Tous derrière, lui devant
Grand Prix Gucci - 1,60 m
Conrad Homfeld a taillé un Grand Prix d’envergure pour clore cette édition des Gucci Paris Masters. Certains l’ont jugé trop éprouvant et difficile pour les chevaux, d’autres ont apprécié ses subtilités techniques, notamment dans le choix des contrats de foulées, soit très courtes dans les combinaisons, soit nécessitant une grande prise de vitesse pour franchir les obstacles extra-larges. En tout cas, il y a un couple que toutes ces difficultés n’ont pas semblé franchement déranger, c’est Kévin Staut et Silvana HDC. A Paris, devant leur public après une saison en dents de scie et décevante, ils réalisent l’exploit !
« Je vais beaucoup mieux dans mon corps et dans ma tête. Je n’ai pas été performant cette saison. Cette victoire est d’autant plus belle et symbolique pour moi. Silvana est en pleine possession de ses moyens, je ne monte pas trop mal alors ça peut durer encore. C’est un bonheur pour moi de vivre ce moment là à Paris. » Ces mots dans la bouche de l’ex-numéro 1 mondial et ex-numéro 1 français ont été prononcés avec un sourire que l’on n’avait pas observé depuis longtemps.
Une satisfaction sincère et surtout modeste au regard de la difficulté de ce Grand Prix. Car pour espérer accéder au barrage, il fallait d’abord déjouer les pièces du parcours du chef de piste américain. Des contrats de foulées sélectifs notamment dans le triple très, très court placé contre la tribune du public et le double qu’il fallait aborder à angle droit avec subtilité avant de prendre de la vitesse pour franchir un énorme oxer face au paddock.
Les sans-faute se sont fait attendre. Les premiers tours étant une succession de parcours fautifs. 4 points pour Jérôme Hurel et son jeune Quartz Rouge, idem pour Abdelkébir Ouaddar et Quikly de Kreisker ou Rodrigo Pessoa sur Citizen Cadjanine en sortie de triple, décidemment le juge de paix, qui fera aussi échouer Pénélope Leprévost et Nayana ou encore abandonner Julien Epaillard et Qarat de la Loge après deux fautes aux obstacles.
Armitages Boy fait sensation
Premier à trouver la solution, le Français Aymeric de Ponnat et son fabuleux étalon de 11 ans Armitages Boy. Il est suivi par l’Américaine Brianne Goutal et son fils de Rosire, Nice de Prissey, Timothée Anciaume et Padock du Plessis qui signent un beau tour précis et fluide. Le cavalier français nous confiera en sortie de piste « être pleinement satisfait de mon cheval pour qui c’est seulement le 2e GP 5* » et vouloir « assurer un sans-faute au barrage ». Christian Ahlmann et son Aragon Z rejoignent les barragistes suivis par Kévin Staut et Silvana HDC, Maikel Van Der Vleuten et VDL Groep Verdi, Simon Delestre et un Napoli du Ry plus aérien que jamais, Ludger Beerbaum et Chiara, venus simplement pour disputer ce GP, le numéro 1 mondial Scott Brash et sa subtile jument écossaise Ursula XII, Gerco Schröder et le sublime London, Marcus Ehning et son crack Cornado et enfin Edwina Tops-Alexander et l’inénarrable CEVO Itôt du Château qui frôle les 18 ans ! Ils seront donc 12 couples à se disputer la victoire et espérer succéder à Marc Houtzager vainqueur de l’édition 2012.
Un barrage à suspens
C’était un peu la guerre des nerfs en bord de piste pour les cavaliers. En effet, peu de double sans-faute en 2e manche, Conrad Homfeld ayant pris le parti de laisser le double si délicat au jump-off.
Impossible pour le Français, malgré un parcours rapide, un bon chrono : 39’’56 et des virages tous négociés sur la courbe intérieure de penser à la victoire avant que Scott Brash, Ludger Beerbaum ou Christian Ahlmann, les maîtres de la vitesse et du tracé ne soient sortis de piste… Et pourtant, après l’échec d’Ahlmann confronté au refus de son gris, et le sans-faute de Beerbaum beaucoup moins rapide en 49’’24, on se prenait à rêver.
Plusieurs parcours fautifs, notamment de Marcus Ehning (4 points) Timothée Anciaume (8 points) ou Simon Delestre (4 points) le faisaient approcher de la victoire.
Avant le passage du numéro 1 mondial, Kévin Staut pensait encore son chrono battable. Il n’en sera rien; Si l’Ecossais signe effectivement la partition parfaite, il franchit la ligne en 40’’72 et Gerco Schröder n’arrivera pas à trouver les mêmes virages que la jument grise et sort de piste en 41’’32. Il n’en restait alors plus qu’un capable de lui ravir le titre et non des moindres. Si le petit Selle Français impressionne toujours par sa réactivité et sa vitesse d’exécution sur les barres, il ne pourra pas éviter la faute et se classera au final 6e. Plus forts, plus rapides, plus sereins, le couple Kevin Staut et Silvana HDC s’adjugent ce Grand Prix hors-normes devant un public debout, ému d’avoir vécu en direct le retour de son fils prodige et de sa Grande Silvana, avec l’art et la manière.
Stéphanie Augé
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