La voltige tricolore brille en s’offrant les trois métaux
La médaille d’argent de Ludo Campïon chez les juniors aura libérée la délégation tricolore de la pression. C’est sans stress et comme au premier jour de compétition que Vincent Haennel s’engageait sur la piste pour son dernier passage. Un libre sur le thème de Napoléon que le voltigeur de l’est de France connaît sur le bout des doigts. « Je venais pour faire les meilleurs passages possibles. Et au fil des tours, c’était très serré entre les voltigeurs. Je ne pouvais pas mieux faire. Je me suis fait plaisir. Je n’ai jamais eu de pression. J’ai fait un bon imposé, un premier libre moyen et un bon technique, le meilleur sans doute que je pouvais faire » expliquait Vincent. Puis le voltigeur explosait sur son dernier libre (8,694) devançant Jannis Drewel, le champion d’Europe et meilleur mondial. « Je suis reparti à zéro car tout le monde pouvait gagner. Je ne me suis pas poser de question » terminait le Tricolore qui avouait avoir versé, pour la 1ere fois, une larme.
Lambert Leclezio, champion du monde
Sixième des Jeux Equestres Mondiaux de Caen, le jeune prodige de la voltige avait déjà fait illusion en 2014. En France depuis moins d’un an, coaché par Jacques Ferrari, le jeune Mauricien a travaillé dur sur le cheval réserviste de l’équipe Noroc.
À peaufiner ses programmes. Après deux passages (imposé et libre), il dominait les débats devant Clément Taillez et l’Allemand Daniel Kaiser.
Mais la pression d’être premier au classement le déstabilisait et il déchanchait sur le technique. « Le cheval a fait une accélération au début programme car il était tendu. Rien ne s’est passé comme on voulait. Et après toute la pression est retombée. Puis je me suis dit, on s’est entraîné toute l’année, on ne va pas rester sur une déception. Alors on va s’amuser et je pensais que le vainqueur serait celui qui allait tout donner. C’est ce que j’ai fait » expliquait Lambert qui à l’annonce de sa victoire tombait dans les bras en larme de sa longeuse, SandraTronchet.
Habitant Le Mans, Lambert s’invite donc parmi l’élite mondiale de la voltige. Et donne un bon coup de balai au monopole allemand. Après son sacre, il va mettre la discipline en veille pour reprendre des études de kinésithérapeute en visio à la faculté du Mans. Français de cœur, il va entamer les démarches pour concourir pour la France, lui qui est binational. « Je ne veux pas renier l’île Maurice, car j’y ai vécu jusqu’à 18 ans, mais en devenant Français, je vais pouvoir bénéficier du soutien de la Fédération Française et m’entraîner au sein d’une vraie structure ».
Sébastien Proust
Trois questions à Véronique Girard, la présidente du championnat du monde senior de voltige.
Votre sentiment général sur ces championnats du monde ?
Véronique Girard : « c'est une vraie réussite. A la fois pour le site mais aussi au niveau des voltigeurs et l'évolution que ce soit chez les juniors comme chez les seniors. Une belle compétition avec de la belle voltige. Le toit sans accident ».
Les surprises, les déceptions ?
VG. « Des surprises en tant que Française, oui avec le junior Ludo Campïon, le pas de deux et la récompense du travail et avec un peu de chance pour les individuels hommes et surtout l'or pour l'équipe. Déception chez les femmes, on n'arrive pas a être au niveau. Je suis sûre que la relève va arriver. L'argentine et la Colombie ont été une belle surprise. Les équipes sont sur le circuit depuis peu et ont déjà le niveau. D’ailleurs toutes les équipes avaient leur place. L'Allemagne n'avait pas la même équipe que l'année passée. Elle avait dominé. Mais c'est bien, il faut que cela évolue et change ».
La voltige évolue, votre avis ?
VG : « La voltige se porte bien. Il y a un projet pour quelle devienne olympique aussi. La voltige évolue elle devient plus un spectacle. La preuve ici car l’équipe allemande avait le technique, il lui manquait un peu l'artistique. On est dans cette recherche de spectacle avec toujours du sport ».
Les réactions
Ludo Campïon, médaillé d’argent junior
« Je suis super-content. Les deux semaines de stage de préparation n’ont fait avancer. Le travail avec les entraîneurs, le chorégraphe a été bénéfique. J’ai réussi mes quatre passages certes avec quelques erreurs entre autre sur les imposés » reconnaissait le jeune médaillé.
Junior deuxième année, il pourra performer dans cette catégorie trois ans encore et peut-être l’année prochaine sur les Championnats du Monde. Mais rien n’est sûr car Ipsos d’Ecotay, son complice de voltige part à la retraite. Il faut donc tout reconstruire avec un nouveau cheval. Un nouveau challenge que Ludo prend avec beaucoup de sérénité.
Lucie et Simon Chevrel, médaillés de bronze en pas de deux senior
« C’est le meilleur scénario possible car il y avait beaucoup de concurrence. Nous avons fait une bonne premiere manche. Alors on s’est dit on ne lache rien. On s’est beaucoup entrainé dans cet objectif sachant que nous avons changé de cheval plusieurs fois depuis le début de l’année. Nous voltigons avec ce cheval (Rayo de la Luz) depuis avril. Nous avons confiance en lui et il nous a donné confiance en nous. Nous avons sorti deux libres avec certes des petites erreurs. Nous avons modifié la musique de fin sur le second libre car nous avions une musique tonique et on nous a demandé de mettre plutôt une musique douce et lente qui a séduite et qui est dans le thème ».
Davy Delaire, un chef d’orchestre heureux
« Un point d’orgue c’est que tous les voltigeurs ont tous déroulé comme ils savaient le faire et ils ont tous supporté cette pression du fait d’etre en France. Chacun a été cherché se performance que ce soit Vincent Haennel, le pas de deux, l’équipe bien évidemment et Ludo chez les juniors.
Cette médaille d’or par équipe est historique. Le travail depuis deux ans a été monstrueux. On peut féliciter les athlètes et les familles qui les accompagnent car ils ont véçu pendant deux ans des choses délirantes en terme de charge de travail et de répétitions.
Nous avons voulu réunir tous les voltigeurs et le staff avant de partir car ils travaillent tous dans leur coin. Et nous voulions prendre le relais pour créer une vraie connivence.
Et c’est qui ne plait dans mon métier d’entraineur car ca marche.
Maintenant le projet sera les jeux de 2018. Nous repartons avec l’or, l’argent et le bronze et avec un collectif qui change ».
Les podiums des Championnats d’Europe juniors
Junior hommes : 1. K. Näser (Ger), D. Marquart, Cyrano 147, 7,479 ; 2. L. Campïon (Fra), F. Sivar, Ipsos d’Ecotay, 7,459 ; 3. L. Hüsgen (Ger), E. Simon, Smarti 11, 7,443.
Juniors femmes : 1. M. Xanter (A. Blatz), Luigi 198, 8,147 ; 2. F. Peitzmeier (Ger), A. Brinkmann, Dorian Gray SN, 7,853 ; 3. H. Steverding (Ger), D. Marquart, Cyrano 147, 7,707… 9. C. Dhommeau (Fra), S. Tronchet, Quiece d’Aunis, 7,115.
Pas de deux : 1. D. Harwardt & J. Kögl (Ger), H. Falk, Longinus 4, 7,989 ; 2. A. L. Fraser & M. L. Fraser (Esp), D.Fraser, Simbal, 7,239 ; 3. C. Köpke & L. Maurer (Aut), L. Kalcher-Prein, Louis Bonheur, 7,143
Equipes : 1. Suisse, M. Degiorgi, Livanto Cha Ch, 7,610 ; 2. Allemagne, A. Dietrich, Celebration 38, 7,582 ; 3. Autriche, K. Asmera, Darwin 5, 7,32.
Les podiums des Championnats du Monde seniors
Seniors homme : 1. L. Leclezio (Mri), S. Tronchet, Quiece d’Aunis, 8,135 ; 2. V. Haennel (Fra), F. Holzberger, Quartz D’Olbiche, 8,127 ; 3. J. Drewell (Ger), S. Drewell, Diabolus 3, 8,117.
Seniors femme : 1. J. Lindner (Aut) K. Haidacher, Dr. Doolittle 5, 8,212 ; 2. K. Boe (Ger), W. Schlüter, Don de la Mar, 8,108 ; 3. A. Cavallaro (Ita), N. Vidoni, Monaco Franze 4, 7,992.
Pas de deux : 1. J. Lindner & L. Wacha, K. Haidacher, Dr. Doolittle 5, 9,084 ; 2. J. Derks & J. Kay, A. Hartl, Holt’s Romeo, 8,435 ; 3. Lucie et Simon Chevrel (Fra), E. Nousse, Rayo de la Luz, 8,370.
Équipe : 1. France, S. Tronchet, Wizner, 8,343 ; 2. Allemagne, A. Hartl, Lazio 9, 8,260 ; 3. Autriche, M. Lehmann, Alessio l’Amabile, 8,159.
L’équipe Noroc s’envole avec l’or
L’équipe Sarthoise Noroc est devenue sur ses terres d’entraînement, championne du monde par équipe détrônant l’Allemagne. Une première historique.
Jacques Ferrari et toute l’équipe de Noroc auront offert au public venu nombreux un spectacle de haute volée. Durant quatre minutes, sur le thème de l’envol, les voltigeurs se déhanchaient et réalisaient les figures les plus osées sur un cheval au galop. L’émotion pouvait se lire sur chaque expression.
« Ce projet a deux ans. Il a été vite mené. Et de fait ça n’a pas été simple. Mais le stage de préparation au Pôle France à Saumur nous a permis de créer cette symbiose qui manquait un peu. C’est une belle histoire car on partait de loin avec des gens qui n’étaient pas au niveau international. La motivation a été grande. On n’a pas besoin des meilleurs pour faire une équipe, on a besoin d’être meilleur ensemble » expliquait Jacques Ferrari.
Davy Delaire aux anges
« C’est historique pour la France » enchaînait Davy Delaire, le sélectionneur national. « Tous ont déroulé le programme parfait. On savait que tous pouvaient faire de belles choses. Il y a une belle connivence. En 2012, ca a marché, aux Jeux équestres aussi et aujourd’hui encore. Nous avons une belle équipe de France avec des gens attachants et pugnaces ».
Entretien à Bettina de Rham, responsable de la voltige à la Fédération Equestre Internationale
Votre avis général sur cette compétition ?
Bettina de Rham : « C’est une très belle compétition. Bien organisé avec un beau plateau de voltigeurs et avec toujours avec autant de nations. Plusieurs continents sont représentés dont la Colombie. C’est un grand mixte de nations ».
Comment évolue la voltige au plan mondial ?
B. de Rham : « La voltige est en constante évolution. Avec toujours plus de compétitions. Les Jeux Equestres de Caen ont donné un nouvel élan à la voltige. Elle est donc toujours sur la pente ascendante. L'Amérique du Sud et l'Afrique ne cesse de développer la pratique.
Pourquoi encore le Mans ?
B. de Tham : « On attend des organisateurs qu'ils proposent de bons et beaux championnats. C’est le cas ici au Mans. L'année prochaine ce sera l'Autriche pour les championnats du Monde. Pour ce qui est de 2018 on verra. Les candidatures vont prochainement arrivées.
Il y a six ans, dans l'année des championnats, il nous manquait des candidatures. Maintenant deux ans à l'avance, nous avons des propositions. Ce qui est une belle évolution. Ce qui veut dire que aussi que les pays s'investissent et voient un bel évènement qu’ils ont envie d'organiser ».
Parlez nous de cette opération #twohearts ?
B. de Tham : « Cette opération de communication est lié aux Jeux Olympiques. Le but est de Toucher un public vaste. L'idée est de dire que c'est n'est pas juste un athlète qui court pour une médaille et une nation mais deux cœurs qui participent. C'est différent des autres sports comme l'athlétisme et donc le but est de mettre en avant le cheval qui est lui aussi un athlète. Cette opération veut montrer aussi que les sports équestres ont leur place aux JO. Tous les sports peuvent être remis en question. Pour ce qui est de la voltige aux JO, c'est quant on pourra. C'est toujours des discussions qui se jouent dans d'autres sphères. Mais pourquoi pas déjà dans les Jeux Olympiques de la jeunesse ».
Vous devez être membre pour ajouter des commentaires. Devenez membre ou connectez-vous