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Albert Voorn à Lamballe : décryptage d’un maître

Organisé à l'initiative du Comité Départemental d'Equitation des Côtes d'Armor sous l'impulsion de son président Patrice Nogues, cette master-class, étalée sur 4 jours, a réuni 2 x 18 participants à Lamballe : Pro et enseignants le jeudi-vendredi, puis Pro et Amateurs le week-end, répartis en 6 groupes de 3. Photo 1 sur 1
Nous avons suivi le vice-champion Olympique de Sidney (2000), Albert Voorn, lors de son intervention auprès d'un lot de jeunes chevaux de 6 ans.
Les cavaliers et le public ont pu profiter d'une infrastructure idéale - le manège rénové du Syndicat Mixte du Haras de Lamballe - pour une bonne séance d'1h30 par groupe.
Les connaisseurs étaient venus nombreux pour bénéficier de l'enseignement dispensé par le Néerlandais.
Les jeunes élèves du jour se nommaient Saxo du Roumois, Seigneur Kervec et Socorro Del Diablo.
Saxo du Roumois (For Pleasure x Quidam de Revel) était monté par son naisseur-propriétaire Philippe Bertho et a reçu des commentaires très élogieux d'Albert Voorn qui voit en lui un crack pour les Coupes des Nations. Ce ne serait pas une coïncidence que l'avenir lui ouvre les portes du haut niveau, puisque sa mère J'Y Suis du Roumois n'est autre qu'une sœur de l'international Athos du Vallot (Coupe des Nations avec l'Equipe de France, CSIO et GP Coupe du Monde) dont il a hérité des très gros moyens.
L'alezan Seigneur Kervec (Quidam de Revel x Kannan) opérait une rentrée avec Tony Cadet. Fils de la performante Ba Belle Van't Roosaker (Kannan) ISO 145 en GP avec Jean Le Monze, avant de passer sous selle Espagnole ; il descend donc de la souche « de Muze » d'où la star actuelle Eurocommerce London (Nabab de Rêve).
Sa sœur utérine, Ratina Kervec (Diamant de Semilly) fut 2e du Championnat des 6 ans, 3e du Critérium en 2011, indicée à 140.
Lui-même finaliste à 5 ans, ISO 125, Seigneur a dû être castré, mais n'en reste pas moins un cheval très plaisant sur lequel Albert Voorn a passé un long moment sous les yeux de son éleveur Roger Huon, un des éleveurs emblématiques de la FEDEB (Fédération des Eleveurs de Bretagne).
Enfin, le trio était complété par un autre jeune cheval de qualité, le bai Socorro Del Diablo (Quick Star x Ospide), Finaliste à 5 et 6 ans avec son cavalier Roman Montfort et né chez Janik Redon. Il termine sa saison très bien indicé à 148 après avoir concourru sur les épreuves internationales de 6 ans, notamment lors du CSI*** de Dinard.
Venu pour la première fois en France en 1995 à l'initiative du sellier Frédéric Butet qui avait offert des stages en cadeaux à ses cavaliers, l'enseignement représente désormais 80 % de l'activité de ce « maître » qui passe 6 mois par an à enseigner, essentiellement en France, mais également à l'étranger, comme ces jours-là où il remontait d'Italie.
La monte est, pour lui, « la même dans tous les pays, on est partout sur les bases de l'équitation allemande avec des chevaux très fermés. La technique de monte reste la même quel que soit le cheval ».
Il ne lui reste plus qu'entre 2-4 chevaux à la maison à travailler et sortir en concours. Difficile pour lui de conjuguer les deux malgré sa passion pour le concours hippique, que le coaching permet d'équilibrer. Son épouse travaille les chevaux en son absence.
Il dispose encore pour le moment de sa monture de tête Tobalio, avec qui il a couru en 2012 les Coupes des Nations de La Baule, Hickstead et Dublin pour l'Equipe Néerlandaise.
Mais les déboires financiers et judiciaires des propriétaires qui le lui confient, la société Eurocommerce, vont peut-être lui faire perdre le cheval à son grand regret.
Et son avenir passera même peut-être par une mise aux enchères, à l'image du crack de Gerco Schröder, London (ex-Carambar de Muze), médaille d'argent en individuel aux derniers Jeux Olympiques de Londres.
« Ca me fait mal, car je ne sais pas ce qu'il va advenir de lui. Même si il me fait tomber souvent, qu'il est pénible et m'a donné beaucoup de mal, j'ai peur qu'il arrive dans de mauvaises mains, il est si particulier. Et j'ai des larmes dans mes yeux, alors que je n'ai pas ça avec beaucoup d'animaux ».
Interrogé sur son lien avec l'élevage, Albert Voorn avoue n'y être pas insensible et même s'y adonner. C'est d'ailleurs une Selle Français, Famous Lady (Quam de la Lande x Soyeux PS) qui fut sa première poulinière, une jument très imprégné de Pur Sang (lignée Steeple). Il l'a mariée a son étalon fétiche Lando (dont il suit de près la production, leur reconnaissant une certaine émotivité « comme il l'était lui ») et elle lui a donné 4 autres produits de l'étalon Selle Français Royal Feu.
Il a repris l'élevage récemment avec une ancienne excellente compétitrice qui lui a donné 3 Calvaro dont le plus vieux a 3 ans.
Il lui est déjà arrivé de juger de jeunes chevaux en concours d'élevage, en Irlande, mais reste relatif car en tant qu'utilisateur, il ne voit pas le modèle comme une finalité mais comme un instrument avec lequel on doit composer.
C'est pourquoi, il dit qu'il « n'y a pas de mauvais modèle, il n'y a que des mauvais cavaliers » !
Ce n'est que l'aptitude finale qui prévaut.
Albert a l'ambition d'enseigner la monte « la plus facile au monde pour le cheval et son cavalier. Une équitation qui puisse s'appliquer pour tous les chevaux : du PS au cheval de trait; et tous les cavaliers : de la petite fille aux gens très grands ». La position du cavalier est prépondérante : « corps neutre, cuisses desserrées », et le cavalier prône pour les plus délicats, une monte « avec des rênes de papier » car le cheval ne se durcit jamais tout seul, mais toujours contre son cavalier, « en réaction à ».
Le Hollandais prône une détente très longue au galop, sur des petits cercles notamment, pour permettre aux chevaux de s'échauffer et de perdre un peu de fraîcheur. En effet, un cheval trop chaud ne sera pas disponible pour son cavalier. Albert confesse passer souvent 1h30 à détendre ses montures avant de commencer le travail à proprement parler.
Cette détente est aussi l'occasion pour le maître d'étudier la position du cavalier, qui est pour lui le plus important des pré-requis.
Monté sur Seigneur Kervec pour « sentir des choses que peut être (il) ne voit pas », le vice-champion olympique ne rechigne jamais à mettre la main à la pâte. Ainsi, le temps est pris pour changer d'embouchure, tester d'autres harnachements, ou mettre le pied à l'étrier.
Les cavaliers sont équipés d'oreillettes, pour une véritable action en temps réel, et la correction immédiate des défauts durant l'exercice sans avoir à attendre la fin du parcours. Cela permet également de livrer ses instructions ou dicter les parcours sur le vif en créant une vraie connexion avec les stagiaires.
Harmonie, calme sont les maître-mots de l'esthète hollandais, bien qu'il reconnaisse avoir un peu de mal sur ce dernier point quand il est en Bretagne. « Les Bretons rient tout le temps ! Je suis habitué maintenant, mais au début, j'avais du mal à les garder sérieux et attentifs ».
Il ne leur en tient pas rigueur, précisant au contraire qu'une « bonne ambiance » est essentielle et qu'il y accorde une grande importance.
Prochain RDV avec le vice-champion Olympique du 12 au 15 février 2013 à l'initiative du Comité Régional d'Equitation cette fois-ci.

Emilie Le Guiel
24/01/2013

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