Accueillis par une foule en délire
Serge Lecomte : « Un niveau jamais atteint »
« L’essor de l’équitation en ce moment il est dû à nos circuits, des circuits formateurs. Je pense au Grand National qui n’a jamais amené autant de cavaliers en capacité de rivaliser à un niveau international. Le travail paye, la détermination paye. Tout ça fait qu’aujourd’hui on a un vrai vivier de cavaliers de haut niveau, une vraie équitation renouvelée. Au delà des talents des cavaliers et du talent des chevaux et de leurs propriétaires ça s’explique aussi par un formidable développement de la compétition aujourd’hui. La France équestre n’a jamais été à un niveau aussi haut, aussi bien en quantité avec une très large pyramide, une très grande participation dès la base et en qualité avec un haut niveau élevé. »
A la question de savoir s’il y a eu un vrai électrochoc depuis Londres, Serge Lecomte est catégorique. « Pas du tout. Quand on est arrivé à Londres on était 2e mondiaux après Lexington. Le creuset technique et le creuset de talents étaient là. On a eu une contre-performance. On sait très bien que dans le sport ça arrive toujours mais la progression, elle date de bien avant Londres. On était déjà très haut à Londres. D’ailleurs on était favoris. On a eu des déboires dès les premières épreuves, on a eu le Complet qui s’est effectivement mal passé. Mais le travail est bien antérieur à Londres. Sophie Dubourg était à l’époque DTN adjoint chargé du CSO. Elle a accompagné ce renouveau depuis bien plus que cette olympiade. Personnellement j’ai beaucoup poussé pour que les cavaliers de Complet fassent du dressage pur, du CSO pur, ça me semble indispensable de ne pas rester dans sa seule discipline. »
Voilà une pluie de médailles qui va peut-être faire taire ceux qui pensent que FFE n’est pas une fédération sportive ?
« Ce n’est jamais ça qui m’a conduit à la fédération puisqu’avant même d’être président on m’expliquait que j’allais détruire le sport alors qu’aujourd’hui, la réalité c’est que le sport équestre à la fédération ne s’est jamais aussi bien porté. Il n’y a jamais eu autant de compétiteurs, il n’y a jamais eu au autant de compétitions équestres de grands renoms. Dix concours internationaux 5* en France. C’est exceptionnel au niveau mondial. Il y a des médaillés, il y a des résultats. Nous avons eu des N°1 mondiaux en CSO, ça n’était jamais arrivé. Ce genre de borborygmes ne m’inquiètent pas du tout ».
Rozier (Marcel) : « Il était temps.... »
1976. Cette année là, LIP est mis en liquidation à Besançon, Albert Spaggiari réussit le casse du siècle à Nice, l’été en France est torride, Chirac claque la porte de Matignon, Jean Gabin, 72 ans, tire sa révérence. Les paysans normands lui avaient fait un bien mauvais procès à lui qui aimait la terre et les chevaux.
L’autre casse du siècle, cette année là, c’est la bande à Rozier qui le réalise à Montréal. Avec Hubert Parrot, Jean Roche et André Roguet, la bande des quatre s ‘empare de l’or.
2016. En plein débat sur la sexualité des musulmans avec l’affaire du burkini, la France est suspendue aux exploits des ses sportifs à Rio. Après une incroyable galère, Philippe Rozier – qui prétend avec humour que son père s’est fait un prénom grâce à lui – fait partie de l’équipe qui reviendra médaillé d’or.
Marcel, une 2e médaille d’or dans la famille, vous êtes fier ?
« Il était temps qu’elle arrive.... je commençais à désespérer (rires). C’est formidable. Mon fils fait partie de l’équipe. C’est du jamais vu. Je ne sais pas s’il y a d’autres cas chez des sportifs. Père et fils médaillés d’or c’est exceptionnel. C’est un moment exceptionnel.
Il y a 40 ans, il avait 14 ans. Pour mes premiers JO à Mexico, en 68, il avait 5 ans. On me l’aurait dit avant, je n’y aurais pas cru. Ils ont eu toutes les galères. Jamais personne n’a paniqué. Ils ont toujours remonté à un point que, malgré tous les pépins, Pénélope n’a pas eu besoin de repartir pour avoir la médaille d’or. C’est fabuleux non ? Elle a super bien monté sa première manche avec une jument qui était en coliques la veille. Et des bonnes coliques. On monte différemment. Son sans-faute a rassuré tout le monde. Elle a fait du bien à l’équipe. C’est une très très belle aventure.
Des similitudes entre les terrains de Montréal et Rio ?
« A Montréal on arrivait sur un terrain en herbe qui servait aussi au lancer de javelots et devant 80 000 personnes. Les chevaux n’avaient jamais vu ça. D’ailleurs il y eut des écarts de points importants. Techniquement non, pas de différence. C’était du même niveau. L’ambiance était très bonne. »
Quel est le secret de la longévité de Marcel Rozier ?
« Y a pas de secret. C’est le travail. Mais attention, il faut travailler intelligemment, s’agit pas de besogner. Demain Philippe sera au balai et moi sur le tracteur. C’est comme ça. Il ne faut pas prendre le melon quand on réussit. Demain on peut être au fond du trou ».
Ils ont dit
Serge Lecomte : Ils sont actuellement à un niveau qu’on n’a jamais rencontré et ce travail-là on le doit bien sûr à tous nos cavaliers, à toute l’équipe menée en particulier par Sophie Dubourg et puis aussi à un principe très simple qui veut que l’équipe est toujours plus forte que le plus fort de l’équipe. Et ça, il faut se le rappeler. C’est comme cela qu’on arrive aux grandes victoires. Merci à vous tous.
Sophie Dubourg : Heureuse aussi et émue de voir tout ce monde là aujourd’hui. On a passé trois semaines ensemble, j’ai l’impression que ça a duré deux mois. On a eu des hauts et des bas, des émotions très fortes. Le sport c’est ça, les valeurs olympiques aussi. Ils ont été juste formidables en piste et en coulisse encore plus formidables surtout pour cette équipe qui a eu quelques déboires. Je les remercie très fort personnellement. On a eu une aventure humaine qui restera gravée dans nos cœurs.
Une vraie pensée pour nos chevaux qui reviennent tous en bon état. Une vraie pensée pour ceux qui les ont ferrés, qui les ont aimés, à ceux qui les ont fait grandir à ceux qui les ont choisis et à ceux qui permettent à nos cavaliers d’avoir la meilleure remonte mondiale et à nos cavaliers de savoir les utiliser.
Philippe Guerdat. Emouvant de vous voir tous ici venus nous accueillir. Un titre olympique c’est quelque chose qui reste à vie. Ils l’ont fait. Ils l’ont fait dans la souffrance. Le dernier mois a été difficile pour tout le monde. Au delà des félicitations qu’on peut leur adresser, je leur dis un grand bravo à eux cinq.
Pénélope. Maintenant que j’ai ma médaille autour du cou on ne me demande plus si je suis le kiné de l’équipe de France... Suis fière d’avoir fait partie de cette équipe et contente de retrouver ma fille.
Philippe Rozier. Je suis le plus vieux de l’équipe. Au début c’était pas prévu toute cette aventure puisque j’étais réserviste. Mais voilà le malheur de l’un fait le bonheur de l’autre. J’ai su saisir ma chance et j’ai essayé d’apporter le maximum de mon expérience à toute l’équipe. C’est une histoire de potes tout ça et comme l’a dit Sophie ça a été très dur pendant un moment, ça nous a rendu plus fort. On s’est battu comme des lions, tous. Tout le monde a compté et c’est très important pour une équipe. Merci à ceux qui nous ont envoyé des messages, ça nous a rendu très forts. On est fiers d’être Français et moi je suis fier d’être Rozier.
Bosty. Merci à tous d’être là. On s’attendait à quelque chose mais là il y a vraiment beaucoup de monde. Ça fait très plaisir.
Kévin. Tout a été dit....Je pense qu’il faut appuyer les remerciements et c’est formidable que vous soyez là. L’exploit qui a été réalisé par cette équipe c’était de l’autre côté de l’Atlantique. C’était vraiment compliqué mais ça a été réalisé. Revenir et le partager avec vous, c’est le plus beau moment depuis notre podium. Fier de l’avoir réalisé. Fier de le partager. Merci du soutien que vous nous apportez. J’espère que cette médaille d’or va faire du bien à tout le monde et nous pousser à réaliser d’autres exploits. Merci à tous.
Et aussi
Laurent Cresp : Bravo Président! A une époque, en ses débuts, cette présidence était attaquée d’une frange assez large de cavaliers de CSO au point de lui prêter le gentil nom de « fossoyeur du haut-niveau » ! Et quand on prend en pleine bouille les résultats de Rio, quand on sait, et que l’on voit ce que représente La Motte Beuvron, on pourra dire que la mouvance « poneys» a compté pour quelque chose dans les sports équestres en France. Cette présidence en provient, mais elle n’est pas seule, les cavaliers médaillés pour la plupart ont appris leur métier en compétition sur des poneys, certes des formules 1, mais des poneys !
Chacun se sent fier et concerné : Enseignants, animateurs, entraîneurs, éleveurs, propriétaires, parents et tous les artisans de cette filière cheval ! ... Ma Gni Fi Que! »
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