Assemblée Générale - Paris - 14 avril : Vers l’autonomie totale du stud-book , Selle Français
« Lui président » n’a pas menti. Pas comme l’autre « moi président » qui s’exprimait le soir même à la télé, assénant mensonges, contre-vérités et approximations.
En peu de temps - 2 ans à peine - Pascal Cadiou a remis les pendules financières à l’heure. Une économie de 150 000 € a été réalisée sur un budget total de 1 740 000 € et le résultat d’exploitation est positif (48 339 €) pour la première fois depuis 2010. Et cela n’a pas engendré l’inactivité, bien au contraire. 2015 fut une année de pleine activité : promotion en France et à l’étranger, salons, concours d’élevage, finales nationales, concours d’étalons revisité, formation des juges et bien d’autres choses encore. Jean-Baptiste Thiébot, Michel Guiot, Gilbert Gaillot ont retracé les événements 2015 qui ont majoritairement plu aux éleveurs et aux différents publics.
2016 repart avec le même dynamisme. Nous en avons eu la démonstration avec le salon des étalons à St Lô. Un cru exceptionnel où la tendance à la reprise commerciale s’est confirmée. Côté naissances, la chute est enrayée. 5 600 poulains SF ont été enregistrés en 2015 pour 9 000 juments saillies. Soit par rapport à 2014, une augmentation de 2 % des naissances. Ce sont là des signes positifs soulignés d’ailleurs par la note de conjoncture publiée par l’Ifce. 5 957 élevages SF sont actuellement répertoriés, se répartissant ainsi : 4 573 avec 1 poulinière soit 77 %, 778 avec 2 poulinières soit 13 %, 461 avec 3 à 5 poulinières soit 8 % et 142 avec plus de 5 poulinières soit 2 %.
Sur le plan sportif international, le SF est en haut de l’affiche avec Diamant de Semilly, N°1 mondial, Baloubet du Rouet, Quickly de Kreiker, Qlassic Bois Margot le jeune millionnaire, Hermès Ryan, Quorida du Trého, Zirroco Blue (ex Quamikase des Forêts)Red Star d’Argent, Sarena (ex Sixtine de Vains - Calvaro x Damoiseau d’Or - né chez Christian Bihl et vainqueur dernièrement d’un GP5* à Wellington), pour le CSO. En Complet, Opgun Louvo, Qing du Briot, Sirocco du Gers, Piaf de B’neville sont quelques uns de nos brillants représentants qui tirent l’élevage et le sport vers le haut.
Le gros chantier à venir est celui du passage au statut d’organisme de sélection avec les missions qui en découlent : critères d’appartenance, contrôle de performance, tenue du livre généalogique, délivrance des documents d’identification.
Quel cheval pour demain ? C’est un sujet de réflexion en cours au stud-book. Sujet qui côtoye la création d’indices de Modèle et allures et la mise en place d’un nouveau système de notation par pointage en parallèle du jugement.
« Toujours aller
de l’avant »
Comment Pascal Cadiou voit-il cette année 2016 ? C’est ce qu’il évoque au cours de cet entretien après avoir dit sa satisfaction d’avoir redressé les comptes du stud-book.
Votre sentiment sur l’année qui vient de s’écouler ?
« Moi je suis ravi du fait qu’on ait baissé nos frais de fonctionnement de près de 150 000 € pour arriver à un résultat courant de 50 000 €, tout en maintenant notre niveau d’actions, de services, de sélection. C’est-à-dire que globalement, ce qu’on a fait dans le zootechnique, dans le sociétal et dans le marketing s’est maintenu. On n’a rien baissé dans nos prestations, et on a tout diminué de 150 000 € au niveau des coûts. Donc ça c’est une fierté de l’équipe. »
La méthode Cadiou c’est quoi ?
« La méthode Cadiou c’est de donner la possibilité à une équipe de s’exprimer, c’est-à-dire d’abord l’équipe de salariés. Elle est formidable, et sous la direction de Maud, tout le monde a pris en considération nos obligations financières. Ensuite l’équipe d’administrateurs, qui, comme je l’ai dit pendant cette assemblée générale, a fait un travail remarquable en commission. La commission du budget par exemple a serré au plus près, semaines après semaines, les finances. C’est un travail d’équipe avec des gens qui parlent entre eux et qui tranchent. »
Le passage au statut d’organisme de sélection, ça implique quoi ?
« Ça change tout. Notre statut d’association nationale de races a été dénoncé par le Conseil d’Etat. Nous n’étions pas en conformité avec la loi d’orientation agricole de 2006. Le Conseil d’Etat a dénoncé ça en 2012 et depuis, le ministère de l’Agriculture est en train de trouver l’articulation pour qu’on soit comme tous les organismes de sélection, dans toutes les espèces animales. Nous allons donc aller vers une autonomie totale. C’est la suppression définitive de ce qui restait de l’emprise des ex-haras nationaux sur notre élevage. C’est une ère nouvelle qui s ‘ouvre. Il y aura changement de statuts. Le projet que nous avons déposé devrait être agréé par le ministère. Donc maintenant, c’est l’association du stud-book Selle-Français qui va être maître de tout, à la fois du zootechnique, du choix de sélection, de l’édition des livrets, du contrôle de performance. »
Quid de l’édition des livrets ?
« On est dans un marché concurrentiel et Sire a su serrer au plus près ce coût. Notre ambition n’est pas de devenir des imprimeurs. Nous sommes des « réfléchisseurs », on réfléchit à comment on va faire évoluer notre race, notre schéma de sélection, notre programme d’élevage, notre contrôle de performances. Si un jour nous trouvons le moyen de réduire considérablement ce coût de fabrication, bien évidemment nous irons vers cette solution. Pour le moment, nous continuons avec Sire qui est notre partenaire historique. »
Les perspectives pour l’année qui vient ?
« Toujours aller de l’avant, devenir majeur, enfin majeur, regarder au loin et dire comment on va faire évoluer notre race avec tous les gens qui travaillent avec nous, les éleveurs, les juges, les partenaires, les marchands, les aficionados du Selle Français, tous ceux qui nous donnent notre raison d’être. Ensuite continuer nos actions en terme de zootechnique, de programme génétique, de labellisation des juments, de formation des juges, des éleveurs, des young breeders avec les maisons familiales, les lycées agricoles. Tout ça c’est important. Et puis au niveau du marketing et de la communication, il faut continuer à porter haut les couleurs du stud-book Selle Français en France, dans les grandes manifestations nationales, dans les finales jeunes chevaux, à l’étranger. Nous travaillons à développer le fait que des étrangers puissent élever du Selle Français et inscrire leurs poulains en France, comme le fait Raymond Lefèvre. Il est l’exemple même de ce que nous voulons faire : il élève des SF en Belgique qu’il a inscrits au stud-book Selle Français. Demain on veut multiplier les Raymond Lefèvre au Luxembourg, en Allemagne, en Italie, en Suisse. On va faire du rentre-dedans... Au Chili, Dominique de Beaumont est très partante pour être la porte-parole du stud-book SF. Elle gère le centre équestre de Santiago du Chili, c’est de l’équitation française, c’est de l’état d’esprit français, du savoir-faire français, et elle veut être notre relais pour justement inscrire des chevaux de notre génétique et de notre sélection au stud-book Selle Français. C’est formidable. »
Toujours des plans vers la Corée et la Chine ?
« Oui, c’est toujours un serpent de mer la Corée, la Chine mais il ne faut pas abandonner. La Chine reste certainement un marché des plus formidable mais pour l’instant on n’y est pas vraiment entrés. Là il y a des projets sur la Corée, puisqu’il y a des Coréens qui veulent élever des Selles Français en Corée, donc à nous de leur donner les moyens et aussi l’envie. Depuis 5 ans ils nous interrogent à travers l’UNIC, à travers l’IFCE, à travers la SHF et on essaie de répondre à leurs attentes. Le jour où ils se mettront dedans, je pense que ça peut être intéressant. Mais on ne peut pas tout baser sur ces choses-là. Il ne faut pas lâcher la proie pour l’ombre. La proie c’est déjà vendre des chevaux, enfin de fabriquer des chevaux à des gens qui nous en achètent historiquement et traditionnellement, c’est-à-dire tous les Français, les Européens, les Américains. »
Approbation : discussion autour du testage
Au moment des questions diverses, l’approbation des étalons a été évoquée. Avant ou après le testage ? Pour l’heure, les meilleurs 3 ans retenus sont approuvés dès lors qu’ils passent au testage. Il est possible que la donne change et que les étalons soient approuvés (ou non) après le testage. La réflexion entâmée depuis un certain temps a toujours cours. Michel Guiot, vice-président, penche vers cette solution. « Je suis très favorable à un concours d’étalons qui se déroule sur 3 jours, comme actuellement, avec un classement du 1er au dernier, puis on choisit dans ce concours, en général entre 25 et 30 % des meilleurs étalons, qu’on envoie au testage, à l’issue duquel on donne l’approbation. Si on croit à notre testage, et je pense qu’on peut y croire, parce que nos cavaliers sont un petit peu de notre avis, il faut aller plus loin pour donner plus d’importance au testage et de ne pas avoir peur de dire que l’approbation aura lieu après ce testage. C’est en discussion. On a déjà fait plusieurs allers-retours entre le conseil d’administration et la commission et le sujet va revenir encore cette année. Je pense que c’est quelque chose qui pourrait aboutir en 2017. Le testage révèle des chevaux qui n’étaient pas forcément classés dans les tout premiers du classement établi par les juges. Je serais plus d’accord avec ce système-là. »
Irez-vous vers un plus petit nombre d’étalons approuvés ?
Tout cheval entier peut faire la monte aujourd’hui. Ce n’est donc pas nous qui allons dire de réduire ou d’augmenter. On se doit en tout cas de donner des informations aux éleveurs, parce qu’on a 90 % des éleveurs aujourd’hui qui ne sont pas des éleveurs professionnels. On se doit de donner le maximum d’informations pour que les gens s’y retrouvent. Bon, on sait très bien que quand on approuve des jeunes chevaux, il peut y avoir des aléas, des chevaux qui déçoivent, qui sont surprenants. Le système n’est pas sans faille. Je pense que d’avoir rajouté le testage à ce concours a quand même diminué le risque de se tromper. On a une meilleure opinion sur les chevaux après le testage parce qu’on a l’avis du cavalier et c’est super important. Pour moi le testage a énormément d’importance. Les meilleurs 3 ans, on les retrouve à 5, 6 et 7 ans. Il est rare de retrouver en finales ceux qui ont été recalés à 3 ans. »
L’étalonnier que vous êtes sent-il le vent de la reprise ?
« Pour que ça aille mieux, il faut que le commerce remarche. On le sent. Il y a des clients qui rappellent pour des 4 ans, ce qu’on ne voyait plus depuis longtemps, ou des 3 ans maintenant. J’ai des gens qui veulent venir voir des pouliches de 6 mois, c’est plutôt bon signe quand on redescend dans les âges comme ça, alors qu’il y a 2 ans on ne voulait pas voir les chevaux avant 6 ans, voire 7 ans. A partir du moment où les éleveurs ont à peu près tout vendu, ils remettent à la saillie automatiquement. On a l’impression quand même que la crise a formé les gens, c’est-à-dire qu’ils vont de plus en plus à des étalons confirmés. Ils sont enclins à essayer de jeunes étalons qui ont une bonne génétique mais leur préférence va tout de même à des étalons confirmés. »
Les encouragements liés aux jeunes et aux SF originel font il leur effet ?
« Il y a un regain, je le vois dans ma clientèle. J’ai plus de réservations pour les jeunes que l’année passée et qu’il y a 2 ans, c’est flagrant. On espère que ces jeunes étalons vont faire à peu près entre 1 500 et 2 000 saillies, ce serait un gros succès. On voudrait se diriger vers 25% des saillies faites par les jeunes. »
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