Rencontre avec Jérôme Debas-Montagner

celui ou celle qui lui permettra de revenir sur la scène internationale. Retour sur un passé dont il compte bien conjuguer au futur les meilleurs moments.

Jérôme est né a Nantes (44), sur les rives de l’estuaire de la Loire, le 4 février 1974 et rien ne le prédestinait à s’asseoir un jour dans une selle. A 14 ans, il apprend à monter, découvre sa voie au contact des chevaux et n’imagine pas sa vie autrement qu’à cheval. Dès lors, il n’a de cesse de progresser et fait ses gammes en compétition amateur. A 18 ans, il rejoins Alain Hinard dans ses installation d’Auvers pour des stages hivernaux durant 3 ans mais c’est au contact de Michel Robert, qu’il rejoint l’année suivante, que s’affirmera son équitation, ce respect de l’autre et cette infinie patience qui le font reconnaître comme un excellent cavalier. « Michel m’a transmis son goût de la perfection et son respect du cheval » affirme Jérôme qui, entre temps, s’est installé sur les terres paternelles, au domaine de la Carte.

Structure qui compte aujourd’hui 67 boxes, une carrière, un cross, et deux cavalières salariées.

En 1997, il accompagne Michel Robert, six semaines durant, pour la tournée du soleil avec en point d’orgue Jerez de la Frontera, au sud de l’Espagne, afin d’affûter son sens de la trajectoire et sa vision de l’espace.
L’aventure Idem de B’neville

2003. Alors que Jérôme poursuit le développement de sa structure, un partenariat avec les haras nationaux va apporter dans ses écuries un beau bai de 8 ans au tempérament bouillonnant (alors boudé par les éleveurs normands) du nom d’Idem de B’neville (Apache d’Adrier HN x Quastor). L’entente est immédiate et le couple s’impose quasiment à domicile dès son premier Grand Prix Pro 2 à Riom. Victoires et classements suivront en 2004 et 2005, année où il monte sur la 3e marche du podium de la finale du championnat de France Pro 2 à Fontainebleau après avoir engrangé huit victoires et vingt-trois classements. La complicité d’alors est telle que le beau bai reconnaît même le camion de Jérôme quand il l’entend arriver.

« Idem a été et restera mon cheval de cœur » nous confie Jérôme avec une certaine émotion, « il a les moyens et un vrai mental, c’est un cheval qui veut toujours bien faire ». L’année suivante, et après avoir remporté le Grand Prix Pro 1 de Marnes-la-Coquette devant un ténor de la discipline en la personne d’Eric Navet, Jérôme sera décrit comme une valeur émergente du CSO Français, appréciation qui ne sera pas démentie par la suite puisque le couple allait confirmer en remportant le critérium Pro1 deux mois plus tard.

En 2007, le couple est 3e du championnat de France Pro 1 ce qui lui vaudra d’être sélectionné par Jean-Maurice Bonneau pour intégrer l’équipe de France et défendre nos couleurs en coupe des nations à Hickstead (2e du Grand Prix) Dublin et Gijon où l’équipe de France est victorieuse. Plutôt bien pour un étalon que, 4 ans plus tôt, personne n’attendait à ce niveau !

2008 en revanche sera une saison en demi-teinte et bien que le début de saison soit plutôt positif, une blessure au ménisque entraîne inquiétudes et contre-performances. Malgré un suivi régulier au cirale, la blessure perdure et le cheval n’apparaîtra pas là où il était attendu.

En décembre 2008, la brutalité d’un coup de téléphone vient mettre un terme à l’aventure en équipe de France : sur décision des Haras Nationaux, le couple devra se séparer. En effet, le professeur Denoix vient de préconiser un an de repos. Idem partira donc faire la monte au centre technique de Besançon. Tous les rêves d’un cavalier en pleine ascension s’écroulent et ramènent à la dure réalité. Mais alors pourquoi ne pas laisser le cheval à Orléat ? Il semble qu’Idem n’y ait pas fait assez de ?saillies ! Curieuse réponse, en vérité, quand on connaît les possibilités de transport de semences au sein des réseaux HN. A-t-il fait plus de saillies à Besançon en 2009 ? Que nenni.

En 2010 Idem de B’neville servira les ambitions d’un junior. Sans doute y avait-il une obscure raison pour que la demande, faite par le syndicat des éleveurs de chevaux de sang du Puy-de-Dôme en novembre 2009, de réaffecter Idem à Orléat et de reformer le couple reste à ce jour sans réponse.

Se tourner vers l’avenir

Aujourd’hui et si le sentiment de révolte a laissé la place à de la nostalgie, on sent bien que la blessure n’est toujours pas refermée. Mais Jérôme n’est pas homme à s’apitoyer sur son sort et préfère aller de l’avant. Pourtant chacun sait qu’un cavalier de haut niveau sans un cheval adéquat n’est rien de plus qu’un piéton.

Il faut 5 à 6 ans de travail pour préparer une monture pour le haut niveau et bien peu ont le potentiel pour arriver au sommet; de plus, acheter une monture clé en main est impossible car la valeur marchande est alors très élevée. Par ailleurs, trouver un sponsor est un vrai casse-tête pour un sportif de haut niveau car gérer son image demande du temps et du savoir-faire, alors intéresser un mécène, c’est un peu comme chercher un Stradivarius dans l’échoppe d’un brocanteur. Jérôme peut toutefois compter sur le soutien des enseignes Childéric et Las qui lui témoignent leur confiance depuis toujours.

Jérôme à également bénéficié du soutien de propriétaires de son écurie, M. et Mme Sauvaigo ainsi que M. et Mme Jausserand, qui se sont associés à lui pour acheter Riton de Quiesce (Galoubet du Marais x Quito de Baussy) un selle Français de 5 ans. « Cheval à construire mais avec de gros moyens » selon son cavalier et Querilla de la Gauterie (Féofard de Rodhe x Capitol) une SF de 6 ans qui viendront épauler Obela d’Acy (Voltaire x Rosire) SF de 8 ans, propriété de Mr Brancaléoni, et qui semble avoir de très gros moyens. Il la travaillera avec pour objectif de l’engager sur des épreuves à 1,45 m en début de saison.

Ces trois chevaux viennent renforcer un piquet qui pourrait, à l’avenir, l’aider à revenir sur le devant de la scène. Par ailleurs, l’écurie compte également un volet élevage avec cinq poulinières. Actuellement, un marcheur est en cours de construction et un manège devrait sortir de terre dans les prochains mois. Ils permettront de travailler plus confortablement. Enfin, Jérôme bénéficie du soutien de son frère Jean-Guy qui s’occupe de la partie élevage et de sa sœur cadette, Audrey, qui devrait le seconder sur la structure dans les années à venir, ce qui lui permettrait de regarder de nouveau vers le haut niveau.

En sportif accompli, Jérôme se passionne aussi pour d’autres sports comme le rugby et suit avec intérêt l’évolution de l’équipe de France. Le tout prochain match France/Angleterre devrait certainement retenir son attention, d’autant plus que quatre joueurs de l’ASM sont sélectionnés en équipe de France. Ainsi qu’il le dit lui-même, le vrai sport intègre forcément la compétition, c’est donc en tant que compétiteur qu’il siège au conseil d’administration du CRE d’Auvergne et préside la commission CSO.

Notre entretien terminé, nous nous dirigeons vers la carrière où un stage de préparation pour jeunes chevaux organisé par le CRE d’Auvergne et animé par Robert Maury se termine. A notre demande, et après accord de sa cavalière, Jérôme enfourche un jeune hongre de 4 ans sortant de piste afin de faire quelques photos.

Notre homme se livre à un travail léger et discret, presque solitaire.

Hasard ou clin d’œil du destin, nous apprendrons par la suite que ce cheval est un fils d’Idem de B’neville.
Sarah Marteau

Son palmarès

2005

3e du championnat de France pro2

2006

1er du GP pro1 de Marnes la coquette

4e du GP pro1 de Franconville

2e du GP CSI 3* de la Courneuve

1er du critérium national pro1

1er du GP pro1 de Surgères

2e du GP pro1 de Marseille

2007

2e du GP pro1 de Versailles

1er du GP pro1 de Marolles en brie

2e du GP CSIO 4* de Linz (Autriche)

3e du championnat de France pro1

4e de la coupe des nations CSIO 5* d’Hickstead (Angleterre)

2e du GP d’Hickstead CSIO 5*

1er par équipe de la coupe des nations CSIO 5* de Gijon (Espagne)

1er du GP CSI 4* de La Bagnaia (Italie)