Cce Sandrans : et de trois pour Camille Piat


Sur les épreuves, la rigueur est de mise. Les horaires sont respectés, les juges compétents et disponibles. Le jury était présidé par Annie de Roose, venue de Marseille, qui assurait en plus un commentaire en direct tout à fait détaillé et pédagogique sans toutefois se prendre au sérieux. Gilbert Lécrivain, délégué technique et juge NEP et Solange Pannetier assuraient le jury du lundi pour les Cycles Classiques. « Si pour les petits niveaux le dressage s’apparente plus à du travail sur le plat, les exigences progressent rapidement soulignaient-ils. Pour être au classement, il faut une note minimale de 60%, mais à présent une contre performance sur une épreuve peut se rattraper sur les 2 autres. Cependant le complet évolue en fonction des règles de sécurité qui s’appliquent pour la vitesse et la conformation des obstacles et qui finissent par influer également sur la sélection des chevaux, et donc à terme sur les choix d’élevage ». Il n’en reste pas moins que, pour eux, le complet est LA discipline par excellence. Ils insistent aussi sur le travail phénoménal effectué sur la technicité et la qualité du sol du cross, qui implique beaucoup de temps et de personnel, des bénévoles encore, tout comme les juges eux-mêmes. « Il faut encourager les organisateurs, car organiser un complet, c’est organiser 3 concours en même temps, dressage, CSO et cross. Et aussi les cavaliers, car les dotations sont nettement inférieures à celles du CSO » Gros travail aussi pour les chefs de piste des cross : Michel Richert assisté de Tom Potié et Charles Marteau. Les obstacles étant par définition fixes, il faut construire un parcours différent pour chaque épreuve, et il y en a une vingtaine. Un code couleur permet de s’y reconnaître. Le public peut se promener à loisir, même pendant le cross, en respectant toutefois bien sûr les coups de sifflet des juges aux obstacles.



L’ordre des épreuves était très travaillé : de nombreux bénévoles venaient d’un peu partout, Saumur, Vichy, Haute Savoie etc. et se trouvaient à la fois concurrents et titulaires de différents postes. Des épreuves Amateur ont donc été prévues pour eux au tout début, pour les libérer pour la suite, et d’autres en fin de concours pour les amateurs « extérieurs ». Au début également les Cycles Libres qui virent la victoire en 2° année de Magali Villevieille avec sa très bonne Lady Lord W et W Z, un couple qui s’était déjà imposé à Vulbens et à Brazey-en-Plaine, et en 3° année de Bérénice Tilliette et Cache Cache de Vacant, une anglo-arabe par Véloce de Favi et Don Pierre, dont c’était la quatrième première place cette année. Elles se voient donc qualifiées pour les finales de Pompadour, en compagnie de Ombeline Bréchet qui se classait seconde des CL3 avec Carmina d’Osnard, une fille de Hurlevent de Breka.

Les Classiques trouvaient leur place à partir de lundi sous le regard averti de Pascal Forabosco, entraîneur et sélectionneur des équipes de France Juniors et Jeunes Cavaliers. Il arrivait, tout auréolé des récentes 4 médailles d’or obtenues aux Championnats d’Europe en individuel et par équipe et se préparait à encadrer à Sandrans un prochain stage en prévision de la Coupe des Nations Juniors à Lausanne pour de nouvelles équipes. « La Tournée des As constitue un bon vivier de jeunes et je la suis attentivement. C’est indispensable car par définition les équipes sont appelées à se renouveler fréquemment. J’emmène 6 cavaliers, différents de ceux qui ont participé aux Championnats d’Europe, 4 concourent pour l’équipe et 2 en individuel ».



Et bien sûr c’est le cross Pro 1 qui venait en point d’orgue mercredi 15 août. Un parcours de 3 800 mètres avec 20 obstacles et 30 efforts, à effectuer dans le temps idéal de 550m/mn, soit 6.55. Thibaut Champel, venu avec 5 chevaux dont 3 dans la Pro 1n’a pas connu la réussite espérée. Il nous confiait qu’il se trouve à un moment charnière de sa progression et reste optimiste car il est entouré d’une équipe efficace : Pascal Forabosco pour superviser, puis Florence Lenzinni qui le conseille pour le dressage et Mark Mac Cauley pour le CSO « en plus de mon père, Fabrice Champel, bien sûr, avec qui nous avons une relation fusionnelle ». Un staff qui va réfléchir à ses prochains engagements : Lausanne, où se retrouveront les meilleurs 8 et 9 ans mondiaux ? rien n’est encore décidé. « Ce qui est sûr, c’est que j’ai encore beaucoup de travail ». C’est Camille Piat qui a remporté l’épreuve pour la 3° année consécutive, avec le même cheval que l’an dernier : Regain des Ouches, par Exocet AA et Tarzan de Baulieu. Tout lui réussit en ce moment puisqu’elle est la toute jeune maman de Chloé, 3 mois à peine. « Qui a participé à son 1° complet l’an dernier, puisque j’étais alors enceinte » plaisante-t’elle. Seconde Violette Mougel avec Riqlès du Feydel, un fils de Clyde de la Combe avec une mère au pedigree original, puisque fille d’un anglo-arabe et d’une mère ponette, elle-même par un Welsh Cob. Et troisième le fidèle entre les fidèles, l’Avignonnais Jacques Dulcy avec Princesse Kill, issue d’un croisement PS/AA.

Violette Mougel s’emparait par la même occasion du titre de Championne Régionale Pro 1, devant Thibaut Champel et Laurène Vincent.



Donc finalement 5 journées de concours « et 4 soirées » fait remarquer l’organisation qui a prévu des animations et des repas tout simples mais très attendus. « On n’a pas beaucoup de concours, ce n’est pas comme le CSO. Alors, comme on est là pour plusieurs jours avec nos chevaux on en profite vraiment pour se retrouver et échanger ». Et de fait tous les intervenants, cavaliers, organisateurs, juges, sont facilement accessibles et la bonne humeur est de mise. La vétérinaire, heureusement « désoeuvrée », ne craint pas de donner un coup de main en cuisine, ni le chef de piste de s’improviser serveur à la buvette.

Nicolas Bréchet : « faire revivre la Coupe des Alpes »



Nicolas est à la fois le président du club Ballade au Pas, la cheville ouvrière du concours et le responsable du CCE au CRE. Il nous donne son sentiment sur la discipline dans la réfion Auvergne-Rhône-Alpes.

« Nous en sommes à la 9° édition, cette année nous avons continué notre travail de fond sur le cross. Nous utilisons un spring garden de 6 hectares ½ toute l’année et pour le concours, grâce à des accords avec les agriculteurs voisins nous pouvons en disposer de 15. Mais aussi le sol des carrières et du manège où nous avons fait de gros apports de sable. Nous avons également construit encore de nouveaux obstacles, il y en a actuellement 150.

Nous sommes très attachés au côté convivial que nous souhaitons même redynamiser. Le concours ne doit pas devenir une usine. Il ne faut pas oublier que pour la majorité il s’agit d’un sport de loisir, et il faut que les gens y trouvent un moment de plaisir. Le concours complet, c’est une petite famille où les gens se sont malheureusement habitués à faire beaucoup de kilomètres et sont heureux de se retrouver. Il faut leur laisser le temps. Et puis, il y a aussi tous les accompagnants.

Notre grand projet serait de monter un international ici. Nous en avons la capacité. Ce serait magnifique de faire revivre la Coupe des Alpes qui regroupait France, Italie et Suisse. Mais comme toujours, le nerf de la guerre c’est le financement et la course au sponsoring. Le dernier international organisé dans la région date d’une trentaine d’années.

Sur la situation du complet en Rhône-Alpes, nous sommes maintenant 3 organisateurs de niveau amateur, pro et jeunes chevaux : Moulin Coulandon en Auvergne, Vulbens à la frontière suisse et Sandrans. La dynamique sur la partie club est assez positive, le problème de notre discipline pour les organisateurs est le passage du club à l’amateur, et puis de l’amateur au Pro. Pour un club, presque tous les terrains peuvent suffire, il faut environ 1 500 m de piste puis 3 200 à 3 400 environ pour les amateurs, donc beaucoup plus de place, beaucoup plus d’obstacles pour une fréquentation relativement faible. C’est un équilibre économique difficile à trouver. On sait bien que le concours complet est une discipline intrinsèquement moins rentable que d’autres.

Beaucoup de gens pensent que le complet est une discipline en perdition. Il faut se rappeler d’où nous venons : le cheval militaire, le cheval utilitaire, qui sont devenus des chevaux de sport. C’est une vraie école pour former un véritable « homme de cheval », à l’aise dans les 3 disciplines. Après, c’est une question de volonté. A Sandrans, nous avons la volonté des organisateurs, la volonté des bénévoles et celle des cavaliers. Il faut que les instances manifestent elles aussi cette volonté pour que tout ça puisse continuer à avancer, avec un Comité Régional qui veuille bien croire au concours complet sans se poser des milliards de questions. Le jour où il n’y aura plus de complet, ce n’est pas avec le baby poney qu’on formera les cavaliers de demain ! ».

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