Olivier Robert « Mon rêve ultime, les Jeux Olympiques »

Nous avons rencontré le cavalier bordelais quelques semaines après le jumping de Bordeaux, alors qu’il se préparait déjà à s’envoler vers la tournée américaine du Winter Equestrian Festival, à Wellington, afin d’y disputer notamment une Coupe des Nations avec la France. Il fait partie des cavaliers en forme du moment, et a connu avec sa jument anglo-arabe née en Lot et Garonne Quenelle du Py (Tresor du Renom x Mam’zelle de Buissy x Ryon d’Anzex), une progression fulgurante vers le plus haut niveau lors du dernier trimestre 2015.





Quel bilan global tirez-vous de votre saison 2015 ?


C’était l’année la plus difficile, puisqu’il fallait que Quenelle confirme son potentiel à haut niveau. Elle a alterné les concours de niveau 3*au niveau 5* et elle a quasiment été classée sur tous les Grands Prix qu’elle a pu courir. Je tire donc un bilan très positif parce que c’était l’année où il fallait confirmer.


Sur la fin de la saison 2015, Philippe Guerdat a décidé de m’envoyer dans quelques étapes Coupe du Monde (Lyon, Londres, Mechelen et Bordeaux) et c’était un véritable test. J’ai réussi à construire mon couple avec Quenelle et à gommer l’important degré d’irrégularité dont nous étions victimes. De plus, l’entrée de notre couple dans le groupe JO/JEM montre que la fédération nous accorde une certaine confiance et cela me rend très heureux.


Concernant le circuit du Grand National, je l’ai couru en demi-teinte cette année parce que Quenelle est passée au niveau au-dessus. Mais j’ai tout de même participé à quelques étapes qui m’ont permis de continuer à construire mon piquet de chevaux derrière Quenelle avec des chevaux comme Courage des Fegie (Cornet Obolensky), Fidel Castro vd Withoeve (Winningmood vd Arenberg) et Little A. (Quasimodo Z). Cette année je vais donc scinder mon groupe de chevaux en deux et continuer de courir sur le circuit du Grand National pour continuer de former et construire des chevaux comme je l’ai fait par le passé avec Raia d’Helby (Fergar Mail) ou Quenelle.





Pouvez-vous faire un point sur votre piquet de chevaux ?


Mon piquet de chevaux n’a pas réellement évolué. Les chevaux d’âge sont restés les mêmes à savoir Quenelle du Py AA en jument de tête, Fidel Castro vd Withoeve, Courage des Fegie, Tempo de Paban AA (Jarnac), Little A. et Radja de B’Neville (Allegreto).





Tout au long de l’année, on vous voit sur tous les circuits. Quelle est la recette secrète Olivier Robert ?


Il n’y a pas de recette secrète puisque je ne suis pas le seul à faire ça. Je ne veux pas arrêter la formation des jeunes chevaux parce que ça a toujours été mon réservoir pour faire du sport. J’estime que le circuit SHF est très sérieusement le plus adapté aux jeunes chevaux. On saute sur de bonnes pistes, les parcours qui sont proposés sont progressifs et nous amènent, pour la Grande Semaine, à sauter sur le Grand Parquet de façon merveilleuse. Je ne le fais pas avec un objectif impératif de qualification, mais de formation et de valorisation avant tout.


Pour le circuit national, j’ai la chance d’habiter dans le bordelais et les nationaux qui sont organisés sont formidables, et on a un outil de travail exceptionnel avec le Pôle Hippique Lou Chibaou de Barbaste.





Votre tournée hivernale de deux semaines à Oliva s’est très bien passée, comment l’analysez-vous ?


Il y a eu du très négatif jusqu’au très positif pour ne pas dire de l’exceptionnel. Donc j’en tire un bilan pas du tout mitigé parce que ça m’a permis de me rendre compte de l’état de forme de mes chevaux, de l’état d’évolution des nouveaux que je montais, de leurs progrès, là où je me suis trompé dans le travail de certains jeunes. Tout cela est hyper positif.





Tempo de Paban AA est souvent comparé à Itot du Château. Vous partagez cet avis ?


J’ai beaucoup discuté du cheval avec Michel Hécart qui était présent sur place. Il l’a vu progresser pendant les deux semaines de concours et effectivement les deux chevaux ont des points communs. Sauf qu’au même âge, Itot du Chateau avait déjà sauté la Coupe du Monde de Bordeaux. On a beaucoup de retard. Malgré cela c’est le cheval qui montre des capacités techniques, athlétiques et mentales qui font que c’est lui le plus apte à pour prendre la relève de Quenelle. C’est un cheval tellement atypique et tellement particulier que c’est lui qui décidera du moment où il veut le faire. Mais c’est un fait indéniable, il a franchi un palier extraordinaire cet hiver, notamment grâce au travail avec Andy Booth.





Comment avez-vous vécu le jumping de Bordeaux et quel bilan en tirez-vous ?


Le bilan de Bordeaux est exceptionnel parce que c’était le concours qui aurait pu m’écarter gentiment si je n’avais pas pu tenir « la distance » chez moi là où j’avais beaucoup plus de pression qu’à Londres. Ma jument a répondu présent. Le lendemain de ce concours elle était dans un état de forme exceptionnelle. Tous les feux sont au vert. Il y a une équipe autour de moi qui fait un travail remarquable.





Comment résistez-vous à la pression sur un concours tel qu’à Bordeaux ?


Je n’ai pas eu de pression à Bordeaux parce que je monte une jument qui est, pour moi, une star. Tout n’a pas été parfait dans mon Grand Prix Coupe du Monde mais elle est passée au dessus de tout ça donc, quand vous montez une jument comme ça qui n’est pas surexploitée et qui est largement du niveau des meilleurs, fatalement on n’a pas la pression. On a l’émotion parce qu’il faut attendre que le public s’arrête d’acclamer la jument quand elle rentre en piste. Avec un tel cheval, les choses sont faciles.





Quels sont vos objectifs pour 2016 ?


On ne va pas se mentir, il y a Rio. Être au mois de février et rentrer dans le groupe JO/JEM est une bonne nouvelle et c’est une preuve que la fédération croit en notre couple donc à partir de là, c’est à moi d’être, au mois juin au moment de la phase de sélection finale, d’être en forme. C’est après l’étape Coupe du Monde de Londres que Quenelle a intégré le groupe JO/JEM. C’est une décision qui a mûri dans le dernier trimestre 2015 pour le staff fédéral. Quenelle aura eu 5 week-ends sans compétition avant Bordeaux, puis 4 week-ends sans compétition entre le Jumping de Bordeaux et la tournée américaine du Winter Equestrian Festival à Wellington. Elle sautera le CSIO à Wellington avec la Coupe des Nations, puis elle sautera le 5* la semaine d’après. Pour la suite du programme nous allons l’établir avec Philippe Guerdat. La chose la plus merveilleuse serait de pouvoir être dans l’avion en cinquième. Je ne postule pas du tout à une place dans les quatre parce qu’il faudrait vraiment qu’il y ait un concours de circonstances important et de malchance pour les autres, ce que je ne souhaite absolument pas. Une première fois dans une équipe en étant cinquième, ce serait juste parfait. Les Jeux représentent mon rêve ultime. Quand tu trouves une jument qui en a les capacités, tu y penses tous les matins.