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Jean-Luc Mourier : « J’ai toujours cru en Souvienstoi Lariviera »

  • Jean-Luc Mourier à Lons le Saunier
    Jean-Luc Mourier à Lons le Saunier
Éminent cavalier haut-savoyard, et étoile montante du CSO français, Jean-Luc Mourier a récemment intégré le Groupe 2. Il revient sur un parcours aux débuts surprenants pour le Journal Le Cheval.





Le Cheval : Pouvez-vous revenir sur votre parcours de cavalier ?


Atypique. C’est probablement un des mots qui définit mon parcours de cavalier puisque je suis arrivé à la compétition sur le tard. Dans mon enfance, l’équitation était plutôt synonyme de loisirs et de rando « à l’américaine » dans les plaines stéphanoises. Avec ma famille et mes amis, on était un bon groupe plutôt perplexe face à ceux qui faisaient de la compétition « endimanchés et encravatés » !


Et puis, je suis entré dans la vie active en tant que dirigeant de supermarché en Haute-Savoie, délaissant l’équitation un temps. Mais les chevaux réapparaissent dans ma vie par un simple concours de circonstance. C’est lorsqu’un client m’a demandé de lui garder les pommes et carottes invendues du rayon pour ses chevaux, que cela a fait tilt.


De fil en aiguille, je me suis remis en selle grâce à lui. Il m’a prêté un cheval d’âge et m’a proposé de faire un premier concours à 80cm dans un pré à Sallanches… j’avais 24 ans, âge auquel d’autres ont déjà une carrière bien établie. Et voilà comment tout a commencé, ou plutôt recommencé.





Comme une passion ne nous lâche jamais, j’ai « replongé » en achetant un cheval et en m’entrainant avec Alain Maury à Sciez. J’ai multiplié les stages avec Hubert Bourdy, Thierry Pomel et bien d’autres, mais aussi en éthologie car comprendre le fonctionnement et le comportement d’un cheval m’a toujours paru indispensable. Alors qu’il n’était clairement pas destiné à cela, ce cheval m’a emmené jusqu’aux Grands-Prix à 1,35m.


Je dois avouer que ça a été assez vite, à tel point que vendre le supermarché et m’installer comme cavalier s’est imposé à moi. Le Haras Saint-Amour est né : c’est un nom de bon augure, non ?


LC : Dans cette atmosphère, la passion familiale semble se perpétuer, n’est-ce pas ?


C’est vrai ! Sur quatre fils, trois sont vraiment mordus, le cadet est trop petit pour le moment. L’aîné, Vincent, a de très bons classements en Amateur Élite, mais il poursuit avant tout ses études d’ingénieur à Genève. Les deux autres sont à poney et adorent les concours. De vrais battants ! Cela nous permet d’être ensemble les week-ends et de partager les mêmes choses. Chacun choisira son avenir, dans le milieu équestre ou non. Mais si un jour, l’un veut reprendre le flambeau, alors pourquoi pas !





LC : Récemment, vous avez intégré le Groupe 2, qu’est-ce que cela implique ?


Mes bons résultats avec Souvienstoi Lariviera, notamment au CSI 3* de Lons le Saunier, m’ont ouvert les portes du Groupe 2. La Fédération a un œil plus attentif sur les couples cavaliers/chevaux désignés, nous convie à des stages et peut nous sélectionner pour de grandes échéances comme une coupe des Nations de League 2. J’ai d’ailleurs participé à un stage fédéral à Liverdy coaché par Henk Nooren et Barnabas Mandy, où j’ai présenté mes deux nouveaux chevaux : Fionapina Colada et Hemingway VD Padenborre (Diamant de Sémilly). Ils viendront épauler Souvienstoi Lariviera cette saison. C’était extrêmement intéressant d’avoir un autre œil sur mon travail.


Autour de moi il y a aussi une super équipe toujours active et motivée par cet enjeu. Les chevaux sortent fréquemment en trotting, au paddock, en rond de longe. C’est primordial pour leur bien-être et leur moral et j’y tiens !





LC : Pouvez-vous nous présenter Souvienstoi Lariviera, votre cheval de tête ?


Souvienstoi (Couleur Rubin) est un sacré personnage. Il est arrivé à l’âge de 6 ans. C’était un cheval particulièrement difficile, rebelle voire violent dans ses réactions. Son caractère fort et inquiet a fait qu’il a été plusieurs fois accidenté (nez cassé). Je ne sais pourquoi, mais j’ai tout de suite cru en lui. Comme j’avais d’autres chevaux de tête à ce moment, j’ai pu prendre mon temps avec lui. Il s’est amélioré petit à petit, on a beaucoup tâtonné pour cela, mais on y est arrivés. Par exemple, il ne supporte pas le mors, je le monte donc en Hackamore … mais jamais au paddock car il se met dans tous ses états. Alors je change de filet juste avant d’entrer en piste. C’est une astuce qui m’a été soufflée par Lesley McNaught. Comme quoi on passe peut-être à côté de bons chevaux faute de comprendre ce qui les gêne et de trouver le petit détail qui change tout ! Cela nous a fait passer un cap, et cette saison, je compte sur lui, ses sauts de qualité et sa rapidité.


Selon moi, un bon cavalier recherche des solutions, l’autre se cherche des excuses. Cette phrase, je l’ai faite mienne : je la trouve tellement juste et représentative de notre sport qui pousse à sans cesse se remettre en question. Quels que soient l’âge et l’expérience, on apprend toujours.





A. Planat


11/04/2019

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