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Une autre façon d’enseigner l’équitation

Ecurie de St Agnan Coincy (52) Il est quatorze heure, un samedi après-midi de mars. Les cours vont débuter. Caricaturalement, on imagine tout de suite des enfants courir ans les écuries à la recherche de leur poney. Une monitrice sur les dents qui Photo 1 sur 1
va devoir faire une énième reprise avec 15 cavaliers à la queue leu-leu... Mais à Saint-Agnan, cela ne se passe pas comme cela. Le calme et la décontraction sont les maîtres mots

« Nous ne sommes pas une écurie éthologique. Nous nous servons juste de cette philosophie d’approche du cheval pour mettre ou remettre nos cavaliers en selle. Nous ne faisons pas de l’éthologie une discipline à part entière » tiennent à préciser en préambule Dominique Walck et Pierre Peronnet, les propriétaires de l’Ecurie de Saint-Agnan, à deux pas de Metz. « C’est certain nous avons commis une erreur lors de notre installation, il y a de cela deux ans. Nous avons trop communiqué sur la partie éthologique de notre pédagogie. Et depuis on a du mal à s’en défaire », explique Dominique qui est également une des monitrices des écuries. « Ce que nous souhaitons avant tout c’est que nos cavaliers restent fidèles à ce sport. Beaucoup de gens arrêtent l’équitation car ils n’ont pas envie de tourner en rond dans un manège dans une ambiance pas toujours très amicale. C’est en tout cas ces raisons qui m’ont fait arrêter ce sport à l’adolescence. Cette forme d’équitation conventionnelle ne me convenait pas », raconte Pierre Perronet, l’ancien communiquant qui a tout plaqué pour s’installer dans les chevaux, à Coincy (57). ?« Ce qui m’a fait vendre mon appartement parisien, c’est cette idée tenace que j’avais qu’une autre équitation était possible »

Une méthode un peu à part

Comme dans n’importe quel centre équestre, toutes les disciplines sont enseignées à Saint-Agnan : l’obstacle, le complet, le dressage, le Trec. Les Galops FFE peuvent également être passés. Bref, la seule chose qui change vraiment, c’est la forme des cours. « Quand un cavalier arrive dans nos écuries », explique Pierre, nous lui faisons d’abord découvrir l’animal à pied sous une forme ludique. Cette initiation est un élément aussi important pour le cavalier que pour le cheval. Car trop souvent on oublie qu’il s’agit d’un animal et qu’il a lui aussi des états d’âme. Même s’il ne faut pas aller jusqu’à lui prêter des comportements humains » tient à préciser le maître des lieux. Pour que chevaux et cavaliers puissent être complices, un moyen a été trouvé : ?« Chacun de nos 70 cavaliers choisit au sein de notre cavalerie, un cheval qu’il gardera pour tous les cours. Ce qui fait qu’un cheval est au maximum monté par trois cavaliers différents ! Les relations cheval/cavalier évoluent ainsi beaucoup plus vite». Mais ce n’est pas tout, comme l’indique Dominique « dans les cours, qui durent environ 1h30, nous n’acceptons que 5-6 cavaliers, pas plus. Les cavaliers s’adaptent à cette règle, ils savent bien que c’est pour leur confort. Mais de la même façon nous faisons cours même lorsqu’il y a qu’une personne... ». Et à Pierre de renchérir : « Vous n’entendrez jamais le mot « reprise » chez nous. Tout le monde est autonome dans son travail. Le moniteur va voir chacun tour à tour. Par contre nous structurons notre encadrement : la première partie du cours se passe toujours à pied. Il s’agit de prendre son cheval en licol – nous avons banni les filets traditionnels de notre écurie - et de jouer avec lui autour de jeux issus du Gymkhana. Ce n’est qu’ensuite que nous abordons les exercices des disciplines traditionnelles. »
Des règles précises

Dès le départ, « ce sont les bons gestes que nous essayons d’inculquer à nos cavaliers. Nous avons deux interdits : on ne donne pas de coup de talons et on ne tire pas sur les rênes. Pour aider nos cavaliers à respecter ces deux règles, nous travaillons beaucoup avec la vidéo. Mais nous faisons également appel une fois par mois à Véronique Corbeau Passadori qui vient avec Mimi, son cheval mécanique. Ce stage ouvert à tous permet notamment d’améliorer la position, leur assiette, sans faire souffrir le dos d’un «vrai cheval» », dit Pierre. Car à Saint-Agnan, il y a des stages de toutes sortes, pour les adhérents mais aussi pour les gens de l’extérieur qui veulent y participer. Pour ces derniers compter environ 250 euros pour un stage de 2 jours soit 12 heures d’équitation.

Cette nouvelle façon d’enseigner semble porter ses fruits. En écoutant Clara, 10 ans, qui débute son initiation à Saint-Agnan, la formule est la bonne : « Je n’ai pas commencé à monter ici. Mais avant je ne faisais que monter sur le cheval. Je ne faisais rien d’autre. Alors que maintenant je partage plus de moments avec mon cheval. Je considère Isotep presque comme ma jument ». Tout cela semble un petit peu idyllique. Pierre et Dominique en sont conscients et répondent à cela : « que ça paraisse idyllique, c’est l’objectif. La différence avec les autres centres équestres c’est que nous, nous pratiquons ce qu’on dit ! »

Alix Thomas

Rens : http://www.ecuriedesaintagnan.com/

09/04/2009

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