Des chevaux dans la ville !
Après 10 ans d’investissements pour le sport, la municipalité touquettoise est en train de réussir son pari : faire communier la nature, le golf, le tennis, les résidents et les vacanciers avec les multiples pratiques équestres.
Au lendemain du CSI 3* du Touquet, événement international phare pour le parc équestre municipal, force est de constater que cette compétition accueille chaque année des cavaliers de plus en plus satisfaits des conditions sportives. Les ingrédients de la recette de l’équipe organisatrice sont désormais connus : un cadre naturel unique préservé et aménagé, une entrée libre et gratuite, un public initié mais aussi néophyte et des attractions prévues pour tous les visiteurs.
Au-delà du sport, le jumping du Touquet est devenu un événement local grand public, à l’image des mythiques et désormais rares terrains en herbe de La Baule, Dinard, Fontainebleau, Maubeuge. « C’est une volonté de la ville de ne pas dépasser les trois étoiles, car ce jumping doit rester accessible aux cavaliers d’obstacle de tous horizons » explique François Devulder, ancien directeur du parc équestre. Il fut à la tête de l’organisation de l’événement pendant plus de 10 ans (NDLR : de 2008 à 2019).
Ayant récemment quitté ses fonctions, c’est Jonathan Milon, son ancien bras droit qui a repris le flambeau. Le successeur et précédemment responsable pédagogique de l’école d’équitation est désormais à la tête d’une vaste entité municipale. Il se dit « honoré de diriger cette structure unique en France. Cinquante hectares dédiés aux activités équestres, accessible à tous et tout le temps, ce n’est pas rien ! Nos cavaliers ont plus de cinquante kilomètres de pistes cavalières forestières, ainsi qu’une plage immense à leur disposition. Nous vivons dans un cadre digne d’une carte postale. »
Si la qualité reconnue du terrain en herbe n’est pas étrangère au succès rencontré par les récents événements internationaux, cette compétition s’inscrit aussi dans une politique équestre de la ville qui porte à réfléchir sur le devenir de notre sport favori.
Jonathan Milon précise : « la structure accueille un public très large et varié. Avec le temps nous avons réussi à ouvrir nos portes et à développer un coaching spécialisé, adapté aux différents cavaliers qui peuvent se retrouver entre nos murs, et partager ensemble nos expériences équestres. Le bien-être des chevaux et de nos clients est notre priorité. »
A lui d’ajouter : « Nous faisons en sorte que chacun puisse trouver son bonheur ici. »
Ainsi, les écoliers, le public en situation de handicap, les cavaliers propriétaires, de club, de loisir, de dressage, d’obstacle, les férus de balades, les compétiteurs et les clients hebdomadaires peuvent bénéficier d’un accompagnement ou coaching à la carte.
« Notre école d’équitation n’a pas vocation à contenter tout le monde (NDLR 300 boxes au total) car cela demanderait trop d’enseignants par rapport au nombre total d’adhérents » explique M. Milon. Il souhaite respecter le domaine de compétences de chacun. Cela sonne comme une philosophie chez lui. Quelques partenariats sont ainsi consentis avec des cavaliers professionnels à qui il est offert de proposer leurs prestations d’enseignement au sein de la structure, en parallèle de l’activité dite « de club ».
« La collaboration se fait au quotidien et en toute transparence avec les dirigeants » indique Janick Goetgheluck, adjointe aux sports de la municipalité touquettoise.
Hors les murs du parc équestre, c’est depuis quelques années toute la ville qui s’est ouverte aux chevaux, faisant de cet endroit une sorte de monde merveilleux pour les cavaliers. Imaginez donc un lieu entre mer et forêt, où les voitures s’arrêteraient, conducteurs souriants et admiratifs, pour regarder passer les cavaliers avant même qu’ils ne témoignent l’envie de traverser une chaussée ! Un monde où les résidents à l’année auraient un tarif préférentiel sur toutes les prestations équestres, et où le sport études serait proposé à tous les écoliers du secteur dès le plus jeune âge. Là-bàs, tout cavalier, quel que soit son niveau pourrait choisir chaque jour s’il souhaite monter à cheval à la plage, en forêt ou dans des carrières de compétition.
Ce monde existe, mais il a un coût supporté (avec plaisir) par le contribuable local qui jouit ainsi d’une culture sportive omniprésente vectrice de valeurs éducatives, de spectacles et aussi de promenades familiales hors du commun !
Le parc équestre est par conséquent investi de quelques missions d’utilité publique, et se doit d’assumer la politique sociale de forte démocratisation du sport entretenue de longue date. Au programme dès l’école maternelle : golf, tennis ou équitation pour tous, à moindre coût, dans un cadre naturel et écologiquement préservé.
Tout cela a un prix malheureusement. « Le parc équestre endosse aujourd’hui tous les frais de fonctionnement annuels permettant l’organisation des activités équestres et non équestres y ayant lieu. » Mme Goetgheluck, adjointe aux sports de Liliane Lussignol différencie « trois comptabilités regroupées sous l’entité Parc Equestre du Touquet. Cette dernière comprend une école d’équitation, une activité événementielle régulière, ainsi que l’entretien global quotidien de l’ensemble du parc. »
Malgré la lourdeur des responsabilités financières engendrées, le parc équestre défend avec fierté les couleurs locales, et souhaite que les infrastructures profitent « au plus grand nombre. »
Ainsi, les cavaliers et chevaux du Touquet assistent, cinquante jours par an, à des rendez-vous de tous ordres. Les organisateurs diverses peuvent y bénéficier de la bonne tenue du site. Entre autres, un parking pour la célèbre Enduropale (course de motos et quads sur la plage), du tir aux hélices, des compétitions de jeux de quilles, du tir à l’arc… Les chevaux sont habitués à tout !
Pour autant, l’adjointe assure « garder le cap » en insistant sur « l’importance du développement de l’école d’équitation et de la politique de préservation environnementale résolument tournée vers la modestie et le futur. »
L’avenir écologique étant « au cœur des préoccupations de la municipalité, l’équipe municipale travaille depuis peu à la remise en état d’un forage qui avait été creusé il y a plus de 10 ans » confie Janick Goethgeluck. Les économies d’eau pharaoniques que cela représenterait pour la ville permettront certainement de réduire encore un peu les coûts d’entretien des immenses espaces verts du parc équestre, et ce dans un avenir proche.
Dans un monde où le futur des cavaliers semble s’assombrir, il est réconfortant de savoir que certains lieux se démarquent par leur volonté de démocratisation.
A en croire le jeune et nouveau directeur, « le nombre d’événements équestres devrait aller crescendo dans les années qui viennent, avec le projet de création d’une troisième arène sportive au cœur de l’hippodrome. » De quoi faire profiter à moyen terme les pratiquants de toutes contrées de ce cadre idyllique. Affaire à suivre.
Thomas Stempfer
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