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Portrait : Axel Narolles : autodidacte surdoué

  • Axel Narolles et son cheval de tête Seltique (© ER)
    Axel Narolles et son cheval de tête Seltique (© ER)
Axel Narolles est le Bordelais qui monte. Déjà très régulièrement classé sur les épreuves Pro 2 et Pro 1, il participe depuis quelques années au circuit du Grand National avec succès. Classé sur l’étape finale du Grand National du Mans avec Qiouc d’Irleau, vendu suite à cela à Philippe Rozier, il participe aux épreuves Pro Élite aujourd’hui avec le fils de Dakar V : Seltique. Entouré d’une équipe restreinte mais très soudée autour de lui, tout est mis en œuvre pour lui permettre d’atteindre le haut niveau, toujours dans le respect du cheval. Axel Narolles et Julia Cuny Boutourlinsky, amie et propriétaire de Seltique, nous ont reçus dans leurs installations situées aux portes du Médoc pour répondre à nos questions.


Journal Le Cheval : Comment l’équitation est-elle entrée dans ta vie ?


Axel Narolles : Je suis né dans ce milieu. Mes parents ont une petite ferme équestre en Charente. Je me suis mis à cheval à l’âge de 10 ans environ, et je me suis installé à 21 ans chez Yves Boutourlinsky.




JLC : Avec qui as-tu travaillé pour arriver jusqu’ici ?


A.N. : Je suis plutôt autodidacte. Je communique beaucoup avec un peu tout le monde. Il n’y a pas une méthode précise mais l’idée est d’avancer sur tous les chevaux et je n’ai pas de coach attitré aujourd’hui.



Julia Cuny Boutourlinsky : Axel est pour moi un intuitif. Il a un instinct très important et il est curieux de tout. Il peut être amené à demander des conseils et souvent les conseils qu’il demande sont en rapport avec les chevaux qu’il a, et les difficultés qu’il rencontre. Il peut donc se tourner vers des personnes relativement différentes selon la relation qu’il a avec chaque cheval.


JLC: : Comment fonctionne ton système aujourd’hui ?


A.N. : Je suis entouré de quelques personnes de confiance qui jouent le jeu, les chevaux qui vont avec et le système commence réellement à prendre forme maintenant pour atteindre le haut niveau.


J.C.B : Aujourd’hui on fonctionne un peu « en famille » avec les moyens que nous avons et nous essayons de tout mettre en œuvre pour accéder à ce niveau-là. C’est un choix et un mode de vie. On va préférer partir en vacances à Oliva (Espagne) plutôt que de partir aux Bahamas. C’est aussi notre plaisir en tant que propriétaires d’accompagner nos chevaux et de les voir évoluer avec Axel. On est proches de nos chevaux et je ne pense pas qu’on puisse être qualifiés d’investisseurs avant tout. Si nous devons transporter nos chevaux nous-mêmes, nous le faisons. Nous ne sommes pas dans la rentabilité à tout prix mais dans la passion … Et la passion, ça a un prix.


JLC : Quel est ton effectif de chevaux ? (jeunes chevaux et chevaux d’âge)


A.N. : Je monte Seltique (Dakar V x PS) depuis quelques années maintenant. C’est mon cheval de tête et la locomotive. Avec lui j’évolue aujourd’hui sur des épreuves de niveau GP 150 et je débute les GP 160 en 3*. J’ai ensuite derrière lui Vegas Star (Castronom Z x Veneur de Baugy), propriété de Jezabel Boucher et Sigrid Codarini, qui a 7 ans et démarre les épreuves à 140. Dominant 2000 Z (Diamant de Semilly x Cassini I) qui je pense d’ici 2 ans fera au moins du niveau 3*. Je monte également un cheval de 4 ans acquis comme Dominant aux ventes Fences qui s’appelle Gordon du Sartiau (Baltik Sitte x Denver), propriété de Yves et Florian Pechoux. Et ensuite je monte tous les chevaux d’élevage que fait naître Yves Boutourlinsky, Haras du Mascaret.


JLC : Qu’est-ce que le Grand National t’a apporté ?


A.N. : Je me suis mis sur la hauteur, j’ai dû apprendre la rigueur des tracés et à respecter les contrats de foulées, ce qui était problématique à l’époque avec Seltique. J’ai pu relativiser les difficultés parce que des épreuves à 150, nous n’en avons que très peu dans la région. Ça me permet aussi de côtoyer des gens qui travaillent différemment, et je regarde les détentes des cavaliers de haut niveau, ce qui me permet aussi d’apprendre.


JLC : Comment as-tu vécu ta première expérience en CSIO4* à Lisbonne ?


A.N. : C’était très enrichissant. C’était vraiment au dessus du lot. La piste était fantastique, l’organisation irréprochable. Je n’avais fait le déplacement qu’avec mon cheval de tête car les autres ne sont pas encore prêts à ce niveau-là. Techniquement, c’était très intéressant et à aucun moment je n’ai senti ni mon cheval, ni moi-même dans le rouge, donc c’était très positif. Je fais des fautes d’inexpérience sur le GP mais c’était riche d’enseignements.


JLC : As-tu passé un cap après ce concours ?


A.N. : Je pense que nous sommes en plein dedans. C’est pour ça qu’il ne faut pas lâcher et que nous avons établi un programme précis, à savoir le CSI3* de Lons le Saunier, et deux autres 3* en juillet (Megève et Vichy). On a décidé de garder le cheval sur la hauteur et sur la fraîcheur. C’est pour ça qu’on ne le verra pas trop courir cette année sur les concours régionaux.


JLC : Quels sont tes objectifs ?


A.N. : Essayer d’aller le plus haut possible, toujours dans le respect des chevaux.


J.C.B : Pour ma part, l’objectif est de garder le cheval (Seltique ndlr) à ce niveau-là et de poursuivre sa formation, continuer de le voir progresser sur les 3* et plus. Je pense que cette année on va avoir des résultats un peu en dessous parce qu’il va falloir monter la barre un peu plus haut, comme sur la première 160 (lors du CSIO3* de Lisbonne ndlr). Malgré 3 barres, cela reste une belle performance pour ce jeune couple. Pour les autres chevaux, Dominant 2000 Z (Diamant de Semilly x Cassini I) que nous avons acheté aux Fences est un très bon 6 ans qui commence à avoir de belles performances lui aussi et je pense qu’il sera un très bon 7 ans. Il y a encore de la progression à obtenir dans son dressage mais c’est un cheval vraiment sérieux qui pourrait être une relève de Seltique. Il gagne les 6 ans à deux reprises sur le CSIYH2* à Royan et il classe 3 parcours sur le CSIYH3* à Oliva avec une belle concurrence internationale. On va continuer à le former car pour moi il est encore dans une année de formation.


JLC : Pourquoi avoir choisi de travailler avec Axel ?


J.C.B : Axel est avant tout une connaissance de mon mari depuis 13 ans. C’est un membre de la famille quasiment. Yves, mon mari, à l’origine, cherchait une propriété avec quelques boxes pour y mettre ses chevaux, et pour monter pour son loisir. Il est tombé sur cette propriété à vendre qui comptait une vingtaine de boxes. Il connaissait Axel déjà depuis plusieurs années. Il a décidé d’acheter cette propriété à condition qu’Axel vienne s’y installer. Yves étant expert comptable, il élève des chevaux de sport pour son plaisir. Axel a accepté et il a eu sa première écurie de cette façon-là à Léogean. A ces débuts, il gérait toute la partie équestre. Au fil des années, le haut niveau commençant à prendre beaucoup de temps à Axel, nous avons modifié la façon de fonctionner de l’écurie. Aujourd’hui l’écurie de Léogean est une association de propriétaires que nous gérons avec mon époux, et Axel est totalement déchargé de la partie gestion. Il assure le suivi des cavaliers propriétaires, leur coaching, il travaille leurs chevaux et nos jeunes chevaux, mais il est surtout là aujourd’hui pour atteindre ses objectifs de haut niveau. Ce qui signifie passer de plus en plus de temps à l’extérieur. On le préfère aujourd’hui sur les hauteurs que sur le tracteur !


JLC : Selon quels critères choisissez-vous les chevaux ?


J.C.B : Nous ne choisissons pas les chevaux selon les mêmes critères et pas toujours ensemble. En tant que femme, j’attache beaucoup d’importance à mon intuition. Je regarde en premier lieu leurs yeux, c’est un critère primordial pour moi. C’est extrêmement révélateur de ce qu’ils sont. Et ensuite c’est selon mon feeling avec le cheval. Ce fut le cas avec Seltique. Au départ Seltique était un achat pour un investissement. On m’a présenté d’autres chevaux qui étaient bien mieux nés, bien plus beaux physiquement et malgré tout je me suis arrêtée sur ce cheval-là parce qu’il avait un regard incroyable vis à vis de la barre, et un sens de l’abord tout aussi incroyable pour un cheval de 4 ans et demi. J’ai vu en lui un vrai guerrier, doué, et intelligent, ce qu’il nous montre aujourd’hui. J’ai toujours cru en ce cheval et nous n’avons pas toujours été d’accord avec Axel (Ce dernier acquiesce). Nous avons dû faire des choix stratégiques qui n’ont pas toujours été faciles à vivre pour le cavalier, parce qu’Axel est un gagneur. Faire une saison sans classement c’est compliqué pour un cavalier qui veut être au prix. On a fait un premier choix qui a été de mettre le cheval sur la hauteur sur le circuit du Grand National, qui est un circuit difficile. La première saison a été compliquée pour le couple, mais pleine de certitudes malgré tout. Ce fut donc une première année formatrice pour le cheval et le cavalier. Il a fallu une saison pour qu’ils se comprennent et qu’ils s’apprennent, et aujourd’hui on a des résultats très satisfaisants et prometteurs. Le cheval n’a que 10 ans, on a eu de très belles performances l’année dernière et on confirme cette année avec un très bon début de saison, donc je suis pleine de confiance. Je pense que dans deux ans ce sera un crack couple.


30/06/2016

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