L’alimentation des chevaux d’élevage

Sans vouloir offenser les cavaliers de concours, il est remarquable de constater que l’alimentation des chevaux d’élevage est beaucoup plus technique que celle des chevaux de sport. L’impact de l’alimentation chez la poulinière est déterminant pour la performance à venir de ses produits. Le marché des aliments pour chevaux d’élevage s’est adapté. Il est devenu très technique et relativement simple à comprendre.

Les mises bas débutent en février pour les races précoces (Pur-sangs de plat) à juillet pour les plus tardifs. Les besoins des chevaux d’élevages sont caractérisés par un besoin en protéines et minéraux très supérieur aux chevaux adultes. Mais ce n’est pas tout. Le besoin énergétique des poulinières est également vertigineux aussitôt qu’elle a mis bas. On pourrait presque dire que la poulinière en début de lactation n’est plus du tout le même animal que celle qui jusque-là portait tranquillement son fœtus. C’est presque un peu effrayant lorsqu’on doit calculer une ration de début de lactation. C’est un peu comme si son métabolisme s’emballait pour pouvoir assurer une lactation de qualité à son poulain.

Si l’on compare les besoins de la poulinière par rapport à ceux d’un cheval de Grand Prix de CSO, on comprend mieux que l’alimentation des chevaux d’élevage est beaucoup plus technique que celle des chevaux de sport (sic).

Dans ce domaine, on doit attirer l’attention sur le travail qui a été initié par le Pr Wolter en 1995. Ce dernier avait la conception suivante du rôle d’une équipe scientifique : allons voir sur le terrain ce qui marche le mieux et le moins bien, ensuite nous pourrons en tirer des conclusions. Ainsi, il a mis en place le programme ESOAP (Elevage statut ostéo articulaire et performance), un chantier d’observation d’un grand nombre de haras en Base-Normandie. De très nombreuses radiographies des poulains produits par ces haras ont ensuite été réalisées pour mettre en évidence la relation alimentation et solidité osseuse des poulains à long terme.

Les principaux pièges à éviter

- Ne pas sur-nourrir la poulinière en fin de gestation. Si ses besoins augmentent légèrement les trois derniers mois de gestation, l’écart de besoins n’est pas très important. La poulinière en fin de gestation ne doit surtout pas être obèse pour éviter l’engraissement du pis qui ne permettrait plus une bonne lactation.

- Ne pas sous-nourrir la poulinière en lactation, dont l’alimentation est déterminante pour la croissance des poulains. A ce stade, il est souvent difficile de pouvoir faire consommer à la poulinière tout ce dont elle aurait besoin. Mais progressivement, son appétit va s’ouvrir et lui permettre de couvrir ses besoins.

- Ne pas sur-nourrir les poulains en croissance pour leur éviter tout accident ostéo articulaire dû à une trop grande vitesse de croissance. C’est malheureusement une tendance actuelle qui doit être corrigée.

- Ne pas créer de déséquilibre vitaminique ou minéral, ce qui aurait pour effet de diminuer considérablement l’intégrité du squelette chez le poulain, souvent de façon définitive.

En matière de fertilité, la conduite à tenir est assez simple, puisque les poulinières maigres enregistreront des résultats aussi médiocres que la poulinière obèse. En conclusion, tout comme les chevaux de sport, c’est le respect du poids de forme de la poulinière qui lui permettra d’atteindre les meilleurs résultats dans ce domaine.

Les aliments industriels pour chevaux d’élevage se classent en trois?catégories :

- les aliments complets : ils sont destinés aux éleveurs qui souhaitent simplifier la distribution en les distribuant simplement en complément de fourrages.

- les aliments complémentaires de fourrages et céréales : ils sont destinés à devenir complémentaire des fourrages et de céréales (orge et/ou avoine et/ou maïs). Ils apportent protéines, minéraux et vitamines que n’apportent pas les céréales.

- les aliments lactés pour poulains. Il en existe deux sortes. Les véritables laits reconstitués qui permettrent de nourrir au biberon un poulain orphelin, et les aliments granulés contenant du lactosérum. Ces derniers permettent de couvrir la période péri sevrage ou de soutenir la croissance d’un poulain trop jeune pour être sevré et que la mère ne peut pas ou mal allaiter. Les aliments complets et complémentaires sont présentés sous forme de granulés ou de floconnés. »