Tout savoir sur le bien-être animal
Christine Briant est ingénieure en Recherche & Développement à l’IFCE sur le bien-être des équidés. Elle travaille à l’INRAE Centre-Val de Loire au sein de l’équipe « Cognition - Ethologie - Bien-être animal ».
Alice Ruet, également ingénieure, a préparé ces dernières années au sein de cette même équipe un doctorat en éthologie équine.
Des extraits de leur conférence présentée lors des Journées du Complet 2022 vous sont proposés dans nos colonnes, en trois parties : 1. Qu’est-ce que le bien-être animal ? 2. Les indicateurs. 3. Le bien-être du cheval au travail.
Volet 1 : Qu’est-ce que le bien-être animal ?
« Selon la définition de l’Anses (Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, ndlr) publiée en 2018, le bien-être animal est l’état mental et physique positif de l’animal, lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux et de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal. Cette définition est valable à la fois pour le cheval dans son environnement et pour le cheval au travail. En fait, le bien-être, sur le plan mental et sur le plan physique, c’est ce que va percevoir le cheval, c’est son ressenti individuel, il est donc propre à chaque cheval.
Le bien-être des animaux, d’une façon générale, quelle que soit l’espèce, est défini selon 4 grandes dimensions (alimentation, hébergement, santé, comportement) et 12 critères. Pour les chevaux, les indicateurs sur le bien-être ne sont pas les mêmes que pour d’autres espèces animales, mais les 4 grands principes et 12 critères sont les mêmes : tout d’abord, une alimentation et un abreuvement adaptés ; pour l’hébergement, c’est un espace sécurisé et confortable pour le repos, un confort thermique, ainsi que la possibilité de se déplacer en liberté régulièrement ; pour la santé, c’est la prévention et le soin des blessures, des maladies et de la douleur ; et enfin pour le comportement, c’est la possibilité d’avoir des relations avec les autres individus, si possible en contact total, de pouvoir exprimer les comportements spécifiques de l’espèce, se rouler, se gratter, avoir une bonne relation avec l’homme bien sûr, et puis éprouver des émotions positives, si possible peu d’émotions négatives.
Ensuite, des indicateurs (des signes) permettent de vérifier que ces quatre grandes dimensions sont bien respectées.
La recherche des indicateurs
Les études sur bien-être animal ne datent pas d’hier, elles ont commencé, chez toutes les espèces, il y a déjà quarante ans. Deux grandes approches se sont alors développées : une première qui consistait à élaborer des situations de tests, par exemple où l’animal allait avoir à choisir entre deux situations ou deux conditions, et, en parallèle, un autre champ de recherche : la recherche des indicateurs, dont nous allons parler.
Le bien-être, c’est à la fois un état mental et un état physique. Pour ce qui concerne l’état physique, les vétérinaires ont des indicateurs qu’ils utilisent tous les jours. En revanche, pour l’état mental c’est un petit peu plus compliqué. Tout un pan de la littérature scientifique a cherché à trouver des indicateurs. Finalement, on les sépare en trois grandes catégories. Nous allons avoir des indicateurs visant directement le comportement des animaux, puis des indicateurs physiologiques, où nous allons nous intéresser à certains processus, par exemple la réponse physiologique au stress, et enfin les indicateurs sanitaires, en rapport avec tout ce qui concerne la dégradation de la santé.
On peut faire un petit focus sur les indicateurs comportementaux. Ils sont intéressants du fait que chacun de nous, à partir du moment où il connaît ces indicateurs, va pouvoir observer les animaux au quotidien et dans le travail et se faire une idée sur leur bien-être. On en sait de plus en plus, il y a vraiment beaucoup de recherches sur ce sujet-là , et je vais vous proposer ici quatre indicateurs observables chez les chevaux dans leur milieu de vie, que ce soit au box ou à l’extérieur. Le comportement étant un indicateur très sensible, ils vont pouvoir nous alerter assez rapidement, lorsqu’il y a une dégradation de l’état de bien-être.
Petite parenthèse : on connaît aujourd’hui de nombreux indicateurs de mal-être, et pas encore beaucoup d’indicateurs de bien-être* ; ces derniers constituent donc un champ de recherche qui se développe fortement actuellement, afin de trouver dans le comportement du cheval ce qui peut indiquer qu’il est vraiment dans un état de bien-être. »
*Ndlr : l’IFCE a lancé dernièrement une application qui permet d’évaluer, en conformité avec la définition du bien-être animal établie par l’Anses, le bien-être d’un groupe de chevaux dans leur environnement (cf www.lecheval.fr). Cet outil est complémentaire d’autres outils proposés par la filière plutôt destinés, eux, à évaluer les bonnes pratiques.
A suivre : quatre indicateurs comportementaux du mal-être chez le cheval.
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