- Toute l’actualité du cheval et des sports équestres

« La France vous regarde »

L’assemblée générale d’Adeclor (association des éleveurs de Lorraine) le 9 mars à Rosières-aux-Salines a été l’occasion d’un double événement : la remise de la médaille d’officier du Mérite agricole à Alain Lehmann par le président du conseil général de Meurthe-et-Moselle, Michel Diné et une présentation d’étalons du cru lorrain tourné vers les loisirs. Photo 1 sur 10

L’actualité d’élevage en Lorraine, c’est évidemment la création de la Scic du haras régional de Rosières, prolongement naturel des activités de feu le haras national plongé dans les mutations que l’on sait. « Que de chemin parcouru » dira René Mangin, « Monsieur cheval » du conseil général en évoquant d’une part le lieu dans lequel se tenait cette assemblée, le nouveau manège et sa salle de réunion-restauration, d’autre part la création de la coopérative « Haras régional de rosières ». Le dynamisme lorrain passe par ces deux réalisations, l’une imaginée il y a une dizaine d’années, l’autre montée « TGV » dans le courant de l’année dernière et opérationnelle depuis le 1er mars avec une salariée et deux vacataires, ex-agents des HN. Il y a un an, il n’avait rien d’autre que des questions et des hésitations. Derrière ces réalisations, un homme, Alain Lehmann, qui a su fédérer les énergies. Aujourd’hui, la coopérative fonctionne. C’est le seul modèle économique installé dans ce contexte de reprise d’activités d’étalonnage de l’Etat. « La France vous regarde » dira le maire de Rosières, très heureux que l’économie du cheval perdure et se développe sur sa commune. Commune qui fait d’ailleurs partie des membres associés de la coopérative. 

Dans cet environnement qui bouge, Adeclor va son bonhomme de chemin. Bernard Morhain son président n’était pas d’un optimisme débordant, à la recherche de solutions « les moins mauvaises possible » pour avancer et trouver des recettes pour combler un manque à gagner somme toute important mais appuyé heureusement sur une trésorerie positive. Adeclor a réduit sa voilure promotionnelle : finis, les salons à l’étranger; reste Agrimax à Metz et la Grande Semaine de Fontainebleau. 580 chevaux ont été jugés sur 18 concours en 2012. Bernard Morhain appelle à la mobilisation : il faut voir les foals pour toucher les primes, 3 à 5 lieux de concours ont été choisis par département pour limiter les frais de déplacement. Il faut présenter  des chevaux à la Garde : 8 sont inscrits pour le moment, ce n’est pas suffisant. Le risque, c’est que les institutions ne viennent plus, faute de choix. La commercialisation a été l’occasion d’un bon débat. Si les cavaliers sont les grands absents de ce genre de réunion, il faut trouver une solution pour favoriser les rencontres. Dominique Francin du haras de la Vannoue, éleveur et organisateur de concours, a parlé de son initiative de réserver des boxes à des chevaux (jeunes ou vieux) pour être présentés aux cavaliers lors de ses concours. Il a proposé cette opportunité aux éleveurs qui souhaitent le rejoindre. Il est en effet évident que les éleveurs doivent être présents sur les concours pour faire connaître leur production. Jean-Louis Pinon, président du CRE et du Conseil du cheval, souscrit à cette initiative et précise que les journées Equifilor d’octobre s’inscrivent dans ce registre de rencontres cavaliers-éleveurs mais regrette de ne pas y voir beaucoup d’éleveurs.

Le dressage en pointe

Le CSO est certes la discipline phare mais le dressage, à la faveur d’Adeclor et de Claire Mozat sa chargée de projets, a pris un essor important depuis quelques années. « C’est une bonne image de la Lorraine qui est véhiculée, estime Bernard Morhain. Les cavaliers qui viennent de partout en France  apprécient nos installations et l’organisation de ces concours. Il faut soutenir et encourager cette action ». La Lorraine a un bon réservoir de chevaux de Complet. Ocarina du Chanois et Noonday de Condé en sont deux exemples (meusiens) flagrants. Pascal Trassart, spécialiste du genre lui aussi, déplore qu’il n’y ait pas plus de parcours de cross en Lorraine pour valoriser cette production. Thibaut Bazin, maire de Rosières, répond qu’un projet de tracé est en cours sur le site, de même que  l’extension de parkings.

Les Ardennais ont leurs fervents supporters en Lorraine. Alain Robert (Puzieux) fut d’ailleurs félicité pour sa 1re place en modèle et allures au salon de l’agriculture avec Vodka des Rappes. Ushuaïa du Vallon à Ursula Peupion s’y classa 2e. Depuis octobre dernier, l’IFCE propose une formation à l’attelage aux jeunes chevaux ardennais. Damien Lambotte est spécialisé dans cette éducation à l’attelage et à la traction. Cinq ou six chevaux y sont en permanence au travail pendant cinq semaines et pour un coût de 600 € subventionné par la DRAAF à 50 %. Le vent « cheval territorial » qui souffle sur la France peut assurer un débouché à ces chevaux dont la production part majoritairement à la boucherie. Un cheval ardennais dressé à l’attelage se négocie généralement autour de 3 000 €. Les grands sujets du moment -à côté du scandale des lasagnes à la viande de cheval- sont l’éligibilité du cheval à la PAC et la TVA. Le temps a manqué pour en parler mais Bernard Morhain pense que raisonnablement le 2e pilier de la PAC offre une opportunité. Quant à la TVA où l’obscurantisme est de rigueur, voir nos conclusions en page 2.

Marion Gonand de l’IFCE a fait un résumé des statistiques économiques de la filière. La baisse de la  en Lorraine est de 14 % toutes productions confondues.

« Une juste récompense »

Michel Diné en personne est venu remettre la distinction à Alain Lehmann, l’actuel gérant de le SCIC haras régional et président du pôle hippique lorrain. « La vie d’Alain Lehmann, dit-il, est intimement liée au monde du cheval. A l’exception d’une parenthèse de 18 mois -son service militaire-, il a toujours su faire coïncider sa passion pour la filière équine et sa carrière professionnelle, essentiellement marquée par 40 ans d’activité dans l’agro-alimentaire et plus spécifiquement la nutrition animale. Son engagement associatif personnel a indéniablement constitué un des points d’appui du partenariat impliquant le département mais également l’Etat et la région pour soutenir activement une filière aux dimensions multiples. Hier président d’Adeclor, aujourd’hui président du pôle hippique et dirigeant de la coopérative, il va poursuivre une belle trajectoire cohérente avec son passé personnel comme avec les intérêts du monde du cheval. Le travail engagé sur le site est reconnu au niveau national comme à l’étranger avec, au passage, un meilleur accès aux marchés polonais, hongrois, russe ou chinois de la reproduction équine ». 

Au moment de lui épingler la médaille, Michel Diné souligna que l’austérité de l’homme n’avait jamais été un obstacle au respect des engagements et de la parole donnée. Bien au contraire.

Tour à tour, Christian Haessler, René Mangin, Hervé Ledoux, Alain Gilot (qui quitte Rosières), Jean-louis Pinon et Bernard Morhain ont salué les mérites de celui qui donna une impulsion décisive à l’élevage et à l’évolution du site de Rosières. Nous nous y associons bien évidemment et lui adressons nos chaleureuses félicitations.

Couleur et diversité génétique 

L’après-midi s’est prolongé par une présentation d’étalons à orientation loisirs sportifs avec des chevaux issus ou en activité dans la région. Seule exception, la présence du haras du Bois Margot en raison d’un partenariat avec la Scic organisatrice. Aux côtés de Canturo, de Champs Elysées, de Cap Kennedy, d’Haloubet de Gorze, d’Orlando, de Dandy du Plapé, on vit quelques beaux spécimens des races Paint Horse, Appaloosa des élevages lorrains de Jacky et Anne Philipps de Sarrebourg, d’Isabelle Neu de Wittring, d’Anne Renaud d’Ofrroicourt, de Pierre Francioni de Langres (venu avec quatre étalons); les Akhal Teke d’Héloïse Ghirardi et de Fabienne Lentz. Au micro, Pierre Fontaine fit une animation de qualité fort bien documentée. Idem de B’neville, fringant comme un jeune cheval, revient sur le devant de la scène sportive avec sa cavalière Marlène Gaspard. Le couple sera de toutes les préparations en vue des championnat d’Europe jeunes cavaliers.

Etienne Robert

14/03/2013

Actualités régionales