Artérite virale à Rosières : « sous contrôle »
Or, il n’en est rien. L’affaire de l’AVE relève uniquement d’une communication complexe à gérer. Il aurait en effet fallu faire savoir aux étalonniers qui présentaient des chevaux à ce salon qu’il y avait eu une contamination au printemps 2019 mais qu’à ce jour de février 2020 (le 17) - preuves de l’expert vétérinaire à l’appui - les conditions étaient normales et que, en accord avec la DSV, il avait été convenu de maintenir l’événement d’élevage, ce salon ne présentant aucun risque sanitaire. Ce n’est que le vendredi 14 que le conseil de surveillance de la Scic de Rosières eut confirmation que le site ne présentait aucun danger.
« Nous n’avons pas eu la possibilité d’informer les étalonniers avant le salon, indique Claude-Yves Pelsy, un des propriétaires du PS allemand It’s Gino et président des AQPS du Centre-Est. Cette maladie infectieuse est contrôlée très rigoureusement dans le monde des courses. La contamination provient malheureusement de chevaux de selle qui, eux, ne sont pas sous le même protocole sanitaire. Les investissements en cours de la part de la Région permettront de mettre le site du Haras de Rosières aux normes sanitaires européennes et ainsi éviter que ce genre d’épisode ne se reproduise. Il est toutefois à noter qu’aucun cheval n’en a de séquelles. La contagion ne durant qu’environ 2 semaines, les juments arrivées en juin n’ont pas été contaminées et sont négatives.
Par contre, nous avons à déplorer que le PS Indomito est devenu excréteur et a dû être sorti de la monte, avec deux étalons de selle ».
Les faits et les mesures prises
Fin janvier 2020, lorsque certains éleveurs de Pur-sang et AQPS de l’Est ont réalisé des prélèvements sanitaires de leurs juments en prévision de la saison de monte, ils ont découvert quelques juments positives à l’artérite virale.
Après enquête, ils ont constaté qu’une contamination avait en fait eu lieu en mai 2019 sur le site de Rosières aux Salines.
• Le cas des mâles excréteurs dans le sperme
Dans le même temps en ce début d’année, les prélèvements sanitaires obligatoires pour la demande de carnet de saillie des étalons ont été réalisés par le vétérinaire sanitaire et des résultats positifs en sérologie sont revenus sur certains individus.
Parmi les mâles stationnés sur le centre et dont les prélèvements ont été effectués, trois sérologies positives ont été connues. Dès lors ces étalons ont été placés à l’isolement dans une écurie séparée avec des lieux d’exercice qui leur étaient réservés, un second prélèvement sanguin a révélé un taux stable, plus aucun risque de contagion par voie respiratoire n’était à craindre. Une virologie (recherche dans le sperme) a indiqué le 14/02/2020 que ces étalons étaient à ce jour excréteurs du virus par voie sexuelle.
A la réception de ces résultats, la décision a été immédiatement prise de sortir ces étalons du site du Haras et de les placer sous vigilance vétérinaire en clinique où ils sont isolés afin de leur apporter les soins nécessaires. L’écurie où étaient stationnés ces chevaux a subi un nettoyage, une désinfection et un vide sanitaire.
• Un épisode maîtrisé avant le salon des étalons
Lors du salon du étalons de Rosières aux Salines le 16/02/20, les étalons stationnés dans les écuries historiques étaient dans des écuries désinfectées et où aucun étalon n’avait séjourné à aucun moment. L’écurie qui avait été utilisée pour l’isolement était vide et fermée à clé afin que personne ne puisse y pénétrer. Les seuls étalons présents et présentés par la SCIC étaient conformes sur le plan sanitaire et peuvent entamer leur saison de reproduction sans aucun risque pour les juments, It’s Gino l’a déjà fait.
• Des mesures de biosécurité augmentées pour éviter tout nouvel épisode
Une réorganisation des écuries, circuits de déplacements des chevaux et du personnel, mise en place de mesures de biosécurité, barrières de circulation pour les véhicules … ont été validés par le Vétérinaire de l’IFCE en charge de l’enquête épidémiologique, la DDPP instruit actuellement le dossier (lire ci-dessous).
« Aujourd’hui, indique la direction de la Scic, la situation est sous contrôle. Les mesures nécessaires ont été prises. A ce jour, aucun animal contaminant n’est présent sur le site de Rosières. La Scic se tient à la disposition de ses clients pour toute information : harasderosieres@gmail.com »
Le témoignage du Dr Marie Delerue, vétérinaire, expert sanitaire
« L’Ifce (en particulier l’expert sanitaire du Pôle développement, innovation et recherche, ainsi que la Direction Territoriale Est) a participé à la gestion des trois cas d’artérite virale qui ont touché la SCIC du haras de Rosières. Cette collaboration entre un pôle national et la délégation territoriale a permis d’apporter une expertise de proximité et un suivi au quotidien des mesures mises en place.
L’artérite virale a circulé au haras de Rosières pendant la saison de monte 2019. Aucun signe clinique n’a été observé ni sur les étalons ni sur les juments stationnés au haras pendant la saison 2019. Seule la réalisation de nouveaux tests sanitaires vis-à-vis de l’artérite virale en préparation de la saison de monte 2020 a permis de révéler cette circulation antérieure du virus et le portage du virus dans l’appareil reproducteur de trois étalons qui excrètent donc le virus dans leur sperme.
L’artérite virale étant une maladie réglementée, une confirmation par le laboratoire national de référence (LNR) pour l’artérite virale est obligatoire avant la publication d’une alerte par le RESPE. Les étalons ont été confirmés positifs dans leur semence par le LNR le 7 pour le premier et le 17 février 2020 pour les deux autres.
Ces étalons représentent un risque modéré puisqu’ils sont excréteurs uniquement dans leur semence et non plus par voie respiratoire. Un cheval infecté ne reste excréteur par voie respiratoire que pendant maximum 30 jours après sa contamination. Depuis le 14 février 2020, ces étalons sont isolés à l’extérieur de la SCIC. Seuls les étalons négatifs vis-à-vis de l’artérite virale étaient donc présents à Rosières pendant le salon des étalons ayant eu lieu le 16 février. Les écuries hébergeant précédemment ces étalons ont été nettoyées et désinfectées et soumises à un vide sanitaire.
Pour la saison de monte 2020, des mesures de prévention supplémentaires ont été mises en place (circuit des équidés, pédiluves, distributeurs de gel hydro-alcoolique…) pour éviter l’entrée et la circulation du virus dans la structure ».
Recueillis par ER
Vous devez être membre pour ajouter des commentaires. Devenez membre ou connectez-vous