CSI 5* Dinard (35) : Que la fête fut belle !

Tony Cadet/Tolède de Mescam


Du beau monde international, de Laura Renwick à Nicola Philippaerts, de Daniel Deusser à Henrik Von Eckermann et Rodrigo Pessoa. Mais jeudi, dans la première épreuve 5* (1,45 m), 46 champions se sont inclinés devant le 47e, le Costarmoricain Tony Cadet, installé non loin de là à Mousteru près de Guingamp et la jument Tolède de Mescam, qui n’ont pas boudé leur plaisir sur le terrain emblématique de leur région. Du côté des tricolores, 12 cavaliers étaient au départ du CSI 5*, 8 du Groupe 1. Aucun ne pourra égaler Tony Cadet, gonflé à bloc sur ce terrain qui le faisait rêver petit. Parti le dernier, il a mis en œuvre son talent, son audace et la complicité qu’il a avec Tolède de Mescam, cette fille de Mylord Carthago née chez Patrick Rabot. Elle fut montée par son propriétaire Paul Benguigui, sur des épreuves jusque des hauteurs de 1,40m, qui confia la belle à Tony Cadet en début de saison 2018. Le couple connaît des réussites immédiates, dont deux victoires dès le mois de mai, aux championnats de Bretagne à Dinard et à Cholet. Leur 6e place sur la Pro Elite 1,50 m du Grand Indoor de St Lô, et leur victoire du CSI2* du salon de Paris clôturent une première saison d’exception. 2019 ne fera que confirmer leurs talents conjugués, que ce soient sur les épreuves du Grand National ou au CSIO3* de Drammen où ils finissent sur le podium. Il s’agit ici à Dinard de leur premier CSI5*. Les Italiens Emanuele Gaudiano associé à Chalou et Lorenzo de Luca en selle sur Soory de l’Hallali sont 2e et 3e. Félicie Bertrand sera la meilleure Française derrière Tony, sans-faute et 6e avec Sultane des Ibis, Alexis Deroubaix 9e en selle sur Timon d’Aure, Kevin Staut 11e sur Calevo 2.


Valentin Besnard/ Chesca de Kergane


Le samedi se déroulait le Grand Prix réservé aux chevaux de sept ans. Cinquante-et-un pilotes se sont affrontés sur une première manche d’1.40 m et parmi eux, quinze sont parvenus à signer un score vierge de toute pénalité et ainsi se qualifier pour le barrage. Le Costarmoricain Valentin Besnard et Chesca de Kergane, fille de L’Arc de Triomphe par Elan de la Cour, qui accumulent les victoires depuis Lamballe, Montfort sur Meu et Royan, se sont magistralement imposés chez eux, et réalisé un beau doublé : ils s’imposaient déjà la veille dans le Top 7.


Margaux Rocuet


C’est un fait, un Derby est une épreuve complètement à part. La longueur, le rythme imposé et les nombreux rebondissements qui se sont passés aujourd’hui et qui se passent à chaque fois en sont le reflet direct. Après un parcours piloté avec une incroyable détermination par Margaux Rocuet, la Bretonne s’impose sur ses terres grâce à son fameux produit maison : Victoria Barcelona, une fille d’Huppydam des Horts et La Luna du Thot par Flipper d’Elle.


Dix-neuf couples étaient engagés dans le mythique Derby Tropicana du Jumping International de Dinard. Le parcours imaginé et tracé par Jean-Francois Morand était composé de vingt-et-un obstacles et de vingt-huit efforts. Avant même que l’épreuve ne commence, Thomas Rousseau, favori dans ce genre d’exercices, a été contraint de déclarer forfait suite à une mauvaise chute et une clavicule cassée dans le Grand Prix des sept ans, à qui nous souhaitons un prompt rétablissement. Pour les engagés partants, la principale difficulté a été le vertical sur bidet, situé au milieu du parcours. Bon nombre des éliminés ont flanché sur cet obstacle insolite. Cependant l’histoire fut belle pour Julien Gonin et Vipper du Lavoir. Le duo, parti en début d’épreuve est tout de même parvenu à se classer troisième. Steve Guerdat, spécialement friand de ces épreuves, a su utiliser les obstacles naturels présents dans ses écuries pour préparer de façon optimum Evita et s’offrir la deuxième place seulement quatre mois après le début de leur collaboration. Finalement, la guerre des nerfs est revenue à Margaux Rocuet. Reine sur ses terre, la Bretonne s’est motivée en criant tout au long de son très rapide parcours, déterminée, sans faiblir. Chapeau bas pour cette cavalière qui prépare cette échéance depuis un certain nombre de semaines.


Margaux Rocuet : « L’entraînement spécifique est indispensable pour gagner ce genre d’épreuves. Cela leur demande beaucoup d’énergie, le chronomètre est tout de même le double d’un parcours classique. Victoria est une jument un peu nonchalante donc le fait de lui faire faire beaucoup d’extérieur l’a vraiment vivifiée et lui a offert un vrai moral. En tout cas, c’était un cocktail gagnant. »


Thierry Pomel heureux !


Avec cinq Bleus sur les six barragistes, dont trois couples qui représenteront la France aux Championnats d’Europe de Rotterdam la semaine du 21 août, les Français ont démontré leur forme et ont fait le plein de confiance. Après un tour initial corsé et un barrage à couper le souffle Alexis Deroubaix l’emporte avec Timon d’Aure devant Pénélope Leprévost/Vancouver de Lanlore et l’Allemand Daniel Deusser.


Le Grand Prix Rolex, disputé dimanche après-midi, a tenu ses promesses et les Bleus ont montré tout leur savoir-faire en déjouant les difficultés proposées par le chef de piste. Alexis Deroubaix & Timon d’Aure, le fils de Mylord Carthago, ont été les premiers à boucler le parcours sans-faute. Suivis par Matthieu Billot & Quel Filou 13, puis Pénélope Leprévost et Vancouver de Lanlore. Max Thirouin et Utopie Villelongue bouclent eux aussi le sans-faute, tout comme Nicolas Delmotte et Urvoso du Roch, visiblement à l’aise sur la piste du stade équestre du Val Porée. Kevin Staut et Urhelia Luttherbach, font une faute sur le milieu du triple qui les prive de barrage, mais la performance est bien là pour ce couple tout fraîchement formé. Au final, seul Daniel Deusser (GER) parvient à s’immiscer parmi les Français pour le barrage.


Alexis Deroubaix, premier en piste boucle le parcours sans-faute en 40’’95. Matthieu Billot et Quel Filou 13 réalisent eux aussi le double sans-faute, mais ne parviennent pas à rivaliser avec le chronomètre de référence d’Alexis. Pénélope Leprévost boucle le tour en 40’’99, à un souffle de son co-équipier à deux cavaliers de la fin. Max Thirouin fait une faute en piste, il ne reste plus que Nicolas Delmotte pour surpasser les leaders. Il tente le tout pour le tout dans la dernière ligne et faute sur le dernier obstacle, laissant la victoire à Alexis Deroubaix. Pénélope Leprévost est deuxième et Daniel Deusser/Tobago Z 3e en 41.60 secondes. Mathieu Billot, Nicolas Delmotte et Max Thirouin se sont respectivement classés quatrième, cinquième et sixième. Comme si ce n’était pas suffisant, Marc Dilasser et Arioto se sont classés huitièmes grâce à leur superbe parcours à un point de temps lors du parcours initial.


Pénélope Leprévost, deuxième : « Vancouver prend du métier, il arrive vraiment à maturité. Ce classement me donne beaucoup de confiance en vue des Championnats. Je crois que c’est difficile de passer du sable à l’herbe mais l’inverse ne pose jamais de problème. Le seul inconvénient qu’il peut y avoir, c’est la taille des terrains. Les pistes sur sable sont systématiquement plus petites. »


Alexis Deroubaix, le vainqueur : « Nous avons organisé notre saison de façon à monter en puissance. Ok, nous avons fait quelques petits quatre points mais le cheval sautait systématiquement très bien. Cette sorte de manque de chance, c’est ce qu’on appelle le sport et peut-être un manque de pression positive de ma part. D’ailleurs, c’est ce que je vais travailler pendant ces deux dernières semaines : la gestion de la pression que je me mets avant d’entrer en piste. Je suis souvent trop relax, il faut trouver le juste milieu. »


Timothée Anciaume dans le 3*


Le premier Grand Prix à se dérouler le dimanche était le CSI 3* 1,50 m. Trente-cinq pilotes se sont élancés pour tenter de se qualifier au barrage. Parmi les quatorze qualifiés, Timothée Anciaume et la jument grise Isabeau Van Dorperheide, une fille de Winningmood appartenant également à l’Ecurie de Meautry, ont le vent en poupe : ils ont déjà remporté l’épreuve 3* trois jours plus tôt. Ils se sont ainsi offert une nouvelle victoire. Le Normand signait sa troisième victoire de la semaine et semble très à l’aise sur ce magnifique terrain en herbe sublimé. Emmanuele Gaudiano, très fidèle aux remises des prix, s’adjuge une deuxième place à moins d’une seconde derrière le tricolore. L’Italien était associé à Contento 23. Henrik Von Eckermann et Que Bueno de Has Z se sont hissés sur la troisième marche du podium.


J.-B. O avec C Robert