Les aliments pauvres en amidon
Pour ceux-là , il est logique, une fois la maladie diagnostiquée par le vétérinaire d’opter pour une alimentation pauvre en amidon et la première façon de le faire est d’alimenter les chevaux avec une part importante de fourrage.
Lorsque le fourrage ne suffit plus à couvrir les besoins, il est alors normal de se tourner vers des aliments dont la teneur en amidon est faible. Cela peut se faire en alimentation maison par exemple en changeant de céréale, en introduisant de la pulpe de betterave, des tourteaux… C’est aussi pour cela qu’un certain nombre de fabricants se sont mis à proposer des aliments composés à faible teneur en amidon.
Mais autant faire suivre un régime (puisqu’il s’agit de cela à l’instar du régime que doivent suivre les diabétiques) à un cheval qui a un problème est une démarche réfléchie, autant si on veut extrapoler à l’ensemble des chevaux, cela est plus discutable.
Or aujourd’hui, donner un aliment pauvre en amidon, c’est être un propriétaire responsable soucieux du bien-être de son cheval. C’est un peu comme la mode de l’aspartam ou des corps gras qui n’ont plus du beurre que la couleur de l’emballage.
Mais est-ce forcément une bonne idée ?
Renversons les rôles, voulez-vous ? Supposons que vous ayez à formuler un aliment sans utiliser l’amidon (ou le moins possible), comment pourriez-vous vous y prendre ?
Vous avez trois façons d’apporter de l’énergie à un cheval : les glucides relativement simples, les lipides et les fibres, les protéines restant anecdotiques. Donc sur notre étiquette, vous allez impacter 4 données : l’énergie (UFC), les glucides (amidon ou amidon et sucres), les lipides (Matières Grasses) et les fibres (Cellulose brute).
Vous voulez faire un aliment avec une teneur énergétique donnée car si votre client vous achète un aliment c’est tout de même parce que le foin ne suffit pas au cheval donc il faut bien que vous ayez un apport correct.
Dans l’ordre des apports énergétiques au kg, vous avez, du moins au plus énergétique : les fibres, l’amidon, les lipides.
Donc l’amidon, on baisse. Il n’y a plus qu’une solution : augmenter les teneurs en matières grasses. Comme les fibres sont beaucoup moins énergétiques au kg que l’amidon, elles ne peuvent à elles seules compenser. Donc vous ajoutez des lipides. Comme souvent les fabricants aiment que la densité de leurs aliments soit toujours la même, bref que le litre pèse toujours le même poids, pour éviter toute erreur en changeant d’aliment, on joue sur la teneur en fibres pour avoir la bonne « dilution ».
Voici un exemple de deux produits de la même grande marque :
 | Normal | Pauvre en amidon |
UFC / kg | 0,96 | 1 |
Amidon | 34,5 % | 14,5 % |
Cellulose | 9,5 % | 15 % |
Matières grasses | 4 % | 8 % |
Densité | 700 g/l | 700 g/l |
Comme vous le remarquez les consignes sont tenues, l’apport en énergie est le même à un borchiclope près, ainsi que la densité et l’apport en amidon a été plus que divisé par 2… Que demande le peuple ?
Pour réussir cela, on constate effectivement une augmentation de la teneur en cellulose et un doublement de la teneur en matières grasses.
En d’autres termes, on a remplacé un apport d’énergie surtout via l’amidon avec un peu de lipides par un apport basé sur les lipides avec un peu d’amidon. Pour prendre une image, on a diminué le pain de la tartine et augmenté le Nutella.
Le gamin est ravi… le cheval aussi car les lipides ajoutent à la flaveur de l’aliment.
Ceux dont la motivation pour ne pas donner des céréales est que ce n’est pas naturel, ne trouveront sans doute pas l’ajout de corps gras plus acceptable. Et au niveau nutritionnel, y a-t-on vraiment gagné ?
Comme disent les Normands : P’tet ben qu’oui. P’tet ben qu’non…
Catherine Kaeffer
http://www.techniquesdelevage.fr/
http://anneetcat.wix.com/techniques-elevage
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