Patrice Alvado juge aux JO de Paris 2024
Le 15 mars dernier, le Conseil de la FEI a tenu une visioconférence au cours de laquelle la Commission a approuvé une liste d’officiels pour les épreuves de saut d’obstacles des Jeux olympiques de Paris 2024. Parmi eux, le juge français Patrice Alvado, figure bien connue des terrains de saut d’obstacles français et internationaux. En novembre 2022, l’Occitan a été promu au Level 4, plus haut niveau de la FEI et nécessaire pour officier lors des plus grosses échéances comme les Jeux olympiques.
Le 31 mars, Patrice Alvado a reçu à Paris le trophée de l’Association Française du Corps Arbitral Multisports (AFCAM). Une reconnaissance supplémentaire, s’il en fallait, de son investissement comme officiel et pour son sport.
Professeur d’anglais, Patrice Alvado sillonne l’Hexagone depuis plus d’une vingtaine d’années, et le monde depuis plus d’une décennie, pour officier sur les plus beaux terrains de concours. Il décrit ainsi son rôle de juge : « Il s’agit de s’assurer que la compétition est équitable pour tous les cavaliers. La majorité de notre travail se déroule pendant les compétitions, puisque nous sommes dans la tribune du jury : vérifier que les cavaliers réalisent le parcours selon le plan du chef de piste, compter les fautes et bien évidemment contrôler que le chronomètre est juste. Lors des concours internationaux, le rôle du juge commence avant les épreuves avec l’inspection des chevaux. Nous intervenons également au paddock, où un juge assure la liaison entre les stewards et la tribune du jury. Nous sommes un peu les chefs d’orchestre du concours, en intervenant sur tous les plans entre les cavaliers, vétérinaires, stewards, etc. Un bon juge anime toute une équipe. Il faut avoir des connaissances réglementaires mais il est indispensable de disposer de qualités humaines comme l’écoute, indispensables pour mener à bien notre mission. »
Rencontré en avril 2022 au Printemps des Sports Équestres à Fontainebleau (77), il avait également abordé à cette occasion son parcours : il a découvert un centre équestre dans le cadre scolaire, et a voulu prendre des cours d’équitation, puis s’est orienté vers le dressage. Il a débuté comme secrétaire de jury lors des concours Pros organisés au Saint Georges Équitation de Grabels (34). Passionné par le travail de juge, il a travaillé et à 18 ans a obtenu le premier niveau de juge national. « Dans ma région, en Occitanie, le saut d’obstacles est la discipline la plus représentée en termes de nombre de concours, et c’est donc la première discipline que j’ai rencontrée. Elle est spectaculaire, prenante. Je suis ensuite devenu juge international Level 2 en 2011, et Level 3 en 2014 ».
Dans moins de 500 jours, il sera accompagné pour les épreuves de saut d’obstacles olympiques par les juges suivants : Harrij Braspenning (NED), David Distler (USA) et Károly Fugly (HUN). L’Italienne Frances Hesketh-Jones Triulzi (ITA) sera la présidente du jury.
« L’inclusivité est une valeur forte de Paris 2024 »
Il y a quelques mois, vous nous disiez que les Jeux de Paris 2024 vous faisaient rêver, et aujourd’hui, la FEI confirme que vous en serez. Que représente cette nomination ?
C’est une consécration. Je reste humble mais à travers cette nomination, la FEI reconnaît mes compétences et mon investissement, ainsi que les qualités de l’arbitrage français. C’est formidable pour moi et une reconnaissance du système de formation français des officiels, dont je suis un pur produit. J’ai commencé, à l’époque, en tant que juge National 4, à officier sur des concours départementaux dans l’Hérault, avant de gravir tous les échelons. Je suis ravi qu’il y ait les Jeux en France, et Versailles est un cadre formidable. Athlètes comme officiels, les Jeux sont notre rêve à tous, et cela se concrétise. Je remercie la fédération, Sophie Dubourg, directrice technique nationale, toujours présente, Frédéric Morand, vice-président de la FFE que je connais depuis l’époque où il était chef de piste dans le Midi, d’avoir toujours cru en moi et d’avoir proposé mes dossiers de candidature à la FEI et au Comité international olympique.
Vous êtes porteur d’un handicap qui n’impacte absolument pas votre rôle de juge. Cependant, voir qu’une personne en situation de handicap puisse accéder à un rôle aussi important qu’officiel pendant les Jeux de Paris 2024, est un symbole fort en termes d’inclusivité ?
Tout à fait. Je ne me perçois pas comme une personne handicapée, car cela n’impacte pas ma pratique d’officiel - cela aurait été peut-être plus difficile si j’avais été en fauteuil roulant ou victime de cécité par exemple. L’inclusivité est une valeur forte de Paris 2024 et si les perceptions autour des personnes en situation de handicap évoluent, je ne peux que m’en féliciter. Je suis ravi de porter le flambeau si mon handicap permet d’y contribuer. Nous vivrons tous ensemble cette fête du sport.
Avez-vous déjà un lien particulier avec les autres membres du jury ? Allez-vous suivre une préparation spécifique en vue des Jeux olympiques ?
Nous nous connaissons déjà tous. La FEI a pour projet de nous faire officier en duo sur les prochaines grandes échéances afin que nous créions des habitudes ensemble et que nous consolidions nos liens. Cette année, je serai président du jury aux Jeux panaméricains, du 20 octobre au 11 novembre à Santiago (CHI). Lors des JO, nous devrons former une vraie équipe et il ne faudra pas se contenter de connaître le règlement sur le bout des doigts. C’est pour cela que des séminaires avec les départements communication, juridique ou vétérinaire de la FEI sont programmés. C’est un coaching qui nous permettra d’être préparés pour le jour J, comme les sportifs !
C. Robert avec FFE
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