Moselle Jump : « le rendez-vous » de la jeunesse

« Je n'ai pas voulu mettre la barre trop haut. Les compétiteurs ont des niveaux très différents et le terrain, vallonné, est difficile. Je pense qu'il devrait y avoir une douzaine de sans-faute ». A une demi-heure de la deuxième phase du Grand Prix 1,45 m du Conseil général de la Moselle dimanche dernier, le chef de piste italien du Jouy Jump est confiant. L'expérimenté Elio Travagliati ne s'y est pas trompé : ils seront quatorze barragistes sur soixante partants dans cette épreuve phare du concours de saut international (CSI) de Jouy-aux-Arches. Avait-il deviné aussi que le final serait époustouflant ? Une chose est sûre en tout cas, le public, revenu en nombre en même temps que le soleil, a fait le plein d'émotions ! Et ce, dès la première manche, alors que ni Fabrice Dumartin, à domicile, associé à Cristalina, la jument de son épouse (8 points de pénalités), ni Simon Lorrain et Phoebe d'Eté (4 points), ni le Colombien-Vosgien, sélectionné pour les JO de Londres, René Lopez, malgré un coup d'éperons vengeur à Netscape du Mirador à la sortie du hasardeux obstacle n° 9, ne parvenaient à se qualifier. Restait Simon Delestre, autre pré-sélectionné olympique, tout juste revenu du CSI 5* de Cannes. C'était sans compter, hélas, sur une petite touchette de la prometteuse Quiness du Mezel, sur le n° 8, difficile virage décidément ! Les spectacteurs n'avaient plus qu'à retenir leur souffle pour la deuxième manche : 37''37, c'est Jean-Michel Martinot qui donne le tempo, talonné de près par le cavalier haïtien qu'on ne présente plus dans la région, Farid Ladjouan, et la toute bonne Cita B (38''60). Un chrono ramené dans la foulée à 36''95 par Rik Hemeryck (Papillon Z) pour la Belgique... littéralement pulvérisé par Sven Hadley et Adelgonde Z en 35''27, rien de moins ! A seulement 17 ans, le prodige irlandais s'adjuge le Grand Prix après avoir gagné la « qualificative » du vendredi : des résultats le sacrant meilleur cavalier du CSI 2*. De bon augure pour le protégé de Billy Twomey avant les championnats d'Europe Junior en août prochain !

En terre lorraine, le CSI 1* qui se courrait en parallèle aura aussi réussi à de jeunes passionnés. Meilleure cavalière du tour, Mégane Zimmermann (Idéal du Lac) a remporté le Prix Stephex 1,20 m tandis que Jules Chiarotto (Karma de Talma), son partenaire d'Equiplus, s'adjugeait l'épreuve 1,15 m du jeudi : encourageant pour une première fois en international ! Quant à Jade Monchatre (EuroDawn), sa victoire dans le Grand Prix 1,25 m a été chaleureusement applaudie par son fan-club. De quoi réconforter Nelly Rulquin après des débuts pluvieux sous le ciel de Moselle. « Quatre jours de concours, douze épreuves, trois cents engagés et vingt-neuf nations représentées, c'est génial pour un 2 étoiles ! », savourait la co-organisatrice du Jouy Jump avec Nathalie Dumartin. « Un rendez-vous » 2012 dont se rappeleront, entre autres, Cédric Angot, vainqueur du Prix Kaefer Wanner 1,35 m, Marie Pellegrin-Etter (Prix Audi 1,40 m) ou encore l'Italien Lorenzo De Luca (Prix Briotet 1, 35 m).

Eva Battling

Une organisation au féminin

Pendant que leurs maris défiaient les barres du CSI 2* avec plusieurs montures, ce sont elles qui étaient aux commandes du Moselle Jump 2012. Cavalières, épouses, mères de famille et organisatrices d'une deuxième édition qui, malgré la pluie, a séduit compétiteurs et spectateurs ! Il faut dire que Nathalie Dumartin et Nelly Rulquin, sans oublier la soixantaine de bénévoles mobilisés, avaient mis les petits plats dans les grands. Plusieurs bars et restaurants, des selliers et exposants mais aussi un espace dédié à des artisans et producteurs locaux, histoire de valoriser un peu plus la région lorraine. A Jouy-aux-Arches, l'écurie Dumartin accueillait également, pour l'occasion, un parcours d'accrobranche et un château gonflable selon les envies des enfants venus « voir sauter les chevaux » avec leurs parents. Quelques jeunes de l'association meurthe-et-mosellane Equit'Aide, qui (re)met à cheval les personnes handicapées, ont aussi assisté à une démonstration de maréchalerie avant d'admirer les parcours sur la piste en herbe. « Une initiative de l'une mes élèves, avec le soutien financier de
ErDF », apprécie Nelly Rulquin, heureuse de pouvoir compter sur de fidèles sponsors.

E.B.