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Vittel sous le soleil, quel plaisir !
Championnat National des chevaux de Trait Ardennais - Vittel (88) - 3-5 septembre
Comme tous les ans, le premier week-end de septembre, l’hippodrome de Vittel abandonné par les galopeurs et les turfistes a été envahi par les chevaux de Trait Ardennais. Et cette année, le premier lauréat de l’édition 2010 aura été le soleil !
Photo 1 sur 8
Les festivités ont commencé en douceur le vendredi après-midi avec les étalons. Si le public n’est pas aussi nombreux que le souhaiteraient les éleveurs il était très intéressé. Lors du rappel, alors que les juges ont fini leur passage de contrôle, les spectateurs ont le droit d’entrer sur la piste et ils ne s’en sont pas privés! A tel point qu’à chaque tour de présentation, l’espace disponible devenait plus petit sous l’avancée des spectateurs qui voulaient voir ces beaux spécimens Ardennais au plus près. Au soir, les champions de l’édition 2010 ont été désignés, mettant ainsi à l’honneur l’élevage de Benoît Brodier (08) avec Urbain de Mairy, 2 ans, qui gagne le titre de Champion Espoir et celui de Bernard Heulluy (88) avec Tiky du Dol, 3 ans, qui prend le titre de Champion. Cette année encore, les Haras Nationaux, maintenant devenus IFCE, ont fait quelques emplettes sur la base d’un choix fait en commun entre la responsable achat Est, Mme Olivier et les représentants des éleveurs en la personne de M. Lerond, président de l’Uecra et des membres de la commission étalon. Le point de vue de ces derniers s’est avéré crucial dans le choix des sujets à mettre à la reproduction. Ces étalons achetés par l’IFCE, dans le cadre de son rôle de soutien aux races menacées, seront mis à disposition directement chez l’éleveur dans le cadre d’une convention tripartite, éleveur IFCE/Uecra.
Au pic de leur forme
Le samedi matin, les choses sérieuses commencent avec trois pistes qui tournent en parallèle : deux pistes sur la grande carrière où les pouliches et juments sont présentées tout au long de la journée et une troisième sur l’hippodrome où se déroulent les épreuves d’utilisation et le challenge de traction. Cette année plus encore que les précédentes, le lot des chevaux était très homogènes et d’excellente qualité. Il faut avouer que les pluies de cet été, si elles ont rendu les récoltes aléatoires, ont permis d’avoir des herbages fournis et riches. De plus, pour une finale telle que Vittel, certains éleveurs complètent l’alimentation de leurs chevaux et même les rentrent pour les protéger des températures extrêmes et des insectes. De telles pratiques, élargies au plus grand nombre, mettraient à mal la réputation, et au long terme les qualités, de rusticité et de facilité d’entretien de la race. Cependant on ne peut nier que pour préparer un événement spécifique, elles permettent de présenter le jour J des chevaux au pic de leur forme. Il n’est donc que justice que parmi les nombreux éleveurs qui sélectionnent leurs reproducteurs parfois depuis des dizaines d’années, ceux qui en plus, ont pris le temps et le soin de faire une préparation spécifique de leurs produits en soient récompensés. Ainsi en est- il de l’élevage de Bernard Heulluy qui remporte le titre de Championne Espoir avec Titane du Dol et de Championne avec Savane du Dol, soit trois titres de champion sur quatre ! Cela n’enlève bien sûr rien aux autres éleveurs récompensés cette année qui, parfois à presque rien, ont manqué le titre mais obtenu des classements bien mérités. Seule ombre à ce tableau, l’attitude déplacée d’un juge qui a refusé de mettre première une jument pour la seule raison qu’elle ne provenait pas d’une écuries qui lui convienne. L’âge aidant, ses remarques étaient énoncées suffisamment fort pour que l’éleveur comme les spectateurs en profitent. Une telle attitude ne devrait plus se voir dans les jurys, elle ne sert qu’à décourager les éleveurs et à jeter l’opprobre sur l’ensemble du corps des juges et sur les efforts de sélection de toute de la race.
Le cheval favori des artilleurs
En épreuve d’élevage d’Ardennais, comme ailleurs, on trouve des sections réservées aux mâles de différents âges, aux pouliches, aux juments non suitées et suitées jeunes et âgées, avec en plus la particularité d’avoir à chaque fois une section petite et une autre grande taille. Cette séparation répond à la nécessité évidente de ne pas juger ensemble des modèles trop différents par la taille, les petits modèles risquant d’être éclipsés par la prestance des plus grands. Garder deux sections séparées pour chaque catégorie de chevaux répond donc à des besoins techniques mais aussi à des habitudes historiques. La race du cheval de Trait Ardennais remonte en effet loin en arrière puisqu’elle descendrait directement du cheval de Solutré. Reconnue par César comme une race aux qualités exceptionnelles il décide d’en intégrer autant que possible dans ses propres troupes. Par la suite, il deviendra le cheval favori des artilleurs des armées Françaises, Belges et Luxembourgeoises: « les Ardennais sont des camionneurs aux allures relevées, rapides, forts, maniables, sobres, courageux, rustiques et infatigables.» Puis l’Ardennais perd sa fonction militaire pour ne garder que celle liée à l’agriculture. Suite à l’alourdissement du matériel agricole, les éleveurs s’adaptent en introduisant du sang Trait Belge et en sélectionnant des modèles de plus en plus grands et lourds. Le petit modèle, plus proche de l’Ardennais ancien est donc souvent qualifié de rustique. Mais ne nous y trompons pas, si la taille a changé (mâles et femelles grande taille atteignent fréquemment 1,70m) les qualités qui définissaient le cheval polyvalent d’autrefois sont toujours celles recherchées. En 1948, le standard de la race était ainsi défini : « L’aspect général de l’Ardennais doit être distingué, harmonieux dans ses lignes, trapu, c’est-à-dire bas, profond, large, bien musclé et court. (…) Il doit posséder un influx nerveux suffisant, indice d’un tempérament vigoureux. La tête doit être bien portée, petite à front large et plat. Les oreilles courtes, droites de préférence, pointées en avant. L’œil doit être vif, assez gros, expressif, l’arcade orbitaire légèrement saillante. Les naseaux larges et bien ouverts. L’encolure doit être moyennement longue, bien greffée, légèrement rouée. La poitrine est ample, profonde, près de terre et l’épaule oblique. Le dos doit être court, soutenu, faisant suite à un garrot bien soudé à l’épaule. Le rein sera fortement musclé, la croupe double. Les membres doivent être forts (suffisamment gros mais sans excès). Les articulations sont larges, sèches, basses. Les tendons bien détachés. (…) La peau sera fine et soyeuse. La taille maximum ne dépassera pas 1,62 m pour les étalons et 1,60m pour les juments. Les allures seront énergiques, souples et brillantes. » Bref, mis à part la taille qui suit l’évolution générale de toutes les races, l’Ardennais n’a pas changé : il reste un cheval noble, autrefois auxiliaire précieux pour le travail il est devenu aujourd’hui compagnon idéal pour le loisir.
Une nouvelle génération
D’ailleurs, attendues par les meneurs, les épreuves d’utilisation ont commencé dès le samedi matin. Cette année encore, on constate l’augmentation de leur nombre et l’apparition d’une nouvelle génération. Ce fut cependant une journée en demi teinte, avec des chevaux courageux à qui on a malheureusement demandé de fournir des efforts trop importants pour leur âge et leur entraînement. En effet, la même herbe, haute et abondante, qui a permis d’obtenir de si beaux chevaux en élevage allait être fatale aux concurrents des épreuves de traction, en opposant une forte résistance à la glisse du traîneau. Dès le matin, avec les deux ans qui tiraient le demi traîneau à vide, il a été évident que les chevaux se trouvaient en difficulté. L’après-midi, l’épreuve des 3 ans se déroulait avec le traîneau entier. Mais lors du parcours, au troisième chargement alors que selon le règlement, le meneur peut choisir de prendre un, deux ou trois passagers en fonction de la forme de son cheval, le chargement des trois passager a été imposé, portant le nombre total de personnes sur le traîneau à six ! Cela représente donc une charge de plus de 700 kg, donc plus lourde que les chevaux eux mêmes. Elle s’est avérée impossible a tirer pour les jeunes chevaux : aucun n’a pu finir le parcours ! Ce n’est que tardivement que le jury a pris la décision, en fonction des conditions du terrain, de diminuer les charges : les chevaux de 4 et 5 ans qui auraient dû tirer 8 personnes ont vu ce chiffre redescendre à 6. Mais là encore, bien que certains soient des chevaux qui travaillent quotidiennement, aucun n’est parvenu jusqu’à la ligne d’arrivée. L’après-midi s’est terminé sur le challenge de traction qui a confirmé la difficulté du terrain puisque l’épreuve en paire est gagnée avec mérite par Jean-Nicolas Louis avec Soleil et Sultane de Beaumont tractant 8 passagers (contre 12 et plus pour d’autres éditions).
Dimanche matin, les sourires sont revenus sur les lèvres avec l’épreuve de maniabilité. Pendant que sur la grande piste, avaient lieu les lots de familles et les présentations en bandes, les meneurs ont pu se faire plaisir avec un parcours bien construit. Il utilisait toutes les dénivellations de terrain, présentait quelques obstacles un peu voyants comme la porte d’arceaux et des difficultés techniques intéressantes avec du menage à une main et des successions de portes serrées par endroit. Bref, un parcours qui présentait une suite de petites difficultés qui a fait toute la différence entre les attelages les plus aguerris et ceux, moins expérimentés, qui sans être découragés ont pu voir les points qui restent à travailler. Nouveauté de cette année, le galop entre dans les demandes du parcours pour le plus grand plaisir des participants (à 2 comme à 4 pieds manifestement). Le concours d’utilisation est remporté par Utile du Bourbeau mené et propriété de Michel Schwartz en 2 ans, par Thaïs des Noyers, menée par Thierry Oswald et propriété de Damien Kirsch en 3 ans et par Robert de la Moder mené et propriété de Pierre Schmitt en 4-5 ans.
Le week-end s’est conclu sur le traditionnel et très attendu défilé des chevaux sur l’hippodrome. Les tribunes étaient pleines d’un public enjoué et les éleveurs ont eu à cœur de leur présenter leurs produits sous leur meilleur jour. Les chevaux lustrés, renattés, en licols et surfaix blancs pour la plupart, se sont enchaînés sur la piste. La part belle a été faite à l’utilisation du cheval de Trait Ardennais avec des présentations de chevaux montés, attelés ainsi qu’un carrousel d’attelage. L’après-midi s’est terminé avec les présentations en bande dont un lot de 14 juments de front. Cette année encore, le public est reparti avec de belles images plein les yeux (et l’appareil photo). Rendez-vous est pris pour l’an prochain à la même date pour l’édition 2011 du Championnat de France des Chevaux de Trait Ardennais.
Renseignements : www.cheval-ardennais.fr
Myriam Serandour
Les palmarès
Champion 2010 : Tiky du Dol
Champion Espoir 2010 : Urbain de Mairy
Mâles 2 ans petite taille : Ultra Son du Vallon/Alain Peupion; Ultra du Ruisseau/Richard Hennequin; Urbain de Rosière/Christian Jonnet.
Mâles 2 ans grande taille : Urbain de Mairy/Benoît Brodier; Un Prince du Vallon/Alain Peupion; Ulrich du Vallon/Alain Peupion.
Mâles 3 ans petite taille : Tempo de la Seille/GAEC des Ancres; Cormac de Monty(BE)/Louis Fisse; Ténor de Vilaine/Pierre Vouyoux.
Mâles 3 ans grande taille : Tiky du Dol/Bernard Heulluy; Titus de Fléville/Jean-Claude Mataigne; Tom 43/Eustache Helvig.
Mâles 4 ans petite taille : Ricardo du Dieulet/Jérôme Bestel; Star du Dieulet/Jérôme Bestel; Sauvage du Dieulet/Jérôme Bestel.
Mâles 4 ans Grande taille : Re Noir du Vallon/Pascal Peupion; Spirou de Coustemont(BE)/EARL de la Croix Roland; Sultan 312/Stéphane Tinus.
Championne de race 2010 : Savane du Dol.
Championne Espoir 2010 : Titane du Dol.
Pouliches 3 ans petite taille : Tendresse de Fresnoy/GAEC de l’Ardennais; Thana de Séry/Sébastien Colinet; Targades Mazy/Christophe Depernet.
Pouliches 3 ans grande taille : Titane du Dol/Bernard Heulluy; Ondine de Moutier(BE)/Sébastien Colinet; Twist du Dol/Bernard Heulluy.
Juments suitées de 4 à 5 ans petite taille : Savane du Dol/Bernard Heulluy; Subtile de Séry/Sébastien Colinet; Rivière des Mazy/Damien Kirsch.
Juments suitées de 6 à 7 ans petite taille : Puce du Dieulet/Jérôme Bestel; Quinette de la Croix/EARL de la Croix Roland; Princesse du Fresnoy/GAEC de l’Ardennais.
Juments suitées de 4 à 5 ans grande taille : Sophia de Gibarlet/Marc Bardin; Sierra du Dol/Olivier Heulluy; Suzette de la Seille/GAEC des Ancres.
Juments suitées de 6 à 7 ans grande taille : Pemba du Dol/Bernard Heulluy; Quidia de la Seille/GAEC des Ancres; Quiam des Marais/EARL de la Cassine.
Juments suitées de 8 ans et plus petite taille : Judith de la Seille/GAEC des Ancres; Nina du Dieulet/Jérôme Bestel; Majesté de la Seille/GAEC des Ancres.
Juments suitées de 8 ans et plus grande taille 1 : Neva du Dol/Bernard Heulluy; Orphée du Vallon/Jean-Marie Hamant; Myrka du Gibarlet/Marc Bardin.
Juments suitées de 8 ans et plus grande taille 2 : Lyre du Dol/Bernard Heulluy; Judée du Dol/Bernard Heulluy Orphée du Vallon/Jean-Marie Hamant; Lagune 11/Ursula Peupion.
Juments non suitées de 4 à 7 ans petite taille : Quadrille du Vallon/Pascal Peupion; Quenelle Brainville/Jean-Loup Royer; Roxanne de Fresnoy/GAEC de l’Ardennais.
Juments non suitées de 4 à 7 ans grande taille : Rafale du Ruisseau/Marc Bardin; Quinine de la Seille/GAEC des Ancres; Suzi du Moulin/GAEC des Ancres.
Juments non suitées de 8 ans et plus petite taille : Hera du Dol/Bernard Heulluy; Juliette du Fresnoy/GAEC de l’Ardennais; Kessy de Maucourt/GAEC Pieton.
Juments non suitées de 8 ans et plus grande taille : Opale Noire du Vallon/Ursula Peupion; Majestée du Vallon/Jean-Marie Hamant; Nenette de Gibarlet/Marc Bardin.
Concours d’utilisation :
Finale 2 ans : Utile du Bourbeau/Michel Schwartz; Umana du Fresnoy/Jeannine Vuillaume; Ukraine de l’Etang/Robert Champion.
Finale 3 ans : Thaïs des Noyers/Damien Kirsch; Toutsy des Noyers/Jörg Weintraut; Théo 90/Michel Schwartz.
Finale 4 et 5 ans : Robert de la Moder/Pierre Schmitt; Rombo des Noyers/Jörg Weintraut; Soleil de Beaumont/Jean-Nicolas Louis.
Challenge de traction :
En simple : Rouget de Paillotte/Jacky Bouard.
En paire : Soleil de Beaumont et Sultane de Beaumont/Jean-Nicolas Louis.
Au pic de leur forme
Le samedi matin, les choses sérieuses commencent avec trois pistes qui tournent en parallèle : deux pistes sur la grande carrière où les pouliches et juments sont présentées tout au long de la journée et une troisième sur l’hippodrome où se déroulent les épreuves d’utilisation et le challenge de traction. Cette année plus encore que les précédentes, le lot des chevaux était très homogènes et d’excellente qualité. Il faut avouer que les pluies de cet été, si elles ont rendu les récoltes aléatoires, ont permis d’avoir des herbages fournis et riches. De plus, pour une finale telle que Vittel, certains éleveurs complètent l’alimentation de leurs chevaux et même les rentrent pour les protéger des températures extrêmes et des insectes. De telles pratiques, élargies au plus grand nombre, mettraient à mal la réputation, et au long terme les qualités, de rusticité et de facilité d’entretien de la race. Cependant on ne peut nier que pour préparer un événement spécifique, elles permettent de présenter le jour J des chevaux au pic de leur forme. Il n’est donc que justice que parmi les nombreux éleveurs qui sélectionnent leurs reproducteurs parfois depuis des dizaines d’années, ceux qui en plus, ont pris le temps et le soin de faire une préparation spécifique de leurs produits en soient récompensés. Ainsi en est- il de l’élevage de Bernard Heulluy qui remporte le titre de Championne Espoir avec Titane du Dol et de Championne avec Savane du Dol, soit trois titres de champion sur quatre ! Cela n’enlève bien sûr rien aux autres éleveurs récompensés cette année qui, parfois à presque rien, ont manqué le titre mais obtenu des classements bien mérités. Seule ombre à ce tableau, l’attitude déplacée d’un juge qui a refusé de mettre première une jument pour la seule raison qu’elle ne provenait pas d’une écuries qui lui convienne. L’âge aidant, ses remarques étaient énoncées suffisamment fort pour que l’éleveur comme les spectateurs en profitent. Une telle attitude ne devrait plus se voir dans les jurys, elle ne sert qu’à décourager les éleveurs et à jeter l’opprobre sur l’ensemble du corps des juges et sur les efforts de sélection de toute de la race.
Le cheval favori des artilleurs
En épreuve d’élevage d’Ardennais, comme ailleurs, on trouve des sections réservées aux mâles de différents âges, aux pouliches, aux juments non suitées et suitées jeunes et âgées, avec en plus la particularité d’avoir à chaque fois une section petite et une autre grande taille. Cette séparation répond à la nécessité évidente de ne pas juger ensemble des modèles trop différents par la taille, les petits modèles risquant d’être éclipsés par la prestance des plus grands. Garder deux sections séparées pour chaque catégorie de chevaux répond donc à des besoins techniques mais aussi à des habitudes historiques. La race du cheval de Trait Ardennais remonte en effet loin en arrière puisqu’elle descendrait directement du cheval de Solutré. Reconnue par César comme une race aux qualités exceptionnelles il décide d’en intégrer autant que possible dans ses propres troupes. Par la suite, il deviendra le cheval favori des artilleurs des armées Françaises, Belges et Luxembourgeoises: « les Ardennais sont des camionneurs aux allures relevées, rapides, forts, maniables, sobres, courageux, rustiques et infatigables.» Puis l’Ardennais perd sa fonction militaire pour ne garder que celle liée à l’agriculture. Suite à l’alourdissement du matériel agricole, les éleveurs s’adaptent en introduisant du sang Trait Belge et en sélectionnant des modèles de plus en plus grands et lourds. Le petit modèle, plus proche de l’Ardennais ancien est donc souvent qualifié de rustique. Mais ne nous y trompons pas, si la taille a changé (mâles et femelles grande taille atteignent fréquemment 1,70m) les qualités qui définissaient le cheval polyvalent d’autrefois sont toujours celles recherchées. En 1948, le standard de la race était ainsi défini : « L’aspect général de l’Ardennais doit être distingué, harmonieux dans ses lignes, trapu, c’est-à-dire bas, profond, large, bien musclé et court. (…) Il doit posséder un influx nerveux suffisant, indice d’un tempérament vigoureux. La tête doit être bien portée, petite à front large et plat. Les oreilles courtes, droites de préférence, pointées en avant. L’œil doit être vif, assez gros, expressif, l’arcade orbitaire légèrement saillante. Les naseaux larges et bien ouverts. L’encolure doit être moyennement longue, bien greffée, légèrement rouée. La poitrine est ample, profonde, près de terre et l’épaule oblique. Le dos doit être court, soutenu, faisant suite à un garrot bien soudé à l’épaule. Le rein sera fortement musclé, la croupe double. Les membres doivent être forts (suffisamment gros mais sans excès). Les articulations sont larges, sèches, basses. Les tendons bien détachés. (…) La peau sera fine et soyeuse. La taille maximum ne dépassera pas 1,62 m pour les étalons et 1,60m pour les juments. Les allures seront énergiques, souples et brillantes. » Bref, mis à part la taille qui suit l’évolution générale de toutes les races, l’Ardennais n’a pas changé : il reste un cheval noble, autrefois auxiliaire précieux pour le travail il est devenu aujourd’hui compagnon idéal pour le loisir.
Une nouvelle génération
D’ailleurs, attendues par les meneurs, les épreuves d’utilisation ont commencé dès le samedi matin. Cette année encore, on constate l’augmentation de leur nombre et l’apparition d’une nouvelle génération. Ce fut cependant une journée en demi teinte, avec des chevaux courageux à qui on a malheureusement demandé de fournir des efforts trop importants pour leur âge et leur entraînement. En effet, la même herbe, haute et abondante, qui a permis d’obtenir de si beaux chevaux en élevage allait être fatale aux concurrents des épreuves de traction, en opposant une forte résistance à la glisse du traîneau. Dès le matin, avec les deux ans qui tiraient le demi traîneau à vide, il a été évident que les chevaux se trouvaient en difficulté. L’après-midi, l’épreuve des 3 ans se déroulait avec le traîneau entier. Mais lors du parcours, au troisième chargement alors que selon le règlement, le meneur peut choisir de prendre un, deux ou trois passagers en fonction de la forme de son cheval, le chargement des trois passager a été imposé, portant le nombre total de personnes sur le traîneau à six ! Cela représente donc une charge de plus de 700 kg, donc plus lourde que les chevaux eux mêmes. Elle s’est avérée impossible a tirer pour les jeunes chevaux : aucun n’a pu finir le parcours ! Ce n’est que tardivement que le jury a pris la décision, en fonction des conditions du terrain, de diminuer les charges : les chevaux de 4 et 5 ans qui auraient dû tirer 8 personnes ont vu ce chiffre redescendre à 6. Mais là encore, bien que certains soient des chevaux qui travaillent quotidiennement, aucun n’est parvenu jusqu’à la ligne d’arrivée. L’après-midi s’est terminé sur le challenge de traction qui a confirmé la difficulté du terrain puisque l’épreuve en paire est gagnée avec mérite par Jean-Nicolas Louis avec Soleil et Sultane de Beaumont tractant 8 passagers (contre 12 et plus pour d’autres éditions).
Dimanche matin, les sourires sont revenus sur les lèvres avec l’épreuve de maniabilité. Pendant que sur la grande piste, avaient lieu les lots de familles et les présentations en bandes, les meneurs ont pu se faire plaisir avec un parcours bien construit. Il utilisait toutes les dénivellations de terrain, présentait quelques obstacles un peu voyants comme la porte d’arceaux et des difficultés techniques intéressantes avec du menage à une main et des successions de portes serrées par endroit. Bref, un parcours qui présentait une suite de petites difficultés qui a fait toute la différence entre les attelages les plus aguerris et ceux, moins expérimentés, qui sans être découragés ont pu voir les points qui restent à travailler. Nouveauté de cette année, le galop entre dans les demandes du parcours pour le plus grand plaisir des participants (à 2 comme à 4 pieds manifestement). Le concours d’utilisation est remporté par Utile du Bourbeau mené et propriété de Michel Schwartz en 2 ans, par Thaïs des Noyers, menée par Thierry Oswald et propriété de Damien Kirsch en 3 ans et par Robert de la Moder mené et propriété de Pierre Schmitt en 4-5 ans.
Le week-end s’est conclu sur le traditionnel et très attendu défilé des chevaux sur l’hippodrome. Les tribunes étaient pleines d’un public enjoué et les éleveurs ont eu à cœur de leur présenter leurs produits sous leur meilleur jour. Les chevaux lustrés, renattés, en licols et surfaix blancs pour la plupart, se sont enchaînés sur la piste. La part belle a été faite à l’utilisation du cheval de Trait Ardennais avec des présentations de chevaux montés, attelés ainsi qu’un carrousel d’attelage. L’après-midi s’est terminé avec les présentations en bande dont un lot de 14 juments de front. Cette année encore, le public est reparti avec de belles images plein les yeux (et l’appareil photo). Rendez-vous est pris pour l’an prochain à la même date pour l’édition 2011 du Championnat de France des Chevaux de Trait Ardennais.
Renseignements : www.cheval-ardennais.fr
Myriam Serandour
Les palmarès
Champion 2010 : Tiky du Dol
Champion Espoir 2010 : Urbain de Mairy
Mâles 2 ans petite taille : Ultra Son du Vallon/Alain Peupion; Ultra du Ruisseau/Richard Hennequin; Urbain de Rosière/Christian Jonnet.
Mâles 2 ans grande taille : Urbain de Mairy/Benoît Brodier; Un Prince du Vallon/Alain Peupion; Ulrich du Vallon/Alain Peupion.
Mâles 3 ans petite taille : Tempo de la Seille/GAEC des Ancres; Cormac de Monty(BE)/Louis Fisse; Ténor de Vilaine/Pierre Vouyoux.
Mâles 3 ans grande taille : Tiky du Dol/Bernard Heulluy; Titus de Fléville/Jean-Claude Mataigne; Tom 43/Eustache Helvig.
Mâles 4 ans petite taille : Ricardo du Dieulet/Jérôme Bestel; Star du Dieulet/Jérôme Bestel; Sauvage du Dieulet/Jérôme Bestel.
Mâles 4 ans Grande taille : Re Noir du Vallon/Pascal Peupion; Spirou de Coustemont(BE)/EARL de la Croix Roland; Sultan 312/Stéphane Tinus.
Championne de race 2010 : Savane du Dol.
Championne Espoir 2010 : Titane du Dol.
Pouliches 3 ans petite taille : Tendresse de Fresnoy/GAEC de l’Ardennais; Thana de Séry/Sébastien Colinet; Targades Mazy/Christophe Depernet.
Pouliches 3 ans grande taille : Titane du Dol/Bernard Heulluy; Ondine de Moutier(BE)/Sébastien Colinet; Twist du Dol/Bernard Heulluy.
Juments suitées de 4 à 5 ans petite taille : Savane du Dol/Bernard Heulluy; Subtile de Séry/Sébastien Colinet; Rivière des Mazy/Damien Kirsch.
Juments suitées de 6 à 7 ans petite taille : Puce du Dieulet/Jérôme Bestel; Quinette de la Croix/EARL de la Croix Roland; Princesse du Fresnoy/GAEC de l’Ardennais.
Juments suitées de 4 à 5 ans grande taille : Sophia de Gibarlet/Marc Bardin; Sierra du Dol/Olivier Heulluy; Suzette de la Seille/GAEC des Ancres.
Juments suitées de 6 à 7 ans grande taille : Pemba du Dol/Bernard Heulluy; Quidia de la Seille/GAEC des Ancres; Quiam des Marais/EARL de la Cassine.
Juments suitées de 8 ans et plus petite taille : Judith de la Seille/GAEC des Ancres; Nina du Dieulet/Jérôme Bestel; Majesté de la Seille/GAEC des Ancres.
Juments suitées de 8 ans et plus grande taille 1 : Neva du Dol/Bernard Heulluy; Orphée du Vallon/Jean-Marie Hamant; Myrka du Gibarlet/Marc Bardin.
Juments suitées de 8 ans et plus grande taille 2 : Lyre du Dol/Bernard Heulluy; Judée du Dol/Bernard Heulluy Orphée du Vallon/Jean-Marie Hamant; Lagune 11/Ursula Peupion.
Juments non suitées de 4 à 7 ans petite taille : Quadrille du Vallon/Pascal Peupion; Quenelle Brainville/Jean-Loup Royer; Roxanne de Fresnoy/GAEC de l’Ardennais.
Juments non suitées de 4 à 7 ans grande taille : Rafale du Ruisseau/Marc Bardin; Quinine de la Seille/GAEC des Ancres; Suzi du Moulin/GAEC des Ancres.
Juments non suitées de 8 ans et plus petite taille : Hera du Dol/Bernard Heulluy; Juliette du Fresnoy/GAEC de l’Ardennais; Kessy de Maucourt/GAEC Pieton.
Juments non suitées de 8 ans et plus grande taille : Opale Noire du Vallon/Ursula Peupion; Majestée du Vallon/Jean-Marie Hamant; Nenette de Gibarlet/Marc Bardin.
Concours d’utilisation :
Finale 2 ans : Utile du Bourbeau/Michel Schwartz; Umana du Fresnoy/Jeannine Vuillaume; Ukraine de l’Etang/Robert Champion.
Finale 3 ans : Thaïs des Noyers/Damien Kirsch; Toutsy des Noyers/Jörg Weintraut; Théo 90/Michel Schwartz.
Finale 4 et 5 ans : Robert de la Moder/Pierre Schmitt; Rombo des Noyers/Jörg Weintraut; Soleil de Beaumont/Jean-Nicolas Louis.
Challenge de traction :
En simple : Rouget de Paillotte/Jacky Bouard.
En paire : Soleil de Beaumont et Sultane de Beaumont/Jean-Nicolas Louis.
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