« Printemps des Ecuyers »: art, spectacle et tradition
Du 23 au 27 avril a eu lieu le 12e Printemps des Ecuyers dans le grand manège des Ecuyers du Cadre Noir à Saumur. Deux formations prestigieuses, le Cadre Noir et l’Ecole Royale Andalouse d’Art équestre, s’étaient associées pour montrer aux spectateurs saumurois leur savoir-faire. Ont été ainsi présentés des exercices individuels, ou en groupes mélangeant cavaliers français et cavaliers espagnols, et alternant le travail hispanique et le travail français.
Sur le thème du « culte de la tradition [qui] n’exclut pas l’amour du progrès » comme le colonel Danloux l’avait annoncé au siècle dernier, et comme on nous l’a rappelé d’emblée, les chevaux Selle-français ou Anglo-arabe ont succédé aux montures de Pure Race Espagnole (PRE). On a alors pu comprendre comment, sélectionnée et travaillée dans l’excellence des deux côtés des Pyrénées, chaque monture est en fait génétiquement adaptée à un travail précis. De façon générale, les chevaux espagnols rappellent vite aux spectateurs qu’ils sont nés pour travailler à l’élevage et à la parade : ils sont rapides, très enlevés et particulièrement expressifs. Les chevaux français se sont présentés plutôt sous un angle traditionnel : remarquablement soumis, ils permettent de se souvenir que la France a longtemps formé ses chevaux dans les écoles de cavalerie.
Le Cadre Noir avait choisi de présenter un spectacle de printemps : les éclairages étaient très travaillés (dans les couleurs rouge et verte et avec des jeux de lumière étudiés), permettant de mettre en valeur certaines prestations. Les commentaires, assurés par une voix masculine et une nouvelle voix fémine, permettaient efficacement de comprendre les tenants et les aboutissants des présentations.
Avec un plaisir certain, il a donc été possible - entre autres - d’admirer les exercices « traditionnels » du Cadre Noir que sont le saut de la table, le saut du piquet dans une ambiance bon enfant de Belle Epoque où les écuyers trinquaient au Saumur pendant que le Colonel Jean-Michel Faure démontrait son habileté dans la maniabilité de son cheval. Les jeunes sauteurs montés, les longues rênes à l’obstacle (avec un saut à environ 1,40 m), les longues rênes dans le travail de haute Ecole ou la Reprise de Manège ont pérénnisé la tradition à la Française.
Les Espagnols ont quant à eux présenté une formation de six chevaux illustrant la précision de leur équitation puisque les cavaliers enchaînaient avec dextérité, tout du long de leur travail, des figures complexes avec les rênes dans une seule main : appuyers, pirouettes, galop allongé, pas espagnol, passage, piaffer... ils ont démontré la vivacité de leurs montures et la qualité de leur dressage très affiné. Le spectateur a également pu admirer un remarquable solo de dressage classique monté par une écuyère qui nous a rappelé que les chevaux PRE sont aussi très prisés dans les tests de dressage en compétition.
Enfin, la collaboration entre les deux prestigieuses institutions a été mise en scène par des exercices présentés en commun. L’entrée et la sortie des écuyers des deux formations leur a bien sûr donné l’occasion de se réunir (avec un clin d’œil aux invités espagnols puisque l’ouverture se faisait sur un air de « Carmen »), mais ils ont aussi choisi de présenter un « double pas de deux » où deux écuyers espagnols travaillaient avec deux écuyères françaises aux mêmes exercices. En seconde partie de soirée, le travail en commun a été mis en avant par la présentation conjointe des sauteurs travaillant les cabrioles (ou « saut du cabris » comme la voix off l’a expliqué) avec six chevaux en main et montés.
Ce spectacle alliant « deux cultures, deux traditions, un même art » a souligné que même issus d’horizons différents, les équitants peuvent se retrouver dans un semblable objectif, dresser les chevaux et les présenter à un public de plus en plus connaisseur.
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