Terrible incendie au haras de Saint-Lô
Des dizaines de Saint-Lois, souvent choqués, sont venus voir une partie (écuries 3 et 4) de leur haras historique brûler cette nuit du jeudi 11 au vendredi 12 juillet 2019. Les élus et autres responsables étaient sous le choc, tout comme le directeur du site, Yann Adam. "Ce sont deux siècles de patrimoine manchois qui s'envolent", dit-il attristé. Il poursuit sur un ton rassurant que ce ne sont que des dégâts matériels.
« La toiture est complètement détruite »
Ce que confirme le colonel Sébastien Gras, adjoint du directeur des pompiers de la Manche. « Quand nous sommes arrivés sur place les flammes avaient déjà percé la toiture. Notre première mission a été de mettre en sécurité les 24 chevaux qui se trouvaient dans les boxes. On a assez vite maîtrisé le feu et permis qu’il ne s’attaque pas à d’autres locaux. Sur les 4 000 m²de ce bâtiment, on a pu en préserver 1500, en revanche la toiture est complètement détruite. » Au total plus de 80 sapeurs-pompiers sont intervenus, dont certains venus en renfort de Cherbourg. Il va leur falloir plusieurs heures avant de complètement sécuriser le site. Cette nuit la raison du sinistre n’était pas connue mais la suspicion d’un feu de fourrage récemment stocké était avancée.
Une bonbonne d’azote de 100 kg
L’écurie No 3 (centre d’insémination et de congélation) et l’écurie No 4 du Haras de StLo en flammes. Tous les chevaux vont bien.
Demain les étalons déménagent près de St Lo, il faut retrouver du matériel de prélèvement et de labo afin de finir la saison et être opérationnel dès cet après-midi
Et un des points chauds a concerné le laboratoire du site de reproduction. « On a une bonbonne d’azote de 100 kg sous pression, explique Yann Adam. J’ai donné cette information très vite aux pompiers pour qu’ils puissent sécuriser et refroidir ce secteur. » Une bonbonne qui sert à congeler des semences d’étalons mondialement reconnus et pour lesquels le haras de Saint-Lô a été retenu. « Fort heureusement nous sommes à la fin de la saison de monte donc on limite la casse si je peux m’exprimer ainsi. Les semences qui passent ici sont d’une valeur génétique inestimable et une grande partie était déjà partie en stockage à Carentan. Mais c’est sûr, la planète cheval va être en émoi. »
Le feu dans la partie qui n’avait pas été bombardée
Sur place, le maire de Saint-Lô, François Brière et le directeur des musées de Saint-Lô, Robert Blaizeau, n’ont pu que constater l’ampleur des dégâts. « J’ai le sentiment d’un choc terrible. Le haras est un joyau du patrimoine saint-lois. De le voir en feu rappelle d’autres images récentes. C’est la deuxième fois dans mon mandat que je suis confronté à un incendie. La première fois dans une cage d’escalier et maintenant avec ce site historique, a souligné le maire visiblement affecté.
Pas moins touché, Robert Blaizeau a expliqué que la partie nord du haras ayant été détruite pendant la guerre, les charpentes étaient désormais en bêton. « Ce qui n’est pas le cas de la partie sud qui a conservé sa charpente bois qui date de 1883. » Et de faire un parallèle avec Notre-Dame. « C’est un bois très sec et comme pour une partie de Notre-Dame il date du XIXe siècle. »
Vers 3 h du matin, Mathieu Laisney, cavalier professionnel de 35 ans et sa compagne Claire Lemerre sont en état de choc devant l’ampleur des dégâts. Dans les flammes, se sont consumées, en quelques heures seulement, des années de travail. Résidant près de Balleroy, ils sont alertés très tôt et se rendent immédiatement sur place. Sur les lieux, impuissants, ils ne peuvent qu’observer ce triste spectacle.
Le Maire de la commune, François Brière était également sur place accompagné de son adjointe. Il était dévasté : "c'est un choc, de voir un joyaux du patrimoine français attaqué par les flammes".
Pour le moment, il n'y a aucune information concernant le départ de l'incendie.
Suite au violent incendie qui a détruit cette nuit une grande partie du Haras de Saint-Lo, Westide Mirah 2 est transféré aujourd'hui au Haras de Tamerville pour honorer ses derniers contrats
Nous souhaitons tout le courage nécessaire à l'équipe de Denis Hubert et Adrien Bret qui mettent tout en oeuvre pour terminer la saison de monte.
« Tout ce qu’on a construit, on l’a perdu ce soir »
« La perte est inestimable » explique Mathieu, les yeux remplis de larmes. Il y a trois ans, celui qui a toujours baigné dans le monde du cheval, s’installe à son compte. Il effectue actuellement sa deuxième saison au haras de Saint-Lô. Au quotidien, ce passionné s’occupe de 28 chevaux, dont la plupart sont des étalons. Mais si les 14 animaux présents ce soir-là sont « heureusement en bonne santé », les pertes matérielles s’avèrent douloureuses. « Tout ce qu’on a construit, on l’a perdu ce soir. » Abattu, il ne parvient pas à y croire. « Selleries, papiers d’identification, tout est parti en fumée. Cela représente environ 15 000 €. » Mais surtout, « quand tu n’as plus de matériel, tu n’as plus de travail ». Et à lui de penser, tourmenté, à tous les propriétaires des chevaux qui lui ont été confiés : « Comment vais-je leur annoncer ça ? »
Pompier et vétérinaire
Le maire de Saint-Lô, François Brière, a d’ores et déjà annoncé qu’il allait « falloir l’accompagner ». Cette nuit, Yann Adam, directeur du haras, voyait déjà quelles solutions lui proposer pour pérenniser son activité. « La priorité c’était de sauver la vingtaine de chevaux et on l’a fait mais ça n’empêche pas des dégâts considérables et une activité économique durement touchée. Bien des gens du monde du cheval sont déjà au courant, expliquait-il à 3 h. On a déjà plusieurs écuries manchoises qui ont proposé leur aide et 25 étalons vont être relogés dans un autre haras. »
Vétérinaire à Coutances et pompier volontaire, Mathilde Audic, a participé à la mise en sécurité des chevaux. « Il y a tout un protocole à mettre en place rapidement dans ce genre de cas et vraiment tout s’est bien passé. Je vais juste suivre deux chevaux qui ont été exposés aux fumées et un autre qui a eu un coup de stress et qu’on a dû mettre sous perfusion. Mais même s’il n’y a pas de victime c’est très dur ce qui arrive à Mathieu et Claire. »
(Source Ouest France)
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