Les Écuries La Cinarca ont disparu dans la Vésubie

Elle s’appelle Adélaïde Albertini, elle a 26 ans, gérante des Ecuries La Cinarca, écurie de propriétaires et un élevage. Aujourd’hui il n’y a plus rien : tout a été emporté par la Vésubie pendant la tempête Alex : la maison, les parcelles, l’exploitation agricole, tout : « Ce qui était ma maison c’est le lit de la rivière. »

Elle raconte cette terrible journée du 2 octobre : « La matinée s’était déroulée tout à fait normalement le vendredi (...) ; à la fin du déjeuner, on s’est rendus compte que le bruit n’était pas du tout le même que d’habitude. » 

Ils sont sortis avec des vêtements de pluie pour aller contrôler le niveau de l’eau.

« Normalement la rivière bordait le plus bas des parcs de mes chevaux. Elle avait déjà commencé à inonder le plus bas de mes parcs, à 1,50m de son niveau normal, Voyant cela j’ai décidé de mettre des licols à tous mes chevaux, au cas où il faille évacuer. A ce moment-là je n’étais toujours pas convaincue qu’il faille évacuer ». 

Elle met sans le savoir en place un petit protocole d’évacuation d’urgence : « Ça a dû nous prendre 5 minutes avec mon père de licoler les 14 chevaux, et en fait cinq minutes après la Vésubie avait continué à monter, et elle avait déjà commencé à inonder les parcs au-dessus, qui étaient quasiment deux mètres plus haut. En peut-être quinze minutes il n’y avait plus du tout d’arbres sur mes parcs, alors que c’était très arboré, et c’étaient de gros arbres cela faisait un bruit monstrueux. J’ai ramené les chevaux des parcs les plus bas dans mes écuries, dans mon bâtiment en béton, que je croyais sûr. » 

Elle demande de l’aide à sa voisine du dessus : « Je lui ai demandé de venir chercher mes trois poulains. On les emmenés jusque chez elle à pied, cela nous a pris une dizaine de minutes. » Arrivée là-bas elle reçoit un coup de fil de sa mère qui lui dit que la digue a lâché : « il y a un mètre de flotte dans les écuries, tu ne peux pas revenir ». Elle s’y rend par une route du haut. Réalisant qu’il reste douze heures de pluie à venir, elle décide de faire évacuer tous les chevaux.

Il en reste quatre à évacuer, plus sa mère, sa sœur et son fils, et leurs trois chiens, et c’est là que la sirène a retenti. Le choc est tel qu’elle a perd les couleurs d’un coup : « J’ai vu en noir et blanc jusqu’au lendemain, quand j’ai retrouvé mon père ».

Sa peur rétrospective c’est que si une seule action avait été faite différemment ou plus tard, ils y seraient restés. Jo et Polo Borello, leurs voisins depuis quatre ans, qu’elle décrit comme de belles personnes bienveillantes, n’ont pas eu cette chance. 

Elle a pu dispatcher ses chevaux entre Eze et Les-Arcs-Sur-Argens. Elle va devoir se reconstruire.

Mais elle bénéficie d’aides nombreuses : « Une solution à moyen terme pour mes chevaux a été trouvée à partir de novembre, merci à tous de votre soutien et de vos mots, c’est cette bienveillance qui nous fait tenir debout ». 

C. Robert