Le poney de sport en Auvergne : il a tout d'un grand !
Des effectifs stables
L'élevage du poney en Auvergne concentre plus de 8 % des poulinières des élevages à vocation sportive de la région bien que l'on observe un certain tassement des immatriculations ces dernières années lesquelles représentent près de 5% des immatriculations poney au niveau national. D'une manière générale, l'élevage de poney est globalement stable avec près de 200 immatriculations par an, représentant environ 5% de la production d'équidés dans la région, toutes race de poney confondues.
Sur les 9 races présentes, certaines comme le Dartmoor ne sont représentées que par quelques unités, tandis que d'autres comme le Shetland sont présentes sur l'ensemble du territoire.
Selon les chiffres fourni par le SIRE pour l'année 2009, en Auvergne, le poney Shetland s'impose avec 67 immatriculations devant le Connemara, 50 immatriculations, et le Poney Français de Selle, 27 immatriculations. Plus modestement, les races Welsh et New Forest n'en sont pas moins représentées de fort belle façon.
L'Auvergne figure parmi les régions concentrant les effectifs de poneys Shetland les plus importants avec près d'une centaine de poulinières. Sa maniabilité et son caractère enjoué font de ce petit bolide un complice très apprécié par nos cavaliers en herbe.
Pourtant, si le Shetland est en constante évolution, il est avant tout destiné à la découverte de l'équitation et à une pratique de loisir ou d'enseignement pour les tout petits, même si ses qualités l'amènent quelques fois vers la compétition dans les disciplines olympiques.
Des atouts indiscutables
Qu'ils soient originaires des contrées montagneuses d'Irlande comme le Connemara ou des montagnes galloises comme le Welsh, les poneys ont en commun une rusticité étonnante. Même le Poney Français de Selle, résultat du croisement entre certaines ponettes d'origine française avec notamment des étalons Arabes ou de race de poneys telles que le Connemara, le New Forest et le Welsh présente cette rusticité si caractéristique.
Bien que les poneys soient les grands oubliés de tous les ouvrages traitant de l'alimentation des chevaux, il est néanmoins possible de dire, avec l'expérience des années, que là où l'on nourrit un SF de 600 Kg, on peut nourrir 6 poneys aux dires de Paul Pélissier.
Pour René Cassier, l'intérêt de l'élevage de poneys de sport est de permettre à des enfants, dès leur plus jeune âge, d'apprendre à monter avec une monture adaptée à leur taille et d'accéder très tôt à la compétition. « J'ai connu une période, dans ma jeunesse, où élever des poneys était dévalorisant. Les poneys étaient considérés comme des chevaux qui n'avaient pas grandi faute d'une ration adaptée. Ce raisonnement, tenu par des éleveurs dont la réputation n'était pourtant pas usurpée, a fort heureusement disparu. Depuis, les poneys ont acquis leurs lettres de noblesse ».
La facilité de manipulation et le faible coût des saillies ne sont certainement pas étrangers au développement de cet élevage. Polyvalence, courage, intelligence, aptitudes sportives et bon caractère, les qualités que l'on trouve chez le poney de sport font de lui un animal attachant et recherché.
La quête du Graal
Paul Pélissier élève des Poneys Français de Selle à Arlanc, dans le Puy de Dôme, et depuis trois ans, quelques New-Forest. C'est d'ailleurs dans ce standard que Paul a produit un sujet qui est devenu, au national de race 2010, champion suprême. « La chance des débutants » ainsi qu'il le dit lui-même. A 60 ans, ce passionné parle toujours avec la même ferveur de ses protégés. Paul cherche avant tout à conforter les qualités de ses poulinières par l'apport des mêmes qualités qu'il recherche chez un étalon. « En voulant compenser les défauts de l'une par les qualités de l'autre, on a toutes les chances de cumuler les défauts des deux parents », dit-il.
Artisan de la première heure des croisements poney/cheval, Paul utilise des étalons Anglo-arabes comme Fango in Blue et Selle Français comme Orion Heutière ou First de Launay pour rechercher des produits de taille D, seule section qui, selon lui, se vend correctement.
« Il y a vingt ans, quand j'ai fait les premiers croisements poney/cheval, cela a suscité plus de quolibets que d'admiration, mais quand j'ai présenté les premiers trois ans, les rieurs sont restés bouche bée tant la qualité de saut était extraordinaire ». Idem de B'neville a produit de très bon poulains dans ce type de croisement. D'ailleurs, les ascendants chevaux dans les PFS sont de plus en plus marqués. On retrouve ainsi Flipper d'Elle, Quick Star, et bien d'autres encore, et il faut bien reconnaître que le look de nombre de sujets a nettement progressé. Les critères de production qu'il recherche sont l'influx nerveux et les allures. Le bon caractère est plus le résultat du travail d'élevage (manipulation, soins, éducation, etc.).
Pour René Cassier, éleveur de poneys Welsh dans l'Allier, à l'instar de la sélection pratiquée dans l'élevage bovin, la lignée d'un étalon présente plus d'intérêt que l'individu lui-même car un bon étalon issu d'une lignée sans intérêt peut-être le fruit du hasard et ne rien transmettre, alors qu'un étalon moyen d'une excellente lignée pourra transmettre sa génétique.
Produire à un coût maîtrisé
A l'élevage des Muses, jeune élevage de Connemarra dans le Puy-de-Dôme, on estime que la maîtrise des coûts passe par la sélection. Un mauvais poney mange autant qu'un bon et coûte aussi cher à produire ; aussi, Mathieu et Anne-lise Groisne ont choisi d'investir dans un étalon Connemara de très bon niveau ; Granit Boy Pondi, frère utérin de Dexter, afin de réduire les coûts de production. Par ailleurs, les filles des très bonnes mères sont mises à la reproduction dès que possible sans être valorisées afin d'aller plus vite dans la sélection. Le fait de bien connaître ses mères permet de raisonner les accouplements pour produire un sujet qui corresponde à la demande et au juste prix. « Certains croisements ne sont pas utilisables par tous », nous confie Mathieu. « Il y a des poneys issus de souches très pratiques, d'autres qui sont pétris de moyens mais peu pratiques et à ne pas mettre entre toutes les mains. Certaines mères sont destinées à produire des sujets élites et d'autres feront de bon poneys d'amateurs. Un bon poney de D3 ne sera pas produit de la même manière qu'un sujet de D élite ».
Anne-lise et Mathieu sélectionnent en tout premier lieu par la génétique, « bon sang ne saurait mentir » disent-ils, puis tous les sujets sont sortis sur les concours modèles et allures afin d'avoir un avis extérieur. Les meilleurs iront au national de race avant d'être valorisés par Anne-lise en cycles classiques. Le fait d'élever, valoriser et vendre sans intermédiaire participe à la réduction des coûts. Quand au rationnement, il se fait en fonction de l'âge, du stade physiologique, de l'état corporel et du travail demandé, sans oublier que le poney est avant tout un herbivore.
Chez Paul Pélissier, la sélection des futures reproductrices s'est faite sur la génétique et le tempérament mais « la génétique ne fait pas tout » dit-il, « les facteurs environnementaux sont tout aussi importants, la qualité des herbage, le savoir-faire, la notion de terroir sont des choses à ne pas négliger ».
Paul essaie de conduire un élevage performant et rentable. Ainsi, la plupart de ses poulinières ne sont pas indicées. « Pas question de faire indicer des poneys si c'est pour bouffer la grenouille parce que le prix de vente ne couvre pas les frais, et si c'était à refaire, je recommencerais de la même manière ». Les sujets à la vente sont travaillés au saut en liberté et monté, prêt sur un tour, mais peu sortent en concours avant d'être vendus. Pourtant, tous s'accordent à dire que la meilleure publicité se fait sur les terrains de concours et l'objectif principal reste la vente. « Un bon poney est un poney vendu » dit Paul avec conviction.
Valoriser avec discernement...
Le nombre de naissances permet à Paul Pélissier de faire valoriser quelques poneys parmi les meilleurs, mais la valorisation reste, pour lui, un problème car cela nécessite des cavaliers expérimentés de petit gabarit. Or les enfants n'ont, pour la plupart, pas les connaissances ou l'expérience nécessaire. Du reste, Paul se définit lui-même comme un éleveur autodidacte : « valoriser est un métier et ce n'est pas le mien » dit-il.
A l'élevage des Muses en revanche, Anne-Lyse Groisne débourre et travaille elle-même les jeunes poneys avant de les sortir en cycles classiques mais n'hésite pas à demander conseil à d'autres professionnels du secteur quand le besoin s'en fait sentir. Pour Mathieu, la valorisation est un passage incontournable car la plupart des clients veulent des poneys prêts. Certains poneys, comme Qualou des Muses qui évolue en D1 peuvent être loués à une cavalière. La valorisation dépend avant tout de l'alchimie entre le cavalier et sa monture, mais en tout état de cause, elle génère beaucoup de frais et nombre d'éleveurs aimeraient que leur travail soit un peu mieux reconnu avec, entre autre, des primes d'élevage plus importantes qui couvriraient une plus grande partie des sommes engagées.
Les jeunes cavaliers à qui René Cassier confie ses poneys sont rencontrés, principalement, par l'intermédiaire de clubs. A Lamotte-Beuvron, il y a chaque année une vingtaine de poneys engagés qui sortent de son élevage. René ne cherche pas à produire pour une discipline précise. « J'ai vendu des produits pour l'attelage, le complet, le saut d'obstacles et le dressage. Je produis des poneys assez polyvalents même si l'utilisation principale reste le saut d'obstacles, eu égard au nombre de licenciés dans cette discipline ».
...Pour vendre
Le marché évolue. Aujourd'hui, il y a de la demande pour des poneys de haut niveau de la part des professionnels qui n'hésitent plus à payer un bon poney sachant que, à la revente, après une année de travail, ils y ajouteront une bonne plus-value. Mais combien de temps cela durera-t-il ? Trop de poneys risque de tuer le poney ! Beaucoup d'éleveurs de chevaux se sont engouffrés dans cette niche. « J'ai même vu une éleveuse de trotteurs faire saillir ses juments par un poney. Cela risque à moyen terme de saturer le marché et faire s'écrouler les prix sans même que le client en bénéficie », déplore Paul Pélissier.
A l'élevage des Muses, les Connemara de 2 et 3 ans participent aux différents concours d'élevage, aux finales de race et aux grosses manifestations nationales comme Equita'Lyon. L'élevage s'est doté récemment d'un site fort bien construit avec un lien très utile sur la fiche HN de chaque sujet. Produire un poney correspondant à la demande est la première démarche commerciale.
René Cassier commercialise aussi des poneys Welsh à l'international. Norvège, Suisse, Sardaigne, Tel-Aviv sont ses principaux points de vente. « Pour vendre, il faut en avoir vendu » dit-il.« Sur le circuit ponam, je vends des poneys moyens à une clientèle plutôt club tandis que la commercialisation à l'international se fait sur le circuit classique ». Tous s'accordent à dire que les contacts se prennent sur le bord des carrières, avec ou sans poney sur l'épreuve. La valorisation reste un impératif car il faut montrer des poneys en concours pour pouvoir en vendre. Personne ne vient voir des poneys, même très bons, dans les prés. Les rassemblements sont aussi de bons moyens d'intéresser les marchands mais ceux qui stockent se font très rares car ils ne font plus de marge suffisante pour amortir un stockage.
Présence et franchise sont les principaux arguments de vente de René. Ainsi qu'il aime à le dire, il faut beaucoup de psychologie, voir à qui l'on vend et ce qui peut lui convenir, avoir un sens du commerce bien affûté. « Si je vendais un poney de Grand Prix à un cavalier qui n'a pas les compétences équestres, le client serait mécontent et ne me ferait pas une bonne publicité ».
Il est évident pour tous que la vente à des clubs d'équidés conçus pour la compétition de haut niveau peut s'avérer frustrante et inadaptée. Les coûts de production sont très rarement couverts par le prix de vente et la monture, conçue pour une équitation de compétition, serait plus délicate pour des cavaliers n'ayant ni l'expérience ni le tact nécessaires.
Sarah Marteau
Elevage de Mons
Exploitant : Paul Pelissier, 60 ans
Siège de l'exploitation : Arlanc (63)
Surface exploitée : 40 Ha
Races élevées : Poney Français de selle et New-Forest
Poulinières : 20 Poney Français de selle et 6 New-Forest
Etalons : « Uber de Bord », PFS, 1m45, champion de France M&A en 91, IPO 106 (96); « Canterton Joe », NF, 1m39, IPO 114
Enregistre 20 Ã 25 naissances par an.
Alimentation traditionnelle, foin et céréales ne sont pas produits sur l'exploitation.
Elève des poneys depuis 1980.
A débuté l'élevage avec la ponette de son fils, petite-fille de « Weston Showman »Welsh, qui lui a donné 18 produits dont 6 filles qui sont restées à l'élevage.
Produit principalement pour la discipline du CSO.
Meilleurs produits :
Tidjal de Mons, NF, 1m47 champion suprême 2010, approuvé étalon
No Problem de Mons, PFS, IPO 137
Ornaldo de Mons, PFS, IPO 125
Palmito de Mons, PFS, IPO 125
Elevage d'Audes
Exploitant : René Cassier, 80 ans
Siège de l'exploitation : Audes (03)
Surface exploitée : 80 Ha
Races élevées : Welsh, PFS, Shetland et SF
Poulinières : 15 mères dont 9 Welsh, 2 PFS, 3 shetlands et 1 SF
Etalons en activité : « Iram d'Audes » Welsh,1m37, IPO 138; « Icare de Chaudry » Welsh, 1m29
Elève des poneys depuis 1978. Alimentation traditionnelle, le foin est produit sur l'exploitation
A débuté un peu par hasard, en ayant acheté un lot de poney dont 3 femelles sont restées à l'élevage.
Meilleurs produits :
Joujou d'Audes, IPO 145 (04)
Obélix d'Audes, IPO 144 (08)
Artiste d'Audes, IPC 135 (06)
Eglantier d'Audes, IPC 133 (08), étalon
Hercule d'Audes, IPO 133 (00), étalon
Elevage des Muses
Exploitant : Anne-Lise Groisne
Siège de l'exploitation : Escoutoux (63)
Surface exploitée : 30 Ha
Race elevée : Connemara
Poulinières : 6 Connemara et 1 SF produisant en PSF
Etalon en activité :
« Granit Boy Pondi » Co, 1m50, IPO 125 (03)
Elève des Connemara depuis 2003
Les premiers produits tournent actuellement sur le circuit classique
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