Ventes Fences Elite 2011 

C'est donc toujours avec appréhension et espoir qu'on attend les résultats, mais au fond de soi, chacun avait renoncé au « spectacle » et à l'émotion des années glorieuses.
Les Ventes 2011 sont plutôt encourageantes : dès le premier soir, le chiffre d'affaires était en forte hausse par rapport aux deux années précédentes.
La salle était pleine : première surprise; les acheteurs français plus nombreux que les étrangers, y compris pour les Top Price : deuxième surprise; des Coréens et des Chinois avaient fait ce long voyage.
Mais surtout, « divine surprise », chaque séance eut son moment d'émotion, comme autrefois, où la salle, debout, enthousiaste, applaudissait les sauts et les enchères. Une belle série de Top Price : Idool Vd Bosrand, fils de Kashmir Van't Schuttershof, atteignait dès le premier soir 60 000 €. Le lendemain, Indian Gold Vd Kruishoev , fille de Tinka's Boy, était adjugée 75 000 €. Le vendredi, tandis que Urlando des Forêts, par Diamant de Sémilly, était parti pour la Belgique pour la coquette somme de 70 000 €, dans la foulée, Usador du Rouet fut attribué à Jerôme Verdier dans une ambiance électrique, pour 120 000 €. Ce beau mâle gris est issu du croisement Crusador-Galoubet sur la souche de Baloubet ! Rien moins.
Mais la palme revient à Bacarat de Ste Hermelle, pur produit de l'Elevage Ste Hermelle, toutefois fortement teinté de SF. Ce 4 ans gris, démonstratif sur le Grand Parquet, atteignit devant un public exalté la somme de 140 000 €.
Il faut encore évoquer une double belle action : la pouliche Bloom de Mons, par Quool du Bois Margot fut offerte par le GFE à l'Association des Ptits Cracks, en faveur des enfants atteints du cancer. Guy Schumacher (haras des Brimbelles) s'en est porté acquéreur pour
16 000 €, tout en promettant de la remettre en vente , à Fences, à l'âge de trois ans. Bravo à Fences et à Guy Schumacher.
Autant de rayons de soleil dans un climat économique chaotique, à l'image de Fontainebleau, qui vécut presque toute cette semaine sous un ciel quasi méditerranéen.

Madeleine Bertiaux-Legrand

Fences : 10 ans de baromètre

2000 : La Belle Époque
Jalis de Riverland (SF) : Bleu Blanc Rouge II x Tosca de Revel par Kissovo : 3 000 000 F (457 347 €) à Véronique Vuitton

2001 : La stabilité
Vivaldo Van het Costerveld (Clinton) : 1 000 000 F vers l’Irlande : 151 000 €
Foals : Never des Etisses (Quidam de Revel) : 240 000 F (36 000 €) vers la Suisse
Prix moyen des 3 ans : 234 000 F (35 454 €).

2002 : Record absolu
L’Arc de Triomphe : (old, m, b) Landor S x Praeludium par Pilot : 460 000 €
Watch Me van’t Zorgvliet (BWP, a.b.)Nimmerdor Kwpn x Tridentina Bwp par Darco BWP : 260 000 €

2003 : Belle progression
Caretino : (holst) Carthago  Cassini : 200 000 € à Léon Melchior (Z) et Kirsten Sutin
Chippendale  (Cento x Cassini) : 100 000 € à Léon Melchior (Z)
Mercredi de Mars ( Carthago x Tosca de Revel) : 120 000 €
Aphrodite Van’t Texelhof : 115 000 €
Métal du Talus (Adelfos) : 160 000 €

2004  à 2006 :  Baisse d’un marché sans relief
2004 : Naloubet de Suyer (SF) Baloubet du Rouet x : 110 000 €
2005 : Opium de Coquerie (SF) Heaertbreaker x Papillon Rouge : 130 000 € au prince Saoud Al Shalaan et Oldmaster de Riverland (SF) Kannan x Jalisco B : 100 000 € au Z
2006 : Cardoso (Collin L x Dinard L) : 90 000 € et Foals : Stockholm Gravelotte (Berlin) : 45 000 €

2007 : Morosité ou...autre chose ?
Qool Bois Margot : (L’Arc de Triomphe x Spirée par Landor S) : 115 000 €
Consul de Vie Z (Clinton x Tuut Tuut par Heartbreaker) : 140 000 €

2008 : Le ciel nous tombe sur la tête
Alain (KWPN) Sandro Boy x Martago par Carthago : 72 000 €
Regan Kervec (SF) Kannan x Cibelle of Colours par Quidam de Revel : 65 000 €
Foals : entre 8 500 et 24 000 €

2009 : Effondrement du marché
Goran-S (Bwp) Indoctro et Centa S Z x Carthago : 80 000 € USA
Real Ar Park (SF) Diamant de Semilly x Spontanée par Muguet du Manoir : 80 000 €
Foals : Version d’Iscla ( SF) Diamant De Semilly x Signora par Kannan : 58 000 €  
Foals : entre 5 500 € et 21 000 €

2010 : Une éclaircie ?
Typie (SF) Diamant de Semilly x Bébé du Château par Grand Veneur : 110 000 €
Carat (Holst) Cassini I x Perle XVIII par Contender : 120 000 € Angleterre
Quivive Z (Z) Quidam de Revel x Praeludium par Pilot : 90 000 € Italie
Foals : Aquilan Del Colle (SF) Quidam de Revel x Kapitola par Landadel 34 000 € Angleterre

2011 : Fin de la croissance molle ?
3 ans : Usador du Rouet (SF/m. gr) Crusador x El Ira du Rouet par Galoubet A : 120 000 €
4 ans : Bacara de Saint Hermelle (Sbs/m.gr) Babylis de Ste Hermelle Bwp x Gzara de Ste Hermelle Sbs par Bayac de Ste Hermelle Sbs : 140 000 € Maroc
Foals : Katcha (Lux/m. b.) Diamant de Semilly x Australia par Air Jordan Z :  35 000 €

Le catalogue 2011 proposait 76 trois ans, 34 foals et une demi-douzaine de 4 ans recrutés à l’occasion des CIR, provenant de 9 stud-books différents, 71 d’entre eux Selle Français.
Dès mercredi, avec une moyenne de 23 700 € par cheval échangé, contre 16 400 en 2010, (22 550 € en 2009, mais seuls la moitié des 3 ans avaient trouvé acquéreur), cette 23e vente Elite commençait bien. Les ventes du vendredi illustrent bien la réalité du marché et le « sentiment » du marché. En effet, la salle s’enflamma bien et retrouva quelque peu l’euphorie des années 2000. Sur le Grand Parquet les éleveurs et cavaliers avaient le sourire. Le mot « reprise » franchissait enfin les lèvres.  A y regarder de près cependant, le prix moyen de cette journée est, à peu de choses près, le même qu’en 2010. Moins de rachats c’est vrai (2 contre 4 en 2010), mais un top Price à 120 000 € comme en 2010, un deuxième prix à 70 000 € contre 90 000 € l’année précédente. 6 chevaux vendus à plus de 10 000 €, comme en 2010, 8 à plus de 20 000 (2 en 2010), deux à plus de 30 000 € (5 en 2010). Quel mystère que l’optimisme et la confiance économique. A Fontainebleau cette année soufflait comme un vent de légèreté, malgré les menaces de hausse de TVA, la Bourse qui joue au yoyo, l’Europe exsangue. Nos voisins européens, Angleterre, Italie, Luxembourg et Belgique, furent parmi les plus actifs des acheteurs étrangers. Les investisseurs français s’octroient tout de même 60 % des lots. Plutôt qu’une réelle reprise, ne pourrait-on parler d’un fléchissement du pessimisme français ambiant ? L’envie d’y croire ?

Carine Robert