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Portrait : Martin Corgne, valeur montante du CSO auvergnat

Sortie de terre il y a tout juste 5 ans, l’écurie de Médagues a rapidement acquis une notoriété méritée grâce à la personnalité et à l’équitation de son propriétaire Martin Corgne. C’est sur la commune de Culhat (63), au bord de l’autoroute A89 que Martin a choisi de s’installer pour vivre pour et par sa passion. Rencontre avec un cavalier auvergnat dont la valeur n’a pas attendu le nombre des années.





A 29 ans, Martin est un cavalier appliqué et perfectionniste qui, s’il a suivi un parcours tout à fait classique, n’en a pas moins su faire les choix nécessaires. « Je me suis formé auprès de professionnels en amenant toujours mes propres chevaux et en prenant chaque fois ce qui me plaisait de leur enseignement pour progresser dans mon équitation » nous confie-t-il. « Bac économie en poche, j’ai passé le BEES1 aux écuries Deuquet dans le Cher. Cela a été une expérience très intéressante parce que ce sont des gens que j’apprécie beaucoup et qui m’ont permis de découvrir le milieu professionnel avec un regard global allant de l’élevage à la compétition en passant par l’enseignement et le coaching ». Compétiteur dans l’âme, Martin dit tout aimer de son métier « J’aime le sport et l’enseignement mais aussi le contact avec la clientèle, tout ce qui fait qu’on se lève le matin avec l’envie d’aller travailler ».


Après avoir géré une écurie dans la région moulinoise pendant un an et été moniteur dans un centre équestre où il a appris l’enseignement, créer une écurie s’est rapidement imposé comme une évidence. « L’installation était un projet familial avec mes parents qui m’ont beaucoup épaulé jusqu’à ce que je puisse prendre les rênes à 100 %. J’ai eu la chance, et je leur en suis très reconnaissant, d’avoir eu une bonne équipe très soudée autour de moi constituée de mes parents, bien sûr, mais aussi de Julien Paulet qui est mon groom aujourd’hui et qui m’a beaucoup aidé et Henri Moreigne, l’ami de toujours. J’ai eu une équipe de cinq, six cavaliers qui sont toujours là et qui ont été importants pour moi dès le départ ».





Du travail sur le plat, encore et toujours





« Aux écuries, je fonctionne avec une employée à plein temps qui est également ma responsable d’écurie et responsable de mes stagiaires ». Cinq jeunes venant des MFR de St Flour (15) et de Mornand en Forez (42) sont actuellement en stage mais pour le travail des chevaux, seul Martin est aux commandes. Il trouve d’ailleurs autant de satisfaction à faire progresser ses montures que ses cavaliers. « C’est une belle récompense pour moi lorsque j’obtiens des titres, mais également lorsque je vois les progrès de mes cavaliers et qu’ils sont aux prix ». Pour arriver à des résultats tangibles, pas de secret ; « Beaucoup de gymnastique, c’est la base de tout » affirme Martin, qui a notamment travaillé avec Sylvie Corellou dans cette optique. « Je monte sept à huit chevaux par jour, autant de jeunes chevaux que des chevaux d’âge. Je recherche avant tout des chevaux qui travaillent dans le relâchement ». Equilibre, souplesse et impulsion semblent bien être les maîtres-mots de notre hôte et l’objet de sa quête perpétuelle. « Je n’ai rien inventé », dit-il « je travaille sur le cercle, des transitions d’allures et dans les allures. Des déplacements latéraux, des étirements. Pour le travail à l’obstacle, je n’ai pas vraiment de règles définies, je m’adapte au cheval et travaille en fonction de ses besoins. Depuis plusieurs années, j’ai des résultats assez réguliers autant avec mes jeunes chevaux qu’avec mes chevaux d’âge. Je pense que le travail paye. Je travaille mes chevaux tous les jours. La régularité du travail à la maison amène la régularité des performances en concours, même si on ne peut pas être toujours sans-faute. Faire 4 points fait partie du job et on travaille avant tout avec du vivant. Donc avoir de bons chevaux est important car le talent du cavalier ne peut pas tout faire. Aujourd’hui, les concours coûtent de plus en plus cher alors quand je sors les chevaux, c’est parce qu’ils me semblent prêts à être compétitifs, sinon je les garde à la maison pour les travailler. C’est pour cela que je n’ai que très peu sorti Cingdoctro à 5 ans car je ne le trouvais pas prêt ».





A l’écurie





« En ce qui concerne les jeunes chevaux, je travaille avec des éleveurs locaux, mais aussi avec le haras de Champeix dans la Creuse, qui me confie beaucoup de jeunes depuis bientôt trois ans » nous confie Martin qui travaille actuellement Unik Champeix SF ( Maestro Champeix SF et Nikita Champeix SF par Aydin des Malais SF), Virtuose Champeix SF (Rubins des Bruyères SF et Libertine de la loge SF par Avec Espoir SF) et Atalante Champeix SF (Quick Star SF et Edelweis Champeix SF par Sioux de Baugy SF). « Les jeunes chevaux que j’ai sont souvent des chevaux à vendre donc, comme tout le monde, je les garde un an ou deux puis ils sont vendus. Il est difficile de garder des jeunes longtemps et de les faire évoluer comme on le souhaiterait. Pour les chevaux d’âge, ce sont souvent les miens ou bien des chevaux qui m’appartiennent à moitié avec un éleveur ou un investisseur. Pour les chevaux que je garde ou que je souhaite garder, j’ai toujours une part du cheval pour ne pas avoir une mauvaise surprise comme cela peut arriver ».





Cingdoctro, Pim’s du Plessis,


Quenotte d’Anchin





Parmi les chevaux d’âge, l’écurie de Médagues héberge un très bon 7 ans, Cingdoctro kwpn (par C Indoctro kwpn), cheval que Martin a patiemment formé. Le beau bai, qui a réalisé une saison 2013 remarquable, a d’ailleurs remporté la petite finale réservée aux chevaux étrangers de 6 ans au terme d’un excellent parcours; saison qui lui vaut d’être gratifié d’un ISO de 141. Martin, qui ne tarit pas d’éloges sur son élève, a bon espoir de l’amener à la finale des 7 ans cette année et le prépare donc en vue de cette échéance.


Quelques box plus loin se trouve Pim’s du Plessis SF (Adelfos SESF et Giralda du Clos SF par Paladin des Ifs SF), hongre gris de 11 ans né chez Annick et André Chenu dans le Calvados et qui, de l’aveu de Martin lui-même, est le cheval fétiche du maître des lieux, le copain aux écuries, celui avec qui il partage ces petits instants qui créent les amitiés; et enfin Quenotte d’Anchin SF (Landor S old et mascotte d’Anchin SF par Galoubet A SF), ISO 148 (13), grande jument alezane de 10 ans au caractère affirmé. L’arrivée de cette jument très respectueuse et compétitive, initialement montée par Chloé Defives, a non seulement permis à Martin de redevenir champion d’Auvergne 5 ans après sa première victoire, mais aussi boosté la saison 2013 en terme de gains puisqu’elle totalise à elle seule près de la moitié des gains de la saison pour moins d’un quart des engagements réalisés.


« Pour indicer des chevaux, au-delà de la préparation, il faut sélectionner les épreuves intelligemment. Faire un choix qui corresponde au cheval. On a tellement de choix d’épreuves que l’on peut se tromper facilement. Il est important de parler avec les propriétaires qui me confient des chevaux, sans cacher les choses, et fixer des objectifs. Si on court les gains avec des chevaux qui ont besoin d’être attendus, ils feront peut-être une bonne saison, mais ils vont rapidement lever le pied. Il vaut mieux établir un dialogue avec un propriétaire que mettre un cheval dans le rouge ».


Le sport côté scène et côté coulisses





Depuis son rêve de gosse, les yeux émerveillé devant les cavaliers de la B1 dominicale, Martin a accroché deux titres de champion d’Auvergne Pro 2 conquis en 2007 et 2013 et fait partie actuellement des meilleurs cavaliers de la région. Et si un rêve chasse l’autre, son regard se porte aujourd’hui sur des épreuves de plus haut niveau. Cingdoctro kwpn pourrait bien être celui par qui tout arrive. Ce cheval talentueux possède, en effet, la souplesse, l’équilibre, la disponibilité et l’énergie recherchée. Selon son pilote : « Cingdoctro a encore une très grande marge de progression et c’est un vrai plaisir d’être sur un parcours avec lui ». Le cheval se classe notamment 2e d’une épreuve internationale future élite 6 ans (1,35 m) à Vichy en juillet dernier.


Côté coulisses, l’organisation de compétitions de tous niveaux est rendue possible grâce à l’association qui s’est créée depuis. C’est dans ce but que la deuxième carrière a été construite en juillet dernier et si le sol avait été jugé trop profond par certains l’an dernier (la construction, qui avait pris du retard, n’avait été terminée que quatre jours avant le début des épreuves), il est aujourd’hui tout à fait satisfaisant, permettant ainsi d’envisager désormais l’organisation d’épreuves SHF du cycle classique et, dans l’avenir, d’un Pro 1. Le concours national de Médagues, qui a accueilli, pour l’édition 2013, près de neuf cent compétiteurs sur trois jours se déroulera du 4 au 6 juillet et recevra, à cette occasion, le concours départemental modèle et allures poulinières, 2 ans et 3 ans, femelles, faisant ainsi le lien entre l’élevage et le sport. De quoi donner du travail à toute l’équipe de bénévoles qui se réunit pour la circonstance. « C’est grâce à tous que ces concours peuvent avoir lieu ». dit Martin. « Sans eux, rien ne serait possible et je tiens à leur rendre hommage parce que chacun sait que l’organisation d’un concours demande beaucoup de temps et de main-d’oeuvre ». Les installations accueilleront, par ailleurs, la finale du circuit « grand régional d’Auvergne » en septembre prochain et un concours de la tournée des as au mois d’octobre 2014 est en projet.





Son avis sur le grand régional d’Auvergne








« Le grand régional est un circuit bien construit et que je soutiens à 100 %. En 2013, nous avons accueilli une étape. Cette année, nous recevons la finale. En tant que sportif, j’essaie de courir les différentes étapes du circuit. La commission CSO du CRE a fait un bon travail en revoyant certains points du règlement. Le circuit évolue et c’est une bonne chose. Les amateurs sont motivés par le système de points et le circuit peut constituer un objectif de saison. Pour les pros, il y quelques lacunes dans les programmes et des dotations parfois un peu faibles. Quand on a plusieurs chevaux de différents niveaux et qu’il n’y a qu’un GP 130 le samedi et un GP 135 le dimanche, que fait-on des chevaux qui seraient performants sur 120 ? C’est sans doute pour cela que l’on ne voit pas assez les pros sur ce circuit. Etre vainqueur du circuit m’a apporté de la satisfaction, bien sûr, ainsi qu’à mon équipe, mais au-delà de ça, on a un sentiment d’inachevé. Je pense que les podiums de chaque région devraient pouvoir s’affronter. Il faudrait arriver à sortir de la région, ce qui donnerait plus de visibilité et la perspective d’une visibilité accrue intéresserait sans doute plus d’éventuels sponsors. Aujourd’hui, la réussite d’une manifestation passe par la communication, que ce soit pour intéresser les cavaliers, faire venir le grand public ou convaincre des partenaires et les réseaux sociaux sont, dans ce domaine, indispensables ».


A n’en pas douter, l’écurie de Médagues possède en elle tous les ingrédients pour devenir une structure incontournable dans le paysage sportif auvergnat.


28/06/2014

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