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Une fresque touchante de l’éternel chevalin

(en ligne le 16 avril 2008) Superbe roman que celui de Sylvie Brunel. Attachant, bien observé, bien écrit, émouvant et tellement proche de ce courant contemporain, hors « bling bling », qui rapproche femmes et chevaux de toutes les couleurs . Le cheval est une femme comme une Photo 1 sur 1
autre écrivait Jean-Louis Gouraud. Sylvie est de celle-là.
Et une chute inattendue amenée à la manière d’un polard raconté alternativement par chacun des protagonistes. L’objet du délit est moins le cheval que l’insondable, l’inexplicable, l’inoxydable, la déraisonnable fascination qu’il exerce sur ceux qui un jour entrent « en religion cheval ».
L’histoire - une de plus direz-vous ? non, une histoire complètement à part, nouvelle, avec ce matériau ancien et rare qu’est le sentiment – est d’une actualité brûlante.
Chacun, sous l’emprise du cheval-ami (amant ?), en a vécu tout ou partie. Sylvie Brunel a ce talent de la restituer de l’intérieur et de l’extérieur avec une extraordinaire fraîcheur, une grande authenticité, une ferveur de charbonnier. Le bon, la bête et le truand : ls sont tous là. De Dan, mi-chuchoteur (aux oreilles des femmes aussi…), mi-Blondeau, à Dumas, le marchand maquignon-maquillon, douteux-bourru-affairiste mais au final, tendre sous l’écorce, en passant par Jean-Luc, le complice mari -banquier-coureur, délaissé par son instit d’épouse, fondue de canassons et trouvant là, matière à une éphémère déculpabilisation.
Belle histoire de vies complexes, brisées et raccommodées autour des chevaux. Les personnages sont bien campés, tellement vrais que chacun peut mettre un nom de sa connaissance sur tel ou tel des acteurs. Fiction,dit la romancière. A vous de juger et d’aller vérifier cette étrange atmosphère dans la Drôme, cadre de cette saga.
Car, mine de rien, c’est aussi une magnifique invite à aller cheminer dans cette région, pionnière en matière de tourisme équestre et complètement acquise à la cause cheval.
Ce roman se lit d’un trait. Il a parfaitement sa place au rayon d’une bibliothèque « cheval-chevaux » aux côtés des Garcin, Gouraud, Digard, Donner, Tourre-Malen, Delâge.
Sylvie Brunel, professeur de géographie à la Sorbonne, vit avec ses chevaux dans la Drôme. C’est là qu’elle a trouvé le filon de sa carte du Tendre. Un beau talent qui s’exerce aussi à travers essais et manuels dans le domaine du développement durable, de la faim dans le monde, des relations Nord-Sud.

Etienne Robert

Editions JC Lattès, 386 p., 18 €.

10/04/2008

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