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Brice Brassart : travail et tenacité

  • Hydile Force (©Anaïs Levé)
    Hydile Force (©Anaïs Levé)
C’est au cœur de la Dombes, au milieu des étangs que Brice Brassart et sa compagne Laurine Flory ont posé leurs malles voici 5 ans. Quelques années de travail assidu pour parvenir aux beaux résultats de cette année : plusieurs classements en Grand Prix, une première place à Vichy avec Cyryus et surtout une magnifique victoire au CSIO de Courlans avec Uddy de Vernay, le bel étalon de Jean-Paul Lappe.





Une victoire très attendue pour ce jeune cavalier qui est passé par toutes les étapes « obligées » avant de parvenir à ce niveau : des débuts très tôt, à 3 ans, sur le poney de famille grâce à un père passionné, mais aussi pragmatique, qui insiste pour lui faire terminer ses études. Il les termine donc avec en poche un bac pro et un BTS dans la maçonnerie, qui aurait pu lui permettre de reprendre l’entreprise familiale de Melun plutôt que de se consacrer à l’équitation dont il continue à vouloir faire son métier.





L’équitation à la française





Ses parents se montrent compréhensifs, et il commence à travailler chez Brice Pozzoli, dont l’écurie se trouve toute proche, en Seine et Marne. Brice Pozzoli, membre de l’équipe de France dans les années 90, est un adepte de l’équitation « à la française » et aime citer le fameux « calme, en avant, droit » de L’Hotte. Il prône une équitation « à l’écoute » où on laisse le cheval s’exprimer en lui donnant les moyens de le faire.


Ce sont les bases qui vont marquer Brice, avant qu’il ne parte compléter sa formation au CEZ (centre d’enseignement zootechnique) de Rambouillet où il acquiert le certificat de spécialisation des jeunes équidés, passe son permis poids lourds puis part pour 6 mois chez Paul Schockemöhle, sa première « grosse boutique » où il découvre une autre dimension du métier. Au retour, il travaille un an chez Jacques Bonnet, toujours dans les alentours de Fontainebleau. Toujours à la recherche d’une grande écurie et d’un grand cavalier pour compléter sa formation, il entend dire par Véra Benchimol que Guy Martin cherche un cavalier, et c’est le début de son aventure dans l’Ain. Pendant 6 ans, Guy et Yannick Martin, auxquels il reste très reconnaissant, lui font tout de suite confiance, lui permettent de monter des chevaux de haut niveau et de faire beaucoup de rencontres.





Modèle belge





Et c’est enfin l’installation au Plantay, non loin de Chalamont, dans une écurie très claire, vaste et aérée.


« Au début, c’était assez dur, comme toute entreprise. Nous travaillons en partenariat avec Laurine, nous nous partageons la structure et c’est la première année, depuis bientôt 5 ans, que nous parvenons vraiment aux résultats et que nous arrivons à sortir de bons chevaux. Nous avons maintenant des partenaires et propriétaires qui nous confient des chevaux en valorisation ou pour le commerce : l’élevage de Vernay, Monsieur et Madame Lappe, dont 4 chevaux sont ici au travail, Marius Kügel nous a confié Chine Forever, François Lévy Varech Hoy, pour Icarus, nous sommes en partenariat avec Frédéric Sambourg. De son côté, Laurine a Cyryus de Lavey, Uzès de Béatrice Turcan, Eclipse de Marie Gutzwiller. Nous avons en ce moment plus de chevaux d’âge que de jeunes, ce qui n’est pas plus mal en soi car ce n’est pas toujours facile d’allier les deux. Bien sûr, on en cherche toujours, il faut penser à l’avenir, et nous sommes contents de prendre ce qui vient, mais toujours en privilégiant la qualité. Pour la structure, nous nous inspirons du modèle belge, d’avoir plusieurs cavaliers sur une même structure. Nous ne cherchons pas à devenir une écurie de propriétaires, ce n’est pas le but. »





Uddy, le cheval de tête





« Pour le moment, mon cheval de tête est Uddy (Diamant/Papillon Rouge), qui devrait être prélevé cet hiver pour faire des paillettes. C’est un cheval formidable, avec des moyens hors norme, très compliqué cependant, avec beaucoup de caractère. Quoiqu’il arrive, il ira de l’autre côté, c’est un cheval qui va au feu : il a à la fois le cœur et le mental. Quand ses propriétaires m’ont demandé si je pouvais le monter, à la base je lui trouvais des qualités, mais sans plus. Il a fait trois mois de pré avant de venir chez moi, et je ne lui trouvais rien d’exceptionnel. Puis un jour sur une suggestion de Laurine, nous l’avons mis en liberté dans le manège, nous l’avons observé, nous l’avons fait sauter en liberté, et là, j’ai vu qu’il y avait beaucoup plus, une mimique, une gestuelle et j’ai décidé de lui consacrer beaucoup de temps. J’ai ensuite une très bonne relève, avec d’abord Icarus qui va vite faire des GP, puis de très bons 7 ans, dont Cyryus, le cheval de Laurine, qui a remporté Vichy. »





Sang, réflexe et respect





« Ma vision de l’équitation, c’est avant tout un partenariat. On travaille à deux avec le cheval, et il faut que chacun soit au mieux de sa forme au jour et au moment voulus. C’est un travail énorme pour quelques petites minutes sur la piste. Mais c’est aussi ça qui est passionnant. Je travaille beaucoup le moral en variant les exercices, du plat, mais aussi beaucoup d’extérieur. Un cheval se blase très vite, surtout dans notre écurie qui compte beaucoup d’entiers. Je n’ai pas de critère particulier quant au choix, à part la qualité. Je recherche cependant toujours du sang, du réflexe et du respect. Aujourd’hui, pour faire du concours il faut des chevaux qui aient du courage et de la santé, un bon moral. Il faut toujours garder à l’esprit qu’on est très exigeant, qu’on leur demande quelque chose qui n’est pas naturel pour eux. Les chevaux ne sont pas des machines. Ils ont leur vie, ils se donnent à 100 % pour nous : ils n’ont pas demandé à être enfermés en box, à sauter tous les week-ends etc. Il faut prendre tout ça en considération et nous aussi de notre côté donner le meilleur de nous pour eux. »


Cette vision est largement partagée avec sa compagne Laurine, sa « sorcière » comme il l’appelle en souriant. Laurine va plus loin que lui dans le rapport avec les chevaux car elle a depuis toujours un don, qu’elle a découvert toute jeune, pour ressentir les courants énergétiques et éventuellement rétablir l’influx nerveux. Un sixième sens qui lui permet une sorte de communication avec les chevaux et lui permet de les soulager. « Ce sont eux qui me guident : je pose mes mains sur eux et je ressens ce qu’ils ressentent » Son rêve serait d’installer un genre de centre de rééducation, ou de remise en forme, ou tout simplement de repos où les chevaux pourraient se ressourcer.


Les objectifs, d’abord Macon, puis bien sûr Equita, puis peut-être Vérone dans la foulée. Brice n’a pas de planning prédéfini, tout dépend des résultats de chaque sortie. Le Mans probablement, ainsi que le Gucci Master à Paris sont en projet. Bien qu’il ne soit pas (pas encore) dans une équipe du Grand National, il en suit les étapes pour participer aux Grands Prix et autres épreuves qui sont toujours intéressantes. Et puis, depuis quelques temps, Brice consacre aussi un peu de temps à coacher une jeune cavalière et découvre à son tour le plaisir de transmettre.





V. R.


24/10/2019

Actualités régionales