Un parfum d’Italie à l’élevage de la Massuère
(en ligne le 09 avril 2009) La valeur n’attend pas le nombre des années. Bruno Chassaing est une belle illustration de l’adage. Lucciannoa fait le renom de l’éleveur et de l’élevage qui porte depuis peu l’affixe « de la Massuère ». Et tous les poulains portentun
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nom à consonance italienne, choix d’Emmanuelle Chassaing dont les racines familiales sont transalpines.
Agriculteur, éleveur de chevaux, exclusivement. Rien ne prédestinait ce Breton, fils d’antiquaire, à se diriger vers cette destinée. Quelques amis d’enfance, cavaliers, lui ont mis le pied à l’étrier puis Francis Mas, au club hippique de Fougères, lui a sans doute inoculé le virus. Les origines, ce fut d’emblée son dada puis naturellement vint l’attirance pour l’élevage et une quête des meilleures souches. « J’ai tout de suite cherché la qualité » dit-il. Comme les antiquaires qui préfèrent l’original à la copie. En 1993, quand il s’installe à La Massuère, commune de St Etienne de Coglès à quelques encablures de St Malo, les bonnes souches ne sont pas très loin. Chez Albert Lebrun et son élevage d’Or, il y a des « pièces » rares. Quilane d’Or ? Pourquoi pas. Elle avait 18 mois. Fille d’Imam d’Or et de H d’Or x Nankin, elle a les arguments génétiques et morphologiques qui séduisent l’éleveur impétrant. Quelques négociations plus tard, dans un troc avec un baldaquin authentique, Bruno emporte le marché. Albert Lebrun se souvient aussi, avec nostalgie et malice, de l’épisode. C’est le début d’une belle et longue histoire puisque, sous la selle d’Hervé Godignon, Quilane sera une grande gagnante en concours internationaux. Sa quête des bonnes souches françaises conduit Bruno bien évidemment en Normandie. Chez Georges Brohier, Arpège et Away Pierreville viennnent de naître. La pouliche a les courants de sang d’Almé, de Grand Veneur et de Nankin. La maison est sérieuse, la souche aussi. Bruno achète Away dans la paille.
Regards vers l’étranger
Avec leurs noms aux accents florentins, sans affixe, les chevaux de l’élevage de Bruno Chassaing sont géographiquement difficiles à situer pour le commun des mortels de notre monde. Il suffit de le savoir : tout ce qui chante à l’oreille et qui fait des prouesses sur les barres, c’est breton made in Chassaing. Estrella del Dia, Faconne, Havanti, Incognito, Jiuseppe, Luiggi, ce sont les premiers descendants de Quilane avec dans l’ordre Galoubet, Jalisco, Galoubet deux fois, Burggraaf et Ephèbe for Ever. Le mariage d’Away avec Burggraaf (Landgraf I-Cor de la Bryère) va se révéler gagnant avec la naissance de Luccianno. « J’ai été un des premiers à aller aux étalons étrangers. Je voulais changer le sang pour améliorer la jumenterie, pour ramener de la locomotion et du modèle sur nos bonnes souches françaises. Il y avait quelque chose à aller chercher dans le Holstein notamment ». Bien vu.
Le choix de l’étalon est un choix raisonné chez Bruno Chassaing, pas une question de mode. Il a étudié les stud-books de l’Europe du Nord, voyagé beaucoup, observé, comparé, parlé. Le fouineur est aussi un trouveur. Le croisement n’est pas une science exacte mais feeling et pragmatisme sont souvent des correcteurs instinctifs. « Il n’y a que la piste qui compte. Le cheval passe ou ne passe pas ». Les étalons confirmés sur descendance ont ici les faveurs sur des souches confirmées elles aussi.
Souches dormantes
Que de chemin parcouru depuis Darios V, le premier poulain né à la Massuère, un Quidam avec une mère par Florissant. Darios, sous selle canadienne fit les JEM de Jerez. Le croisement de Quilane avec Galoubet donna Estrella del Dia, l’étoile d’un jour nouveau qui, comme sa mère, fut une bonne gagnante en GP. C’est elle la mère de Nervoso, digne fils du grand Le Tot. Sous la selle de Bruno Broucqsalt, le puissant bai foncé, souple et racé, est l’une des cartouches actuelles du registre performer de l’écurie de St Etienne de Coglès.
Estrella, par sa fille Ibéria croisée avec Cor de la Bryère, est la grand-mère d’un autre N en devenir, Nabucco, étalon lui aussi sous la selle du crack cavalier de Phalempin. Pourquoi tant de N... ils étaient quatre à la finale des 6 ans :
- Norito (Quick Star et Justicia III-fille d’Away- par le holsteiner Come on), hongre, propriété de Françoise Leducq.
- Ninno (Quick Star et Hégoïsta-fille d’Away- par Ramiro) hongre en co-propriété avec Bruno Broucqsault.
- Napoli (Dollar du Murier et Away) grosse pointure, acheté par les HN mais très tôt disparu.
- Nervoso.
On le voit, Quilane (propre sœur de Royale d’Or, la mère de Jeff d’Or, champion des 7 ans mort récemment) et Away Pierreville sont les matrones de l’élevage. Leurs filles et petites filles sont aujourd’hui poulinières. Elles sont la signature définitive du label de La Massuère. Et Bruno n’est pas peu fier d’avoir, comme il dit, « réveillé une souche dormante ». Il fallait trouver les bons croisements. C’est tout le talent de l’éleveur.
La propre sœur de Luccianno, Kiara est désormais à l’élevage. Elle est la mère de Qorleone (Dollar du Murier) et Tzigano (Cassini II). C’est à partir de la génération des T que l’affixe « de la Massuère » est devenu le patronyme des poulains de St Etienne en Coglès. Une dizaine de poulinières sont aujourd’hui à l’élevage. Sept poulains en moyenne naissent chaque année et trente chevaux sont en permanence sur la trentaine d’hectares de la ferme, dans d’excellentes conditions de vie quotidienne. Ici on a l’amour des belles choses, le goût du travail bien fait et la curiosité toujours en alerte .
Facile la vie ? « Certes non, répondent en chœur Bruno et son épouse. La réputation est là mais la commercialisation est encore un problème. « C’est moi qui tient la comptabilité et de temps en temps je tire la sonnette d’alarme. Il faut vendre », dit Emmanuelle. Le bouche à oreille fait l’information. « Je vends exclusivement dans ma cour, dit-il. Les gens qui sont intéressés par mes chevaux peuvent venir me voir ici. »
Reste que les descendants de Quilane et D’Away partent facilement à l’étranger. Sur le territoire, Graziella (Rivage du Poncel et Away) a fait les juniors avec Audrey Aslanoff, une cavalière du Sud régulièrement classée en GP aujourd’hui ; Piéta (Elf d’Or et Away) vendue à Fences au haras de Vulsain fait les 6 ans. Cette année, Nervoso et Nabucco, les préférés de Bruno, nourrissent de grands espoirs sous la selle de Bruno Broucqsault à qui ils appartiennent pour moitié.
Les générations de 4,5 et 6 ans sont elles aussi prometteuses avec pour pères L’arc de Triomphe, Dollar du Murier, Hélios de la Cour,Quite Easy, Chin Chin, Calato, Ramiro, Graf Grannus, Cassini II. Pistoia (Dollar du Murier-Cor de la Bryère-Galoubet) est chez Pénélope Leprévost. Salvatore (Dollar du Murier et Hégoïsta x Ramiro), mâle bai possède pour son naisseur de grandes chances d’être étalonable. Rendez-vous aux JSF d’octobre.
Pas d’hésitations pour l’éleveur de Bretagne, il inscrira ses poulains de 2009 au stud-book SF moyennant la participation de 50 euros. « Il faut savoir ce que l’on veut » assure-t-il.
Retenez bien cet affixe « de La Massuère ». Il est Breton, de la famille de Luccianno, le crack cheval noir titulaire d’un des meilleurs indices (177) 2008. Il rime avec poulinières et étalons, le rêve de tout éleveur.
Etienne Robert
Agriculteur, éleveur de chevaux, exclusivement. Rien ne prédestinait ce Breton, fils d’antiquaire, à se diriger vers cette destinée. Quelques amis d’enfance, cavaliers, lui ont mis le pied à l’étrier puis Francis Mas, au club hippique de Fougères, lui a sans doute inoculé le virus. Les origines, ce fut d’emblée son dada puis naturellement vint l’attirance pour l’élevage et une quête des meilleures souches. « J’ai tout de suite cherché la qualité » dit-il. Comme les antiquaires qui préfèrent l’original à la copie. En 1993, quand il s’installe à La Massuère, commune de St Etienne de Coglès à quelques encablures de St Malo, les bonnes souches ne sont pas très loin. Chez Albert Lebrun et son élevage d’Or, il y a des « pièces » rares. Quilane d’Or ? Pourquoi pas. Elle avait 18 mois. Fille d’Imam d’Or et de H d’Or x Nankin, elle a les arguments génétiques et morphologiques qui séduisent l’éleveur impétrant. Quelques négociations plus tard, dans un troc avec un baldaquin authentique, Bruno emporte le marché. Albert Lebrun se souvient aussi, avec nostalgie et malice, de l’épisode. C’est le début d’une belle et longue histoire puisque, sous la selle d’Hervé Godignon, Quilane sera une grande gagnante en concours internationaux. Sa quête des bonnes souches françaises conduit Bruno bien évidemment en Normandie. Chez Georges Brohier, Arpège et Away Pierreville viennnent de naître. La pouliche a les courants de sang d’Almé, de Grand Veneur et de Nankin. La maison est sérieuse, la souche aussi. Bruno achète Away dans la paille.
Regards vers l’étranger
Avec leurs noms aux accents florentins, sans affixe, les chevaux de l’élevage de Bruno Chassaing sont géographiquement difficiles à situer pour le commun des mortels de notre monde. Il suffit de le savoir : tout ce qui chante à l’oreille et qui fait des prouesses sur les barres, c’est breton made in Chassaing. Estrella del Dia, Faconne, Havanti, Incognito, Jiuseppe, Luiggi, ce sont les premiers descendants de Quilane avec dans l’ordre Galoubet, Jalisco, Galoubet deux fois, Burggraaf et Ephèbe for Ever. Le mariage d’Away avec Burggraaf (Landgraf I-Cor de la Bryère) va se révéler gagnant avec la naissance de Luccianno. « J’ai été un des premiers à aller aux étalons étrangers. Je voulais changer le sang pour améliorer la jumenterie, pour ramener de la locomotion et du modèle sur nos bonnes souches françaises. Il y avait quelque chose à aller chercher dans le Holstein notamment ». Bien vu.
Le choix de l’étalon est un choix raisonné chez Bruno Chassaing, pas une question de mode. Il a étudié les stud-books de l’Europe du Nord, voyagé beaucoup, observé, comparé, parlé. Le fouineur est aussi un trouveur. Le croisement n’est pas une science exacte mais feeling et pragmatisme sont souvent des correcteurs instinctifs. « Il n’y a que la piste qui compte. Le cheval passe ou ne passe pas ». Les étalons confirmés sur descendance ont ici les faveurs sur des souches confirmées elles aussi.
Souches dormantes
Que de chemin parcouru depuis Darios V, le premier poulain né à la Massuère, un Quidam avec une mère par Florissant. Darios, sous selle canadienne fit les JEM de Jerez. Le croisement de Quilane avec Galoubet donna Estrella del Dia, l’étoile d’un jour nouveau qui, comme sa mère, fut une bonne gagnante en GP. C’est elle la mère de Nervoso, digne fils du grand Le Tot. Sous la selle de Bruno Broucqsalt, le puissant bai foncé, souple et racé, est l’une des cartouches actuelles du registre performer de l’écurie de St Etienne de Coglès.
Estrella, par sa fille Ibéria croisée avec Cor de la Bryère, est la grand-mère d’un autre N en devenir, Nabucco, étalon lui aussi sous la selle du crack cavalier de Phalempin. Pourquoi tant de N... ils étaient quatre à la finale des 6 ans :
- Norito (Quick Star et Justicia III-fille d’Away- par le holsteiner Come on), hongre, propriété de Françoise Leducq.
- Ninno (Quick Star et Hégoïsta-fille d’Away- par Ramiro) hongre en co-propriété avec Bruno Broucqsault.
- Napoli (Dollar du Murier et Away) grosse pointure, acheté par les HN mais très tôt disparu.
- Nervoso.
On le voit, Quilane (propre sœur de Royale d’Or, la mère de Jeff d’Or, champion des 7 ans mort récemment) et Away Pierreville sont les matrones de l’élevage. Leurs filles et petites filles sont aujourd’hui poulinières. Elles sont la signature définitive du label de La Massuère. Et Bruno n’est pas peu fier d’avoir, comme il dit, « réveillé une souche dormante ». Il fallait trouver les bons croisements. C’est tout le talent de l’éleveur.
La propre sœur de Luccianno, Kiara est désormais à l’élevage. Elle est la mère de Qorleone (Dollar du Murier) et Tzigano (Cassini II). C’est à partir de la génération des T que l’affixe « de la Massuère » est devenu le patronyme des poulains de St Etienne en Coglès. Une dizaine de poulinières sont aujourd’hui à l’élevage. Sept poulains en moyenne naissent chaque année et trente chevaux sont en permanence sur la trentaine d’hectares de la ferme, dans d’excellentes conditions de vie quotidienne. Ici on a l’amour des belles choses, le goût du travail bien fait et la curiosité toujours en alerte .
Facile la vie ? « Certes non, répondent en chœur Bruno et son épouse. La réputation est là mais la commercialisation est encore un problème. « C’est moi qui tient la comptabilité et de temps en temps je tire la sonnette d’alarme. Il faut vendre », dit Emmanuelle. Le bouche à oreille fait l’information. « Je vends exclusivement dans ma cour, dit-il. Les gens qui sont intéressés par mes chevaux peuvent venir me voir ici. »
Reste que les descendants de Quilane et D’Away partent facilement à l’étranger. Sur le territoire, Graziella (Rivage du Poncel et Away) a fait les juniors avec Audrey Aslanoff, une cavalière du Sud régulièrement classée en GP aujourd’hui ; Piéta (Elf d’Or et Away) vendue à Fences au haras de Vulsain fait les 6 ans. Cette année, Nervoso et Nabucco, les préférés de Bruno, nourrissent de grands espoirs sous la selle de Bruno Broucqsault à qui ils appartiennent pour moitié.
Les générations de 4,5 et 6 ans sont elles aussi prometteuses avec pour pères L’arc de Triomphe, Dollar du Murier, Hélios de la Cour,Quite Easy, Chin Chin, Calato, Ramiro, Graf Grannus, Cassini II. Pistoia (Dollar du Murier-Cor de la Bryère-Galoubet) est chez Pénélope Leprévost. Salvatore (Dollar du Murier et Hégoïsta x Ramiro), mâle bai possède pour son naisseur de grandes chances d’être étalonable. Rendez-vous aux JSF d’octobre.
Pas d’hésitations pour l’éleveur de Bretagne, il inscrira ses poulains de 2009 au stud-book SF moyennant la participation de 50 euros. « Il faut savoir ce que l’on veut » assure-t-il.
Retenez bien cet affixe « de La Massuère ». Il est Breton, de la famille de Luccianno, le crack cheval noir titulaire d’un des meilleurs indices (177) 2008. Il rime avec poulinières et étalons, le rêve de tout éleveur.
Etienne Robert
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