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Alain Francqueville, visionnaire et obstiné

  • Alain, entouré de l’équipe de dressage aux JEM d’Aix-la-Chapelle, en 2006 : de gauche à droite Dominique d’Esmé, Constance Menard, Hubert Perring et Karen Tebar
    Alain, entouré de l’équipe de dressage aux JEM d’Aix-la-Chapelle, en 2006 : de gauche à droite Dominique d’Esmé, Constance Menard, Hubert Perring et Karen Tebar
Il a été « Monsieur dressage » pendant 11 années. Aujourd’hui, après les Mondiaux, ce grand Monsieur quitte la fonction publique et ses missions fédérales. Retour sur sa carrière.


Né dans une famille de musiciens, il est attiré jeune par les chevaux (grâce à un oncle cavalier de courses et entraîneur à Maison-Lafitte). Grâce à son père musicien de l’orchestre de la Garde républicaine il intègre les Cadets de la Garde à 12 ans. Le colonel Poirier qui commande la Garde imposait, pour pouvoir monter en concours, d’avoir monté en courses. Alain Francqueville suit ce cursus, gagne sa première course en plat à Maison-Lafitte avec La Muletta, à 15 ans.


Il poursuit en hippique, est champion de France junior en 1964, membre de l’équipe de France pour les championnats d’Europe junior aux côtés de Gilles Bertran de Balanda, année où Pierre Joncquères d’Oriola remporte les Jeux Olympiques de Tokyo.


Le temps des études l’entraîne du lycée Charlemagne à Maths Sup, et Maths Spé. On le retrouve dans la « Reprise des Douze » (« la Maison du Roy ») à Maison-Lafitte pour la Garde Républicaine, à Chantilly entre autres. Il enchaîne sur la Corniche militaire (classes préparatoires militaires) puis arrive à Saumur où il est affecté au cours de perfectionnement équestre réservé aux officiers. Peu après, en 1975, le colonel Bouchet le fait nommer à l’Ecole Nationale d’Equitation. Il lui faut gagner en CCE pour accéder à la tunique noire. Adjoint de Jean d’Orgeix, il enseigne sa méthode et s’occupe des juniors et des sports étude. Au départ de d’Orgeix, il rejoint la section dressage sous la responsabilité du capitaine Carde, aux côtés de Patrick Le Rolland, Dominique Flament, Bernard Fenetrier, Tristan Chambry et A François. Il monte en concours, à la Reprise de Manège et aux Sauteurs.


L’homme inspiré


Le colonel Durand l’implique dans la rénovation des présentations du Cadre pour en développer le côté didactique et « spectacle ». Pour ce, il change les musiques d’accompagnement, participe à la création d’une Reprise des sauteurs à la main, et commente les présentations, bénéficiant de l’expertise du colonel de St André. Etant donné la réussite du concept, on lui confie le Gala du bicentenaire et le Carrousel de nuit. Un véritable spectacle prend forme et fait du Cadre noir un spectacle en soi (avec pas de Deux, quadrille, voltige, travail aux longues rênes, le saut de la table, en plus des reprises traditionnelles ...). Un scénographe (M Kerjean) permet une mise en lumière artistique des présentations.


Théoricien et formateur


Parallèlement, il devient juge international et s’occupe du Bureau de la documentation de l’Ecole. C’est à ce moment qu’est créée La bibliothèque équestre qui réédite les grands classiques (32 ouvrages parus). Il devient directeur de collection chez Jean-Michel Place. A cette époque, il forme les Élèves instructeurs dans le cours « Ecole des Aides-Dressage ». Il sera nommé Chef de département de la Formation et de la Recherche en 1990. Chargé par JL Lhemanne de rénover la formation, il met en place le Référentiel du métier d’Instructeur qui aboutira à la création de l’option universitaire Enseignement et gestion de l’équitation. A partir de 1992, il dirige aussi la revue de l’ENE « l’Equitation ». Le ministère de la Jeunesse et des Sports, le prendra comme chargé de mission en ingénierie de formation pour la rénovation des diplômes du MJS : BPJEPS, DEJEPS et DESJEPS.


Entraîneur, sélectionneur


En 1998, la Fédération française d’équitation (qui vient de naître face à la DNSE) le nomme DTN Adjoint chargé de l’équitation sportive, puis sera chargé du Dressage. A la demande de Christian Paillot, il devient entraîneur national, puis sélectionneur des équipes de France. De 2003 à 2014 il coache dans plus de 150 CDI, est chef d’équipe pour les JO de Hong Kong et de Londres, pour les Jeux Equestres Mondiaux d’Aix la Chapelle et de Caen, pour les Championnats d’Europe de Hagen, Turin, Windsor, Rotterdam et Herning et plus de 20 Coupes des nations. Il accompagne des couples dans leur préparation et en compétition (pour Londres, il coache Jessica Michel sur plus de 10 CDI pour obtenir sa qualification). De plus, la FEI lui demande de participer à la “Task Force” pour représenter les Chefs d’équipe. Présidé par F. Kemperman, ce groupe doit faire évoluer la discipline quant au jugement et format des JO notamment.


L’international


Son rôle a largement contribué au développement de la discipline et à son unité, à travers des éléments structurants qu’il a affichés ouvertement : volonté de se tourner vers l’international, interventions et choix d’entraîneurs étrangers (comme M.Théodorescu), invitations de juges étrangers sur des nationaux. Il a créé une étape (devenue Pro 1) entre petit et grand tour pour monter à 100 le nombre de couples de grand tour (130 aujourd’hui). Il a aussi permis l’introduction des reprises 7 ans, facilitant le passage des reprises SHF au petit tour.


Il a posé les fondations…


Il s’est efforcé de faire avancer le dressage et de faire évoluer un état d’esprit pas toujours facile. Pour développer son projet, il s’est appuyé sur les regroupements de cavaliers et d’entraîneurs tant avec la FFE qu’avec la SHF (Meyer zu Strohen) ; sur plus de dix ans il est assez fier d’être parvenu à passer de deux CDI à quatorze cette année, à pousser de nouveaux couples, qu’il a détectés dans les régions, cette élite qui s’est ainsi renouvelée avec Marc Boblet, J. Michel, André et Anne-Sophie Serre, J-P. Siat, S. Duperdu, R. Issartel, V. Guilloteau, Alexandre Ayache, Sophie Brieussel ou Ch. Chalvignac... Selon lui « C’est à eux maintenant de faire fructifier ce qui n’est qu’une base pour réussir dans une concurrence internationale de plus en plus difficile ».


Et maintenant ?


Son action va se tourner vers l’entraînement, le conseil, le jugement international. Il compte bien ouvrir le champs de ses compétences à la formation des entraîneurs et à de nombreux cavaliers demandeurs qui pourront apprendre à aller de l’avant dans une quête constante de modernité.


Ils ont collaboré :


- Alexandre Ayache : « C’est quelqu’un qui va manquer. Personne, en France, ne peut faire ce qu’il a fait. Aux JEM, vous aviez votre planification précise avec lui, dans tous les domaines. Il est toujours présent, dans le bon, comme dans le mauvais. On aimerait qu’il reste, pour moi, les JEM, c’est grâce à lui, seulement à lui, c’est presque un père ».


- C. Menard : « Alain est le ‘’patron’’, car il a pris le dressage français à bras le corps, sans vacances, sans week-end, tel un grand chef d’entreprise. La France lui doit beaucoup et je souhaite à la FFE de trouver un autre ‘’patron’’ pour maintenir hors de l’eau le dressage français. Merci à lui d’avoir cru en ‘’Noisette’’ et moi ‘’.


- Ch. Chalvignac : « Alain est un vrai homme de cheval, un vrai passionné, un homme honnête, ça change. On va avoir du mal à le remplacer, quel dommage... »


- Arnaud et Anne-Sophie Serre : « Si on a commencé en inter, c’est tous les deux grâce à lui. Il a cette particularité de découvrir les gens capables de courir le grand prix. Quel que soit le couple, Alain se donne du mal, il n’abandonne jamais. Il a réussi à désinhiber les cavaliers. Si les progrès sont là, c’est parce que les gens vont de plus en plus en CDI grâce à lui, dans le sport moderne. Il nous épaulait comme personne ne l’a fait ».


- B. Galodé, ancien cadre noir : « Il est atypique. Grand connaisseur de l’histoire de l’équitation, passionné par les grands maîtres, je l’ai toujours connu incollable sur la tradition équestre française. Au Cadre noir, il a été un collègue précieux pour des conseils techniques éclairés. Nous avons plaisir et intérêt à échanger, notamment sur des techniques pédagogiques ».


- K.Tebar : « J’ai les meilleurs souvenirs possibles d’Alain chef d’équipe, de sa grande disponibilité, de son très bon contact. On a eu un très bon chef d’équipe, son expérience de juge international nous a bien aidés. Je lui souhaite le meilleur ».


- J.-F. Girard, professeur à l’ENE : « il est inoxydable, plein d’énergie et a toujours envie de transmettre. Il faut retenir sa grande culture, sa grande connaissance de la tradition équestre qu’il allie à la modernité des exigences de la compétition d’aujourd’hui ».


25/09/2014

Actualités régionales