Vies de femmes
(en ligne le 25 novembre 2009) Adeline Wirth. Sylvie Brunel. Deux femmes, deux styles de romancières, deux styles de cavalières. Qu’ont-elles en commun? Tout.Adeline vient de publier son 3e livre. « Palefrenière ». Un roman. Grande cavalière de saut d’obstacles devant
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l’éternel, elle a imaginé son contraire dans ce roman : une palefrenière dont elle raconte les vies. La vie de tous les jours au milieu des chevaux, au milieu des gens de chevaux. La vie intérieure, intime, discrète, secrète, solitaire. Celle de Lucie Chêne au temps où on l’appelait Bégo. Bégo s’efface vers la soixantaine et retrouve Mlle Chêne, une inconnue qui remonte le courant. Les souvenirs reviennent comme des bouffées de chaleur. La plume d’Adeline campe un portrait de femme d’une sensibilité étonnante qui en dit long aussi sur sa propre sensiblité à elle. Les mots sont justes. Les sentiments sont justes. La matière est juste. Le style est juste. Mme Wirth a toujours le même talent à cheval. Elle a en plus le talent d’observer ce qui se trame à l’intérieur des êtres. Magnifique ressenti. Magnifique écriture.
Vous connaissez Sylvie Brunel ?
Sa vie n’est pas un roman mais elle a de quoi inspirer un romancier en mal d’inspiration dans ses nuits blanches. Une tornade blonde, cette Sylvie, une femme de feu qui vient de se faire larguer (et vice-versa) par son bonhomme, politique pour de vrai. Un homme intègre qui milite pour l’intégration aux côtés de Sarko. Dans « Manuel de guérilla à l’usage des femmes », le livre rouge (comme sa couverture) du féminisme de la mi-vie, elle taille un costard sur-mesure aux politiques (et aux autres) qui délaissent leur épouse au profit d’une « jeunesse » avide de croquer le barbon, plutôt galetteux, plutôt bien installé et de préférence starifié. Scénario classique, banal, banalisé. Mais pas avec elle. La femme aimante, intelligente, bosseuse, passionnée et passionnante qu’elle est, est montée sur ses grands chevaux pour régler leur compte à ces messieurs de la politique; au sien d’abord. D’une manière impudique certes - comme disait Gide, on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments - mais avec un infini respect et une extrème délicatesse dont le monsieur se serait sans doute bien passé. C’est cela qui est étrange. Et plus c’est étrange, plus ça semble authentique. Pas seulement un règlement de comptes, ce manuel de guérilla, fort utile aux hommes d’ailleurs. C’est un miroir, une plongée aux tréfonds des mécanismes du désir, de l’amour, du désamour, du je-t’aime-moi-non-plus. La femme désarçonnée remonte vite en selle et tente de reprendre le contrôle. Avec lucidité et humour. C’est un livre sérieux que Sylvie Brunel nous envoie à la figure. Féministe, dit-elle. Certainement. Reste que le féminisme des femmes du mitan de la vie est nettement moins irritant que celui des exaltées, en grande majorité lesbiennes, des années 70. Question de rondeurs assurément, car le fond est de la même veine. Livre-vérité, roman de science « friction », féroce, attendrissant, inconfortable. Souvent juste et tellement bien écrit.
Etienne Robert
Professeur de géographie à la Sorbonne, Sylvie B. est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, essais et romans dont « Cavalcades et dérobades » avec lequel elle a obtenu cette année le prix Pégase.
Ce que l’on sait moins, mais les Bost s’en souviennent, c’est qu’elle est la propriétaire de la première pouliche de Galoubet née par transfert, Galoubette, qui finit sa vie chez elle dans la Drôme.
Vous connaissez Sylvie Brunel ?
Sa vie n’est pas un roman mais elle a de quoi inspirer un romancier en mal d’inspiration dans ses nuits blanches. Une tornade blonde, cette Sylvie, une femme de feu qui vient de se faire larguer (et vice-versa) par son bonhomme, politique pour de vrai. Un homme intègre qui milite pour l’intégration aux côtés de Sarko. Dans « Manuel de guérilla à l’usage des femmes », le livre rouge (comme sa couverture) du féminisme de la mi-vie, elle taille un costard sur-mesure aux politiques (et aux autres) qui délaissent leur épouse au profit d’une « jeunesse » avide de croquer le barbon, plutôt galetteux, plutôt bien installé et de préférence starifié. Scénario classique, banal, banalisé. Mais pas avec elle. La femme aimante, intelligente, bosseuse, passionnée et passionnante qu’elle est, est montée sur ses grands chevaux pour régler leur compte à ces messieurs de la politique; au sien d’abord. D’une manière impudique certes - comme disait Gide, on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments - mais avec un infini respect et une extrème délicatesse dont le monsieur se serait sans doute bien passé. C’est cela qui est étrange. Et plus c’est étrange, plus ça semble authentique. Pas seulement un règlement de comptes, ce manuel de guérilla, fort utile aux hommes d’ailleurs. C’est un miroir, une plongée aux tréfonds des mécanismes du désir, de l’amour, du désamour, du je-t’aime-moi-non-plus. La femme désarçonnée remonte vite en selle et tente de reprendre le contrôle. Avec lucidité et humour. C’est un livre sérieux que Sylvie Brunel nous envoie à la figure. Féministe, dit-elle. Certainement. Reste que le féminisme des femmes du mitan de la vie est nettement moins irritant que celui des exaltées, en grande majorité lesbiennes, des années 70. Question de rondeurs assurément, car le fond est de la même veine. Livre-vérité, roman de science « friction », féroce, attendrissant, inconfortable. Souvent juste et tellement bien écrit.
Etienne Robert
Professeur de géographie à la Sorbonne, Sylvie B. est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, essais et romans dont « Cavalcades et dérobades » avec lequel elle a obtenu cette année le prix Pégase.
Ce que l’on sait moins, mais les Bost s’en souviennent, c’est qu’elle est la propriétaire de la première pouliche de Galoubet née par transfert, Galoubette, qui finit sa vie chez elle dans la Drôme.
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