A la recherche du sang perdu

Si dans l’ensemble les exposants sont satisfaits du volume d’affaires traité à Fontainebleau, le commerce des chevaux a lui nettement manqué de nervosité. « Beaucoup de contacts mais peu d’affaire conclue » entendait-on ici et là.
Fences tire son épingle du jeu de la morosité en accroissant le volume des transactions :
80 % de chevaux vendus et des prix conformes à la tendance économique du marché. Il est bien fini le temps des records. Si les chevaux étrangers ont séduit sur les vidéos, ils n’ont pas tous confirmé leur potentiel sur l’oxer de l’Espace Rozier. Il semblerait que les artifices des préparations propre à l’Europe du Nord n’aient pas résisté aux réalités du grand oral de Bois-le-Roi. « Finalement, constatait un éleveur, le SF n’a pas à rougir de ses qualités. Les valeurs sûres sont chez nous. » Le Grand Parquet bruissait d’ailleurs d’une information confortant cette réflexion : une agence de ventes aux enchères de chevaux exclusivement français est en train de voir le jour. Sa première vente devrait avoir lieu en mars 2009 à Poitiers, en mémoire du pionnier que fut Jean Delaurière.

Fernand Leredde a lancé à Fontainebleau sa croisade pour la sauvegarde et l’amélioration du patrimoine génétique normand. L’homme des Rouge entreprend le combat du CSAN (Cheval de selle Anglo-Normand). Il veut protéger la Normandie des influences extérieures néfastes et redorer le blason d’un terroir, d’un savoir-faire et d’une génétique d’exception (lire page 6).
Entreprise d’envergure qui n’en est qu’à son début. Une poignée de convaincus entoure pour l’heure Fernand qui se lance dans une campagne d’information. Son slogan pourrait être « A la recherche du sang perdu ».
La faute au Blup, aux techniques modernes de reproduction, accuse-t-il pêle-mêle tout en se réjouissant de la performance de Nice de Prissey dont la mère est une fille du Pur-sang Amarpour.

Il y a un an tout juste, l’équipe de France de CSO échouait à Aix-la-chapelle et se retrouvait hors Jeux olympiques. Le haut niveau cherche encore ses marques et la vitrine cheval de sport est à nouveau brouillée par les récentes affaires de dopage à Pékin. Et pas des moindres. Bernard Lesage a profité d’une heure de grande écoute de radio Grand Parquet pour asséner quelques vérités :
« Dotations de misère pour les jeunes chevaux, insuffisantes pour assurer une bonne exploitation. Notre sport, s’insurge-t-il, va bientôt s’éteindre. Nous sommes évincés des grosses échéances alors que nos chevaux sont bons et les individualités fortes. Qui va créer le lien ? Actuellement la FFE est inefficace pour le haut niveau. Il nous faut une Fédération sportive sous tutelle de la SHF à côté d’une Fédération des clubs comme actuellement ».

Vaste chantier que celui de la recherche du sang perdu.

Etienne Robert