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Etienne Cournault : l’élevage en toute simplicité

Fils et petit fils de directeurs des Haras de Rosières-aux-Salines, Etienne Cournault s’est logiquement construit autour des chevaux. Depuis 28 ans que l’élevage de Bédon existe, Etienne est sans conteste une personnalité dans le monde de l’élevage Photo 1 sur 3
lorrain.

Dans la famille Cournault, les chevaux sont affaires d’hommes : ?« Mon grand père ainsi que mon père avaient la passion des chevaux. Mais, c’est en travaillant chez mon oncle qui n’avait que des bovins (Elevage de Cuite Fève, à Rosière-aux-Salines, ndlr) que j’ai commencé à acheter des chevaux. ». Mais au bout d’une quinzaine d’années, Etienne est obligé de quitter cet élevage car son cousin, héritier légitime de l’endroit, s’y installe. L’histoire pourrait s’arrêter là. Mais c’était sans compter sur sa détermination et un peu de chance : « L’un des frères de mon père exploitait des terres du côté de Nancy. Mais à l’époque il n’y avait rien, sauf des prés qui accueillaient des bovins l’été. Il n’y avait pas de chemin et la maison était en ruine ! Célibataire, cet oncle m’a légué ses terres ». C’est là, sur cette propriété connue sous le nom de « Bédon », qu’Etienne a construit son élevage.

Ce que la petite histoire ne dit pas, c’est que ces terres (soit 100 ha) sont idéalement situées aux portes de Nancy, derrière la zone industrielle de Fléville. En 1980, quand Etienne et Véronique, son épouse, se sont installés, il fallait avoir de l’imagination et surtout de la pugnacité pour qu’un tel projet voie le jour. « Nous n’avions ni eau et ni électricité au début. Les prés n’avaient pour ainsi dire aucune clôture. C’était vraiment épique ». Dès 1983, Etienne triple le nombre de ses poulinières, tout en continuant d’acheter des poulains.

A l’élevage de Bédon le commerce est une chose, mais la compétition en est une autre car elle permet la valorisation. C’est pour cela qu’Etienne a toujours tenu à garder durant leurs premières années de concours les chevaux qui lui paraissaient prometteurs. C’est le cas de Kerry (Totoche du Banney et Venus de Charmois) ou d’Odyssée (Easy Boy et Héroine du Moulin), qui ont été sortis en concours la saison dernière par le cavalier international René Lopez, ex-associé d’Etienne désormais installé dans les Vosges. Odyssée était finaliste à Fontainebleau. « En élevage il y a une grande part de hasard. Que Kerry ait les capacités et la qualité qu’on lui connaît, c’est un peu une surprise. Sa mère a de modestes origines (Pur sang) et n’avait pas fait grand-chose. Mais comme quoi, l’élevage reste très aléatoire».

« La loterie de l’élevage »

Aléatoire... Et pourtant, la ferme de Bédon a eu plus d’un grand cheval dans ses écuries comme Crintal (Odieuse V x Printal) qui a gagné une étape Coupe du Monde et a fait les jeux panaméricains ou encore Don Diego (Tresor de Cheux*HN et Icone de Cuitfev), qui a fait des Grand Prix avec René. « Produire ou avoir de bons chevaux ce n’est pas si difficile. En revanche, les débourrer et les prendre comme il faut c’et autre chose. Des cracs, il y en a plein. Seulement on ne les voit pas. Car faire un bon cheval demande beaucoup de temps, de patience et d’écoute». Mais tous les chevaux ne nourrissent pas les mêmes espoirs de leurs naisseurs. C’est pourquoi Etienne n’a jamais hésité à se construire un réseau qui lui permet de ?« dégraisser » ses effectifs lorsque nécessaire : «Depuis une dizaine d’année, je travaille beaucoup avec Wilfrid Pierro, un cavalier du Sud. Cette collaboration m’a permis de vendre une soixantaine de chevaux. »

Mais c’est lorsqu’on parle courses qu’Etienne à les yeux qui pétillent. Car il n’y a pas que des chevaux de CSO à Bédon. « Mon premier poulain de course est né il y a 22 ans. Il se nommait Upercut. Il a gagné environ 1 million de Francs par ses places à Auteuil, Deauville, Nancy, Strasbourg, Vittel... Sa mère, Elle Belle, m’avait été donnée à l’époque par un ami, Gérard Paul Lévy, qui commençait alors à entraîner ». Mais cet élevage n’est pas aussi intensif que l’élevage des chevaux de sport puisqu’il n’y a qu’une petite dizaine d’ AQPS dans les écuries. Cette partie de l’élevage est son péché mignon.

« Les chevaux et la crise »

« Depuis 2 ans le commerce décline. Les acheteurs ont de moins en moins de budget, et c’est encore plus vrai aujourd’hui avec la crise. Nos chevaux sont des investissements sur le futur (soins, nourriture, travail etc.). Ce sont les ventes qui nous permettent de vivre. Nous ne pouvons donc pas baisser plus les prix. Pour donner une fourchette, un bon 2 ans se vend entre 5 et ?6 000 €. » Quant au futur, Etienne garde un rêve : faire sur son terrain un site de concours indoor ressemblant à celui de Marcel Rozier à Bois-le-roi (77). Seulement, «les pouvoirs publics ont préféré le site de Rosières aux Salines. Du coup mon projet est au point mort. Pourtant personne ne pourra m’ôter de l’esprit qu’il manque un site innovant en matière de concours dans l’Est de la France. D’autant plus que les hivers sont longs par ici et qu’on pourrait aisément faire au moins deux concours par mois si un tel projet voyait le jour.»

Alix Thomas

18/12/2008

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