Tout savoir sur le Shagya
Une race en laquelle Allan Leon, son cavalier, croit beaucoup: « Sur les 25 chevaux que j’ai à l’entraînement, les quatre meilleurs sont des Shagyas. Ces chevaux sont au dessus des autres lorsque l’on sait les élever. » Effectivement l’élevage du Shagya semble connaître un regain. Même si le nombre d’individus en France reste faible, les effectifs connaissent une augmentation constante et régulière.
Spirit se situe dans la droite ligne de la philosophie qui a présidé à la création de cette race en 1789 sur décret de l’empereur d’Autriche et roi de Hongrie Joseph II. Il s’agissait de faire un cheval de guerre endurant comme l’arabe mais avec davantage de cadre pour porter le hussard et son paquetage, soit 120 à 160 kilos ou tirer les canons... le modèle importait autant que le tempérament: on recherchait un cheval fiable, coopératif, résistant et puissant. A cet effet, l’empereur acheta le domaine de Babolna, à mi-chemin entre Vienne et Budapest, encore en activité de nos jours. 80 juments, parmi les meilleures de l’empire austro-hongrois furent sélectionnées, essentiellement sur leur taille et leur coffre, indifféremment de leur race d’origine (métissage autochtone, espagnole, pur-sang anglais, lipizzan, arabe…), pour être saillies par des étalons pur sang arabe. Curieusement, parmi ces premiers étalons, plusieurs étaient originaires du haras de Rosières aux Salines et constituaient des prises de guerre après les défaites de Napoléon ; parmi eux le plus célèbre était « l’Ardent ». Par la suite, plusieurs étalons furent importés du Moyen-Orient, principalement de Syrie et d’Egypte, et, comme pour les lipizzans, chacun fut au point de départ d’une lignée.
C’est en 1836 qu’arriva à Babolna le fameux Shagya, né en Syrie, qui donnera bien plus tard son nom à la race, et devint un chef de lignée incontesté, prenant ainsi la suite de l’Ardent. Aujourd’hui encore, plus de deux siècles après la formation de la race, il est possible de remonter l’arbre généalogique de tout cheval shagya jusqu’à chaque étalon fondateur, ce qui est rare.
Durant toute la fin du 19e siècle, les Shagya furent réputés comme les meilleurs chevaux du monde. Chevaux de prestige, chevaux de parade de la cour impériale, mais aussi chevaux de guerre, capables de partir en campagne sur plusieurs années et de couvrir jusqu’à 2 000 kilomètres. D’autres lieux d’élevage s’ouvrirent, et la population monta jusqu’à deux millions d’animaux. Puis, en 1918, la chute de l’empire austro-hongrois, ainsi que les deux guerres mondiales faillirent lui être fatales, au point qu’en 1970 Babolna fut reconverti en stabulation de poulets alors que les chevaux partaient par trains entiers pour les abattoirs. Quelques passionnés, parfois d’anciens hussards, parvinrent à stopper cette extermination en achetant les derniers trains et commencèrent un patient travail de reconstruction. En 1979 la race, jusqu’alors nommée « cheval arabe » par opposition au « pur sang arabe » reçut le nom de « Shagya », en même temps que naissait l’association internationale du Shagya, ISG (Internationale Shagya-araber Geselschaft) qui fédéra les éleveurs.
Le cheval shagya est très proche génétiquement du pur-sang arabe dont il possède toutes les caractéristiques, quoique moins accusées. Il ressemble fortement à un arabe du désert athlétique et de grand format, mais ne peut pas être considéré comme une lignée de pur-sang arabe car certaines juments fondatrices étaient d’une autre origine. Il s’en distingue par sa taille plus élevée, son cadre plus important, son ossature plus forte, et sa taille plus grande (entre 1m 50 et 1m62). Il a le gabarit d’un anglo-arabe, avec l’apparence et les proportions harmonieuses de l’arabe. Il doit tenir dans un rectangle. Sa tête est typée avec un chanfrein concave ou droit ; ses oreilles sont écartées et pointues ; son front est large et légèrement bombé. Son corps est harmonieux, avec une morphologie médioligne. Sa ligne supérieure est bien dessinée, l’épaule oblique lui donne une bonne liberté de mouvement et allonge sa foulée; sa croupe est longue et sa queue bien portée. Les membres sont secs et solides avec des aplombs corrects ; l’arrière-main est bien musclée et large, les postérieurs puissants et d’une grande robustesse. Les canons sont courts par rapport à l’avant-bras. Les paturons sont de longueur moyenne et le tour de canon doit être supérieur à 18 cm. Les allures sont amples et élastiques. L’action est très importante, elle doit être libre, souple et correcte dans chacune des trois allures. Sa robe est souvent grise mais toutes les couleurs simples sont admises. Les critères de sélection de la race écartent certaines caractéristiques propres au pur-sang arabe de « show », ainsi, les chevaux ayant une position de type « show » (campés avec l’encolure étirée) sont strictement interdits, de même que les têtes trop concaves, afin de ne pas « tomber dans le défilé de mode ».
Sa sélection rigoureuse en tant que cheval de guerre lui a valu un tempérament équilibré, coopératif, courageux et maniable, capable de s’adapter à de multiples situations. De nos jours, il est essentiellement utilisé comme cheval d’extérieur et surtout en endurance, mais aussi en Concours Complet d’Equitation, Concours de saut d’obstacle, concours de Dressage et Concours d’Attelage. L’Association Française du Cheval Arabe-Shagya et du Demi Sang Shagya (AFCAS) le présente comme un cheval polyvalent, proche de l’homme, « rare, unique, attachant, joyeux et coopératif, d’une extrême gentillesse ! »
On compte actuellement environ 10 000 Shagya au monde, dont 1 200 en France où il possède son propre stud-book depuis 1989. Les naissances sont cependant en augmentation, et l’AFCAS, Organisme de Sélection agréé par le Ministère de l’Agriculture, dont le siège se trouve dans l’Ain, organise régulièrement des présentations et des séances de confirmation, comme tout récemment à Equita Lyon.
V. Robin
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