Frédéric Mitterrand à l’ENE

Cette visite qui faisait suite à l'inscription de l'équitation de tradition française inscrite par l'Unesco au patrimoine culturel immatériel de l'humanité fut très courtoise.
« Je ne viens pas déranger qui que ce soit » a prévenu d'emblée Frédéric Mitterrand à son arrivée.
« L'équitation et la tradition liée au monde du cheval font parties intégrantes de mon ministère. Je suis très heureux et vous l'avez bien senti, d'être parmi vous dans ce haut lieu tellement prestigieux de l'équitation française. L'année qui vient de se clore a donc vu l'inscription de l'équitation de tradition française sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. Une reconnaissance exceptionnelle qui a été le fruit d'une mobilisation exemplaire de la Direction Générale des Patrimoines, du Cadre Noir de Saumur et de l'Ecole Nationale d'Equitation, pour instruire un dossier complexe, répondant à des critères très exigeants... Cette reconnaissance vient consacrer l'excellence et la vitalité d'une tradition ainsi que de celle de ses grands maîtres ».
Après une présentation des structures de l'école, des démonstrations de sauts d'école, du travail aux longues rênes, et même du « nattage de gala » des chevaux, Frédéric Mitterrand s'est rendu à la médiathèque où 20 000 documents sur l'équitation (livres, thèses, brochures, affiches, cartes postales, etc.) sont jalousement gardés par le maître des lieux, l'écuyer Patrice Franchet d'Espèrey. Ce dernier a enfilé ses gants blancs pour présenter au ministre cinq des plus beaux ouvrages anciens (XVIe/XVIIe siècles) dont le fameux manuel de « L'instruction du Roy en l'exercice de monter à cheval » par Messire Antoine de Pluvinel, qui eut Louis XIII pour élève.
Très intéressé, le ministre a annoncé l'organisation d'un colloque en octobre prochain, grâce à la Direction Générale des Patrimoines et l'Institut National du Patrimoine sur les collections patrimoniales de l'histoire du cheval en France et en Europe, ainsi que le projet d'un portail numérique : « Ce travail permettra de préparer l'exposition d'intérêt national - le cheval et ses patrimoines - prévue à l'horizon 2014-2015, ou encore le projet d'un portail numérique dédié à l'histoire du cheval, donnant accès à l'ensemble des documents patrimoniaux numérisés, porté conjointement par la Bibliothèque Nationale de France et l'Institut Français du Cheval et de l'Equitation ». (Cinq cents livres ont déjà été consultables, 130 autres sont prévus. Ils sont disponibles sur le site du Cadre noir).
Avant de quitter l'école, Frédéric Mitterrand a tenu à saluer la présence d'un grand homme de l'équitation française : le général Pierre Durand qui fut écuyer en chef du Cadre Noir et directeur de l'Ecole Nationale d'Equitation.
En regrettant de ne pouvoir, faute de temps, visiter aussi le château-musée, comme il l'aurait souhaité, le ministre a promis à Michel Piron député, Sophie Saramito, conseillère régionale et Michel Apchin, maire de Saumur, de revenir. Quand ? Elections présidentielles obligent ! Mais, il a déjà annoncé qu'il était prêt à « rempiler » si Nicolas Sarkozy était réélu. A l'écuyer en chef, le colonel Jean-Michel Faure qui lui expliquait dans le grand manège qu'il fallait de la patience et des années pour éduquer un cheval, Frédéric Mitterrand a répondu :
« C'est comme pour un ministre de la Culture : il faut neuf ans pour y arriver. C'est pour ça qu'on parle encore de Jack Lang... »

Dominique Culliéret