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Trait : le retour dans les territoires

(en ligne le 14 novembre 2008) Ceux qui en doutaient encore vont être convaincus : le cheval de trait a bel et bien amorcé son retour durable dans les territoires. Mieux, les municipalités qui ont recours au cheval cantonnier font écoleLe Conseil du cheval de Champagne-Ardenne Photo 1 sur 3
que préside Michel Aubertin vient de donner un sacré coup de projecteur sur cette tendance née il y a quelques années. Devant l’amphi du pôle socioculturel de Montier-en-Der, comble d’élus, de responsables de formations agricoles, d’associations, il a fait venir cinq spécialistes, hommes de terrain et de terroir pour expliquer le pourquoi et le comment de ce retour durable du cheval dans les villes, les banlieues, les campagnes.
Ce qui semblait une douce utopie il y a dix ans est aujourd’hui une pratique, une réalité économique, une source de métiers. Les Haras nationaux ont été moteur dans cette affaire, notamment grâce à Christian Haessler, le délégué régional d’Alsace-Lorraine, militant infatigable du retour raisonné de l’utilisation des chevaux de trait. Il ne s’agit ni de nostalgie ni de relents passéistes. Les hommes qui sont venus parler des actions entreprises en ville, dans les vignes, en forêt, dans l’insertion sociale ou dans la surveillance (police à cheval) ont tous gagné leur challenge et font maintenant du prosélytisme.
Luc Delas, le président d’Equiterra à Beauvais (Oise), peut passer pour le grand maître de cette confrérie des utilisateurs de chevaux dans les territoires. Pas question pour lui de mettre les chevaux dans un musée : « Les chevaux doivent travailler, être vus, s’inscrire dans le futur ».
La preuve, il la tient à Beauvais avec Equiterra, ville pilote pour le ramassage du verre avec Suez et tout récemment avec la tonte du gazon de l’hippodrome de Chantilly par les chevaux. France Galop est dans le coup de cette opération pour soutenir l’initiative et l’étendre à d’autres hippodromes.
Pour l’heure, 70 villes en France ont réintroduit le cheval dans les activités municipales (ramassage d’ordures, réinsertion, visites culturelles, arrosage d’espaces verts, brigades équestres, sécurité publique). Equiterra, créée il y a trois ans, a pour but de promouvoir l’utilisation moderne du cheval de trait dans un contexte de développement durable et de préservation environnementale. A Beauvais, le village du cheval de trait accueille professionnels et publics autour d’activités avec les équidés.
La première université d’été du cheval de trait vient de s’y tenir. On lira par ailleurs le compte-rendu du congrès des chevaux territoriaux qui a eu lieu à Trouville. Du sérieux et de l’organisation.

En forêt et dans les vignes

Abel Bizouard, viticulteur bourguignon, est devenu le Monsieur cheval des vignes. Contre le tassement des sols qui étouffe les ceps, il a remis le cheval au service des raisins. Un référentiel écrit en 2000, une reconnaissance du ministère de l’Agriculture, une pratique au point permettent maintenant la transmission du savoir de cette activité saisonnière fort recherchée. Une dizaine de prestataires bourguignons sont opérationnels. Et déjà la pénurie de chevaux formés commence à poindre.
Même remarque pour le débardage. Marc Guillaume, vice-président belge du Comité européen des chevaux de débardage, pratique, enseigne, forme hommes et chevaux à ce métier, fort prisé en Belgique, malmené en France. Les chevaux ne sont pas les bienvenus dans nos forêts, selon François Biocalti, un spécialiste du genre exerçant beaucoup en Belgique. Pour ce dernier, la formation est trop aléatoire en France. Les professionnels envisagent une sorte de compagnonnage. Dans le domaine forestier, les études de coût de revient montrent très clairement les forces et les faiblesses du cheval et des tracteurs. Les comparatifs économiques sont très affinés. Comme d’ailleurs dans tous les domaines de cette utilisation moderne. Le choix passe par l’économie avant tout. L’équipement en matériel spécifique moderne reste encore relativement problématique mais les professionnels s’organisent. Quant aux chevaux, les éleveurs ont généralement ce qu’il faut et les dresseurs ont de beaux jours devant eux.
Le grand mérite de ce colloque est d’avoir fait se rencontrer des acteurs de terrain et des décideurs. La qualité et l’intensité du débat ont montré que le stade de la simple curiosité était largement franchi. Un besoin se fait jour et c’est l’économique qui guide. Michel Aubertin n’a pas tort, lui éleveur de chevaux de sang, lorsqu’il dit qu’il faut inciter les établissements professionnels à orienter leurs élèves vers ces métiers plutôt que de persister dans la formation des palefreniers-soigneurs dont les débouchés sont de plus en plus incertains.
400 personnes ont assisté à ce colloque qui s’est poursuivi par une démonstration de débardage dans la cour du HN de Montier. Le Conseil du cheval a choisi la bonne cible. Une cible utile et fédérative autour d’un animal qui rassemble : le cheval de trait.

Etienne Robert
Les intervenants
- Luc Delas, président d’Equiterra à Beauvais (www.equiterra.fr).
- Christian Haessler, délégué régional des HN Alsace-Lorraine.
- Abel Bizouard, responsable de formation CFPPA (vignes), abel.bizouard@educagri.fr
- Marc Guillaume, débardeur. (www.cecdebardage.be).
- Alain Barberon, directeur de centre omnisport Pierre Croppet à Besançon.
- Gilbert La Sala, directeur de l’école de garde à cheval de Soissons (www.ecole-garde-a-cheval.fr).
- Conseil du cheval de Champagne-Ardenne : cc-champagne-ardenne@wanadoo.fr ou 03 25 05 58 12.

06/11/2008

Actualités régionales