Zoom sur l’élevage SEBEN
Pourquoi Seben, Florian ?
« C’est la contraction des prénoms de Sébastien et Bénédicte, des amis d’enfance avec qui nous élevons. Ils avaient commencé à faire naître quelques produits avant qu’on se décide à élever des poulains ensemble et on a gardé l’affixe. Tout a vraiment commencé quand on a acheté Jancara VDL (la mère de Jaïpur), lorsqu’elle était pouliche. Elle a fait plusieurs poulains par transferts d’embryons en même temps que sa formation de jeune cheval. Ensuite, nous l’avons confiée en fin de 6 ans à mon ami Charles Henri Fermé avec lequel elle a participé à quelques belles épreuves. Pour l’instant, sa carrière sportive est entre parenthèses à cause d’une blessure. Nous avons décidé de lui laisser vraiment le temps de guérir et dans l’intervalle, nous en profitons pour élever avec elle. En parallèle nous avons aussi acheté d’autres juments pour diversifier les souches et étoffer notre production. »
Parlez-nous de Jancara…
« Jancara est une fille de Quasimodo vd Molendreef, sur la souche de VDL Bubalu. C’est une grande jument avec une énergie incroyable. La monter a été un réel plaisir, je me souviens que quand je passais une barre au sol avec elle sur les paddocks de cycle classique, j’avais toujours un ou deux gars qui venaient me voir… Dans sa souche, nous avons sa première fille Hancara que j’ai débutée cette année en formation 5 ans, après qu’elle nous ait elle-même donné une pouliche de Grandorado. Ensuite, il y a eu Jaïpur et l’an dernier est née une magnifique pouliche par Mylord Carthago. Pour l’an prochain, nous attendons un produit de Lecoutre de Muze ».
Jaïpur Seben est passé par les ventes Fences jeudi soir. Moment d’émotion ?
« Oui, c’était top ! Voir un cheval né à la maison passer sous le feu des projecteurs et faire monter les enchères, ça donne un bon petit frisson... D’autant plus qu’il a livré une très belle prestation. J’espère qu’il fera le bonheur de sa nouvelle propriétaire. Je me souviens, il y a un peu plus de 20 ans quand nous venions entre copains à Fontainebleau, on s’émerveillait devant ces trois ans qui sautaient si bien… Ça fait plaisir de voir qu’aujourd’hui, on est capable d’élever des chevaux qui nous font vibrer aussi.
Jaïpur Seben, c’est un fils d’Untouchable 27. Nous l’avions amené à la finale des étalons à St-Lô l’année dernière et il avait été approuvé. C’était une première belle satisfaction avec lui. C’est un cheval comme on les aime avec une grande sensibilité, très gentil, avec bonne locomotion et une bonne gestuelle à l’obstacle. Je monte actuellement sa sœur, une jument de 5 ans par Howard du Seigneur, je l’adore ».
D’autres poulinières ?
« Il y a Corlanda, une jument qui a sauté jusqu’à 1,50 m et que Bénédicte a monté en fin de carrière. Corlanda est une fille de Corland avec une mère par Ramiro. Elle a deux frères qui sont étalons et a déjà une descendance qui tourne en épreuves 1.60m. Elle a pris sa retraite sportive l’an dernier et nous a donné une magnifique pouliche par Diamant de Semilly cette année. Nous avions déjà eu deux produits en transferts d’embryon, dont une femelle par Vigo d’Arsouille qui a fait ses premiers parcours en fin d’année, après avoir elle-même donné naissance à deux mâles. D’ailleurs au retour de Fontainebleau, je vais commencer à préparer le plus âgé pour les sélections d’étalons de Rosières-aux-Salines., le 11 novembre »
Les étalons, c’est votre job ?
« Oui, pour une question pratique, comme nous sommes sur deux sites différents… Virginie et moi nous nous occupons des jeunes mâles, chez nous, à côté de Commercy, dans la Meuse. Les femelles sont à Botans dans le Territoire de Belfort. Sébastien, qui est vétérinaire, s’occupe du suivi des juments et Bénédicte s’occupe de l’élevage des poulains de l’année et des jeunes femelles. Ainsi, elles sont sur place si on veut faire un poulain ou un transfert avant qu’elles ne débutent le sport. On prend notre temps avant de commencer, on préfère voir sur le long terme. L’amélioration de l’élevage et le développement des jeunes chevaux vers le sport est primordial pour nous et on ne vendra pas une pouliche sans avoir eu de descendance par exemple. On forme les chevaux et la plupart sont vendus lorsqu’ils sont prêts pour le sport ».
Vous commercialisez plus facilement les mâles ?
« En principe, oui. Étalonnier, c’est un autre métier et certains font ça très bien. Si un de nos produits a le profil pour devenir un étalon, nous préférerons le vendre pour promouvoir sa carrière. »
Pour la formation, vous passez par les cycles classiques ?
« Oui mais on ne vise pas la qualification à tout prix. On préfère souvent laisser un cheval mûrir sur les parcours de formation s’il en a besoin. On les aime avec beaucoup d’énergie donc il ne faut pas brûler les étapes avec ces chevaux-là si on vise le haut niveau pour eux. Le circuit SHF est bien fait pour ça ; on peut l’utiliser pour tous les chevaux selon ses propres objectifs. On emmène aussi des poulains en concours d’élevage et des deux ans sur les épreuves de sélection de la voie femelle. »
Avec de bons résultats ?
« Au niveau régional, oui. Quand il n’y pas d’objectif de vente, nous estimons que cela fait beaucoup pour un jeune d’aller faire une finale nationale car nous sommes assez excentrés géographiquement… En revanche, se déplacer dans la région, c’est plus aisé, pas trop fatiguant pour les poulains et c’est une bonne expérience de vie pour eux. Nous avons déjà gagné plusieurs fois des épreuves de foals : cette année, c’est la pouliche de Corlanda qui a gagné les jeunes. Et nous avions aussi gagné les 2 ans avec une fille de Mylord en 2020. Sébastien a commencé à la monter cette année et elle nous met des étoiles plein les yeux. Cette saison est né son premier fils par Vancouver de Lanlore, par transfert. Nous l’avons appelé Montsec Seben… j’espère qu’il aura une belle carrière ! »
C’est une autre souche ?
« Oui, nous avons acheté la grand-mère de Montsec à Luc Henry, de l’élevage Hero. C’est une petite fille de Liscalgot (la jument championne du monde en 2002 avec Dermott Lennon). Elle a un sang énorme et un respect illimité qu’elle semble transmettre. Elle est encore jeune et on a hâte de voir ses autres poulains en action.
Nous avions aussi acheté une autre pouliche en même temps qu’elle : Dourga Hero Z. Elle est issue de la formidable souche van Roosakker et sa grand-mère est Geena. Aujourd’hui, nous avons deux de ses filles à l’élevage mais elle-même a été vendue suite au titre de championne du monde des 6 ans, obtenu à Lanaken, par sa mère Mystic van Hoogheinde. Et depuis, Dourga a déjà gagné en CSIYH l’an dernier, ici même.
La dernière souche dont nous disposons est celle de Hiana du Seigneur, la jument de Virginie, qui est issue de Rosée du Seigneur et qui nous a déjà donné deux produits par transfert d’embryon et dont nous espérons beaucoup ».
Vous produisez en Selle Français mais vous avez beaucoup de juments étrangères ?
« Oui, c’est le hasard des rencontres. Nous choisissons les chevaux avant tout pour leurs qualités et la profondeur de leur souche. Quand on a l’opportunité de croiser la route d’un bon cheval, il ne faut pas hésiter. De même, aller voir et s’inspirer de l’expérience des autres est la meilleure façon de progresser. Et rencontrer certains hommes de chevaux est le meilleur moyen d’en devenir à notre tour. Gérer au mieux chaque étape du développement de nos chevaux est notre moteur et notre principale préoccupation et c’est aussi une grande source de plaisir de partager leurs vies et leurs carrières sportives en respectant leur bien-être. »
Votre regard sur la nouvelle organisation du site ?
« Le changement a fait du bien. Le site est plus dynamique et il est plus facile de regarder simultanément plusieurs épreuves en suivant les chevaux qui nous intéressent d’une carrière à l’autre. Et les gens sont au rendez-vous ! On voit plein de monde courir après les chevaux en sortie de piste. C’est bien que le commerce fonctionne à ce point. On a beaucoup travaillé sur le stand et il va y avoir de beaux projets d’écuries à finaliser à la rentrée ».
Le commerce de chevaux, c’est quelque chose qui vous intéresse ?
« Forcément ! D’une part, c’est le reflet du dynamisme de toute la filière, et c’est aussi souvent la concrétisation d’une histoire avec un cheval. Même si, avec ma double casquette d’éleveur et de cavalier, j’apprécie de garder un cheval pour me faire plaisir, mon objectif prioritaire reste la commercialisation. Donc quand on voit le nombre de chevaux qui ont suscité l’intérêt lors de ces finales et le dynamisme des ventes Fences, c’est plutôt rassurant pour l’éleveur et c’est une motivation supplémentaire pour poursuivre et progresser dans l’élevage de chevaux ».
En quelques mots votre activité à Montsec Equipements…
« Cela va de la vente de matériel d’écurie et d’obstacles (y compris des obstacles de concours et personnalisés), à l’accompagnement dans les projets de création ou d’aménagement d’écuries et de centres équestres ».
Propos recueillis par ER
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