction d’Olivier Robert : « J’avais une envie terrible de finir dans le Top 8 donc mon objectif n’est pas atteint mais j’ai appris énormément de choses durant ces quelques jours. C’était mon premier championnat avec Tempo et il a montré que physiquement il était prêt. Dans la première manche dimanche, ce n’est pas une défaillance technique mais je me suis débarrassé de mon parcours. J’aurais dû le monter obstacle par obstacle comme je le monte habituellement. On a su réagir dans la deuxième manche. C’est un petit échec mais au final il y a beaucoup de positif qui devrait me servir pour la suite.»



La réaction de Thierry Pomel, sélectionneur national : « Le bilan est mitigé bien sûr mais il faut savoir analyser. Kevin ne monte pas Edesa’s Cannary depuis très longtemps. Le cheval est grand et n’a pas paru très à l’aise sur cette piste de Göteborg. Pour Olivier, il y a eu de bonnes choses mais la première manche de la finale est décevante. Le cheval sautait bien au paddock mais après sa première faute en piste, il n’a pas réagi comme il aurait dû. On retient quand même sa belle prestation de vendredi et son dernier parcours où il a bien fini. »

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