L’envol de l’écurie Libellule

C’est en Allemagne que l’étincelle s’est produite. Son épouse et ses filles montaient à cheval. L’une, Pomme Cilote, montra rapidement de réelles dispositions pour l’équitation et décida, d’une façon irrévocable, qu’elle en ferait son métier. Devant tant de détermination, Gilles comprit qu’il serait inutile de contrarier une vocation naissante. Il se mit à s’intéresser aux origines des chevaux et petit à petit se passionna pour la génétique. A Vannes, il rencontra un autre féru de génétique, Jean-Pierre Cimolai qui rapidement lui fit partager sa passion pour les origines et les courants de sang qui ont produit de grands compétiteurs et de grands géniteurs. C’était il y a une  vingtaine d’années. Petit à petit l’idée de faire naître un bon cheval pour sa fille fit son chemin. Il se mit donc en quête de trouver une jument bien née. Le choix de Gilles se porta sur une descendante de la fameuse Olga (dont le naisseur normand, Pierre Lepelley vient de nous quitter). M.Baumann avait visé juste en allant chercher en Normandie une des meilleures souches – sinon la meilleure – de chevaux de sport français. Et, contrairement à ce que préconisait Jean-Pierre Cimolai qui portait cependant un grand intérêt à cette souche normande mais n’aimait pas la jument en question, il acheta tout de même Kavala d’Auvray, pour le papier, sans l’avoir vue. « Une belle somme, mais j’y tenais, dit-il. Et comme dans cet élevage il y avait aussi une jument de la souche Caméra-Rantzau à vendre, je l’ai aussi achetée, c’était Auréole III (Artichaut x Ibrahim) » . Kavala, fille de Papillon Rouge et de Violetta Rouge x Starter, arrière-petite-fille d’ Ardente B elle même fille d’Olga, était pleine de Jarnac. Très sérieuse souche à champions. La mère de Kavala est une sœur utérine de Myrtille Paulois qui fit de Bosty un champion d’Europe. Judicieusement imprégnée du sang des Rouge de Fernand Leredde, Kavala avait tous les atouts pour réussir. Elle a fait souche à l’écurie Libellule. « Elle était absolument sauvage et violemment allergique à toute contrainte. Nous n’avons jamais réussi à la débourrer et à monter dessus mais elle avait un coup de saut formidable en liberté ». L’histoire d’Olympique Libellule était en route. Celle de l’élevage Libellule aussi, un nom choisit pour perpétuer le souvenir de la jument de la maman de Pomme.

Olympique, comme sa mère à 3 ans, montra de bonnes dispositions pour le saut d’obstacle. Il en fit part à Grégory Mars, propriétaire de Jarnac, qui acheta Olympique. L’idée de Gilles Baumann était de mettre le cheval dans une bonne écurie pour qu’il soit valorisé et aille le plus loin possible. Ce fut le cas et les succès accumulés par le cheval ont contribué à la notoriété de l’écurie Libellule. Olympique fut sorti en jeunes chevaux par Julien Mesnil et passa sous la selle de Timothée Anciaume à 6 ans. Il est actuellement en convalescence après une blessure. On le vit en décembre dernier dans le 5* du Longines au salon du cheval de Paris. Belle carrière sportive que quelques blessures ont  hélas contrariée.

Elevage et sport 

Papa choisit les croisements et fait naître. Pomme valorise les jeunes et fait du concours. Ainsi fonctionne l’écurie Libellule à Saint-Jean-Brevelay. Kavala a bien produit. Certaines de ses filles et petites-filles sont poulinières, généralement bien indicées.  Croisée à Elan de la Cour, le tout bon Vas Y donc Longane des Couétil que montait Laurent Le Vot, elle donna Qomédie Libellule qui, après un début sous la selle de Louis Bouhana, devint le cheval de Grand Prix de Pomme. Qomédie, avec un iso de 149 et 6 points Pace, produit aussi en transfert d’embryons. Il y eut ensuite Uppercut, propre frère d’Olympique, prometteur 8 ans, qui fait aussi partie du piquet de la cavalière. Pomme débourre ses jeunes chevaux et ceux qui lui sont confiés. Cavalière pro, elle fait du coaching et prend aussi en pension-travail les chevaux d’autres éleveurs ou de propriétaires. A sa disposition, une écurie fonctionnelle et spacieuse, bien équipée avec sellerie, salle de soins et une carrière en sable. La proximité de la forêt offre de nombreuses possibilités en extérieur. Autour de l’écurie, une cinquantaine d’hectares de pâtures.

Côté spotif, elle engrange de bons résultats avec Qomédie (4^ème récemment  dans le Grand Prix du CSI *** de Massongy, 9^ème de la Pro Elite de Montfort-sur-Meu). Sur le circuit du Grand national de CSO, elle fait équipe avec Mélanie Cloarec, une cavalière normande qui monte Ondine Belmanière et ça se passe plutôt bien pour les filles. Pomme/Qomédie étaient 7^ème du GP d’Auvers, Mélanie/Ondine, 2^ème à Tours-Pernay. Elles sont pour le moment au botte à botte à la 7^ème place du classement provisoire avec l’écurie de Marc Dilasser et Clément Boulanger.

5 à 8 poulains par an

Aux deux souches du départ s’ajoute maintenant celle de Toscane (Uriel) qui a notamment donné Fanny du Murier (Laudanum), la mère entre autres de Karla, Jadis et Rahotep de Toscane qui part aux Jeux de Rio avec Philippe Rozier. Des chevaux qui sont nés à l’élevage de Michel Aubertin. Bad Boy Libellule (Rackam de Lojou et Toundra Libellulex Diamant de Semilly) est de cette souche. Toundra, sa mère est une fille de Patchouly du Very (Hastings) elle même fille de Toscane. Cinq à huit poulains naissent ici chaque année, vendus foals ou après le débourrage.

De Kavala d’Auvray , on retiendra All Star Libellule (Apache d’Adriers), Calypso L (Cap kennedy), Django L (L’Arc de Triomphe), Ramdam L (Elan de la Cour), Sahel L (Gold de Becourt), Uppercut L (Jarnac), Victoire L (Jarnac).

D’Auréole III : Oella Libellule (Dandy du Plape), Phée L (Quick Star), Qami L (Fidélio du Thot), Raki L (Qredo de Paulstra), Taïga L (Dollar dela Pierre), Vinci L (L’Arc de Triomphe) .

Etienne Robert