Nils de Lojou : itinéraire d’un petit cheval aux grands moyens

En 2001, le tout premier lot de poulains de Caroline Le Franc naît, après une rigoureuse sélection de deux ans pour trouver de bonnes poulinières. Le 10 avril de cette année-là, Nils de Lojou, issu du croisement entre Danosa du Fresche et l’un des Chef de Race Le Tot de Semilly, pointe le bout de son nez à 6 h du matin. « Quand il est né il était vraiment petit », explique Caroline. « Il l’est toujours puisqu’il fait 1,57 cm. Sa génération de poulains chez moi était à vendre au complet. Ils sont tous partis sauf Nils car il était trop petit. » 

À l’âge de deux ans, l’alezan est envoyé au débourrage chez Alain Macé. Ce dernier a commencé à faire sauter Nils. « Il m’a appelé et il m’a dit : ton cheval il a quelque chose. Il m’a également conseillé de ne pas le castrer s’il n’y avait pas de problème. Je l’ai donc gardé entier ».

À 3 ans, le petit cheval gagne dans sa catégorie au concours de modèle à Hennebont et obtient la meilleure note à l’obstacle. À 5 ans, il est huitième de sa génération par le nombre de sans-faute, sous la selle d’Erwan Andre. Grâce à cela, il deviendra l’un des rares étalons agréés sur performance.
Nils de Lojou fait ses premiers pas en Pro 3 avec Pierre Coiteux-Fontaine. De 2008 à 2011, il concourt sous la selle de Tony Cadet et obtient de bons résultats en Pro 2, ainsi que dans des CSI2*. C’est en 2012 qu’il passe sous celle de Christophe Le Garrec, pour y rester jusqu’à la fin de sa carrière. 

« Je pense que la gestion de sa vie a été très particulière : il faisait toujours la saison de concours chez son cavalier. Et en novembre il rentrait chez moi pour passer tout l’hiver dehors. Il avait un mois de vacances complet, et ensuite, que du dénivelé en extérieur. Il avait horreur de travailler sur le plat, donc on ne faisait que du galop. » Que ce soit chez Caroline Le Franc ou ailleurs, Nils de Lojou ne sautait des obstacles qu’en concours. 

La carrière de Nils de Lojou

« Il a un talent fou ça c’est sûr, il saute extrêmement bien. Il adore sauter, il adore la vitesse, il s’éclate. Il a une vraie personnalité, il peut faire plein de bêtises sur un tour. Plein de bêtises à la remise des prix aussi, il faisait un peu le spectacle. Il est très intelligent et a une forte personnalité. Christophe Le Garrec est un cavalier qui ne craint pas la vitesse donc à eux deux ils ont signé des tours absolument hallucinants. Et en plus ça a duré 20 ans. Il avait toujours une forme olympique, il a une santé de fer. » 
En tout, Nils de Lojou a performé durant 18 saisons de concours, s’est adjugé 94 premières places et bien plus de classements. 

Alors qu’il arrive sur ses 20 ans, Caroline Le Franc se demande s’il ne serait pas temps qu’il prenne sa retraite. Mais un check-up parfait avec son véto la poussera à le faire continuer. Et ça a marché…L’année de ses 21 ans, Nils de Lojou, avec Christophe Le Garrec, s’offre quatre victoires de plus, dont une dans un Grand Prix Pro 2 130 cm face à 100 autres partants. « Il a encore fait des tours hallucinants, il avait de la marge comme pas permis. Il n’y en a pas deux comme lui. Puis on s’est dit qu’il valait peut-être mieux l’arrêter maintenant tant qu’il était bien plutôt que de faire une année supplémentaire et de se rendre compte que ça ne va plus. »

Aujourd’hui, Nils de Lojou est de retour chez Caroline Le Franc et profite des prairies verdoyantes de Scaër.  

Désormais, sa propriétaire souhaiterait développer sa reproduction, le promouvoir davantage : « Il y a de la demande ».  

Pour ce qui est des produits de Nils déjà sur les compétitions, « ce sont tous des copiés-collés de Nils, feignants sur le plat, inarrêtables sur les obstacles. Nils signe très fortement ses produits avec des dos plutôt courts, très armés, des aplombs absolument parfaits et des jarrets forts. Il produit aussi très bien en poney puisqu’il est le sixième étalon Selle-Français dans la production de poney. » 

« J’ai fait naître de bons chevaux, comme Pilig de Lojou, qui avait été sélectionné pour les Jeux Olympiques de Londres en 2012. Mais qui déchaînent le public je n’en ai eu qu’un », conclut Caroline Le Franc. 

F. Pamart