Y-a-t’il un avenir pour la station d’Orléat ?
Si nombre de stations des ex-haras nationaux ont trouvé un repreneur sous quelque forme juridique que ce soit, certaines peinent encore à trouver un deuxième souffle. La station d'Orléat, dans le Puy de Dôme, est de celles-là et au moment où nous écrivons cet article, l'appel à candidature pour la reprise du centre technique vient tout juste d'être clos. Dans ces conditions, ouvrir les portes aux premières juments dès la mi-mars devient un véritable défi pour ne pas dire une gageure et l'on observe une certaine inquiétude parmi les éleveurs utilisant jusqu'alors les services de la station tant pour l'étalonnage que pour l'identification. Si l'on considère l'importante diminution du nombre de juments mises à la saillie due au contexte économique, une fuite des éleveurs vers d'autres centres de mise en place pourrait être une catastrophe pour un futur candidat qui verrait ainsi le potentiel économique de la station fondre comme neige au soleil.
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La station, desservie par une petite route de campagne étroite et sinueuse, souffre d'un handicap foncier par manque de surface, induisant inévitablement une surcharge des paddocks en période de forte activité, et une réelle augmentation des risques d'accidents qu'une promiscuité indésirable des juments suitées entraîne. Ce sont en effet moins de 5 hectares qui sont mis à disposition et rien ne permet de penser qu'il soit possible de procéder à des achats de foncier ultérieurement. Ce problème foncier n'est pourtant le seul écueil à surmonter car les installations, dont la commune partage la propriété avec l'IFCE, sont vétustes et peu adaptées ce qui amène le futur repreneur à envisager à très court terme des investissements importants sur le bâti. Ces nécessaires investissements ont conduit la société équidiffusion, pourtant candidat jugé le plus sérieux, à jeter l'éponge faute de pouvoir rentabiliser à court terme un projet d'une envergure que l'on pouvait qualifier de disproportionnée.
Compte tenu de l'urgence de la situation, la structure pourrait être mise à disposition dans le cadre d'une autorisation d'occupation temporaire du domaine public pour la première année, moyennant un loyer fixé selon la valeur des baux agricoles départementaux. Comme en pareilles circonstances, le candidat doit présenter un projet mettant en avant les activités qu'il prévoit d'y développer, les moyens techniques et humains envisagés, ses objectifs en matière de qualité de service ainsi qu'un budget prévisionnel sur trois ans. Des trop rares candidats qui avaient manifesté un intérêt pour la reprise du site, il ne reste plus désormais qu'un seul dossier en lice. La commission d'ouverture des plis se réunira le 6 février, mais c'est après avoir entendu le ou les candidats que la commission d'analyse se concertera pour examiner la pertinence du projet au regard de critères pré-établis. On sait d'ores et déjà que ce dossier est présenté par Ingrid Goujon, cavalière de complet dont les installations sont à quelques minutes du site et l'on peut se demander si le projet présentera la crédibilité nécessaire pour emporter l'adhésion des éleveurs et les inciter à privilégier la station d'Orléat ? Il s'agit là d'une condition sine qua non au bon fonctionnement du site. Jointe par téléphone, Ingrid n'a pas souhaité nous présenter ce projet dans ses grandes lignes, mais selon Julien Thelier, président du syndicat des éleveurs du Puy de Dôme, Melle Goujon serait la gérante de cette société qui aurait pour forme juridique une SARL. On sait dès à présent que les étalons Grenat de Grez (Saphire Rouge x Socrate de Chivre) pour l'IFCE et Fétiche du Pas (Le Tot de Semilly x Almé) pour le GFE seraient présents sur le site pour la saison de monte 2013. Mitchou Domain, Pfs bai de 13 ans par Linaro serait également proposé aux éleveurs, mais ne semble pas faire l'unanimité car ni ses performances en compétition ni sa production n'incitent à utiliser ses services et il semble bien n'avoir pour lui que son modèle et sa filiation. Si l'indispensable maîtrise des coûts incite à réduire les frais de transport et à utiliser autant que possible des étalons en frais, c'est donc un choix stratégique que celui des étalons stationnés sur le site.
Durant la saison de monte 2011, 400 juments de sport et ponettes ont été mises à la saillie dans le département du Puy de Dôme dont 151 juments sont passées par la station d'Orléat soit 38 % du volume. Or nombre d'élevages sont situés dans la vallée de la Dore et son environnement proche, ce qui implique des déplacements de courte durée pour se rendre à Orléat. Dans l'hypothèse où la station n'ouvrirait pas ses portes, les éleveurs seraient contraints de se tourner vers d'autres centres de mises en place suceptibles de les accueillir. Le haras des Aucels de Pascal Rigaud, situé à 30 mn de là , serait ainsi le plus proche. Vient ensuite le haras de l'Ardisière de Céline Mathieu situé dans les combrailles, à 1 heure de route, installée depuis 2010. Plus au nord et dans l'Allier, on trouve le haras d'Aurois de Robert Maury, connu de tous pour son implication dans la fillière équine mais qui nécessite déjà 1 h 30 de route et enfin le haras Dimavi de Philippe Dunaud situé à Thiel sur Acolin après avoir parcouru 2 heures de route.
L'attachement à la station dont font preuve les éleveurs tient autant à la proximité du site qu'à la compétence des personnels de terrain, mais le potentiel est bien réel. L'avenir du site d'Orléat dépendra avant tout de l'équipe dont saura s'entourer le futur repreneur et des éleveurs qui le feront travailler.
Sarah Marteau
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