Des chevaux et des hommes : objectif Rio pour Rahotep de Toscane et Philippe Rozier
Rahotep de Toscane est un pur produit français. S’il fut tardif, il n’en demeure pas moins aujourd’hui l’un des meilleurs chevaux au monde, issu d’une très bonne famille. « Très intelligent, très réceptif, une tête en or et peur de rien mais quand même avec de la sensibilité. Un cheval très attachant », dit de lui son cavalier. Voici un éclairage sur un fils de Fanny du Murier et de Quidam de Revel, celui de Rahotep de Toscane.
Un fils de bonne famille
Rahotep de Toscane a grandi à l’élevage du Vieux Noyer dans la Marne. Cet élevage, constitué de plusieurs bonnes souches, a fait naître un nombre incroyable de chevaux performants et bien indicés tels que Jadis de Toscane, Karla de Toscane, Quarela de Toscane, Rahotep de Toscane et Pirate Andalou.
En 1987, Michel Aubertin, agriculteur-céréalier-dentiste, amoureux d’élevage et de chevaux de sport, se met en quête d’une bonne poulinière dotée d’un très bon papier pour transformer son élevage. Ne trouvant pas de poulinière, il décide d’acheter une pouliche. L’éleveur se retrouve alors chez Jean Brauld pour acheter Toscane, la propre sœur de Karielle qui n’est autre que la mère de l’étalon Dollar du Murier (Jalisco B). Jean Brauld ne veut pas vendre. Alors ils décident ensemble de faire un « foal sharing » (c’est une pratique qui consiste, pour un éleveur, à échanger la saillie d’un étalon contre une part du futur produit) avec Toscane et Laudanum. De ce croisement est née Fanny du Mûrier, la mère de Rahotep de Toscane. « Je voulais des juments avec du sang et Laudanum avait eu une bonne réussite en compétition, c’est un cheval que j’aimais beaucoup » confie Michel Aubertin qui a choisi le croisement.
A l’âge de 3 ans, la jument fait son premier transfert d’embryon. Ainsi naissent Jadis de Toscane (Quidam de Revel) performant au plus haut niveau sous la selle de Philippe Rozier, et Jasper de Toscane (Nidor Platière) qui fut un bon cheval ayant tourné sur des épreuves à 1m45 en Belgique et au Luxembourg. A l’âge de 5 ans, Fanny du Murier commence la compétition avec Alexandra Francart, et poursuit la compétition l’année de ses 6 ans, mais une chute l’écartera de la finale de Fontainebleau. Suite à cet incident, Michel Aubertin décide de rentrer la jument à l’élevage. Il refait un transfert d’embryon avec Quidam de Revel qui engendrera Karla de Toscane, championne de France des 7 ans en 2005 avec Nicolas Delmotte.
Michel Aubertin met un point d’honneur à maintenir une génétique irréprochable : « Dans la construction de l’élevage il faut une très bonne souche basse confirmée. Je mets les juments en concours jusqu’à l’âge de 6 ans pour avoir des références au niveau des indices. Suite à cela, je croise performer sur performer. » C’est ainsi que Fanny du Murier a été croisée pas moins de 5 fois avec le chef de race Quidam de Revel. Le 4e transfert donnera naissance à Rahotep. Futur gris comme son frère aîné Jadis. Un mois plus tard, Rahotep et sa sœur utérine Riviera sont vendus. Rahotep débutera la compétition en Belgique.
Un jeune cheval sensible
C’est lors d’un voyage en Belgique avec Christian Baillet que Philippe Rozier confie à son propriétaire avoir été séduit par Rahotep, vu sur une vidéo. Un détour en Belgique plus tard et un essai concluant et Rahotep de Toscane, âgé de 5 ans, rentre en France pour intégrer les écuries de Philippe Rozier.
Au début de son année de 6 ans, Rahotep intègre le circuit de formation des jeunes chevaux en France avec Caroline Piette, cavalière à cette époque de Philippe Rozier qui se souvient de ce jeune cheval très qualiteux mais sensible : « C’était un cheval avec une grande personnalité qui ne devait pas se sentir bloqué ni soumis. Il fallait composer avec lui et lui demander les choses avec politesse et doigté ».
A la fin de son année de 6 ans, Philippe Rozier le récupère et commence à le monter en compétition. Rahotep a la chance que son cavalier ait déjà monté son propre frère Jadis, avec lequel il a de nombreux points communs. «Ce sont des chevaux qui ont une bonne tête, qui sont très intelligents et aussi très attachants. Les deux sont gris, propres frères et font du haut niveau, ce qui est rare. »
Rahotep a connu une progression lente mais sûre. Philippe Rozier a su écouter son cheval : « Tant que je ne l’ai pas senti prêt, j’ai pris mon temps et je l’ai attendu. Il me faisait penser à Barbarian avec lequel je suis allé aux Jeux Olympiques. A l’âge de 8 ans, je me disait que ce n’était pas un cheval de Grand Prix mais petit à petit il est arrivé au plus haut niveau. Rahotep est un cheval qui a toujours été avec moi, qui ne m’a jamais déçu mentalement. Au niveau du physique je savais qu’il fallait qu’il se durcisse ».
Patience, Constance et Persévérance
« En cette année 2015, Rahotep fait preuve d’une régularité exceptionnelle. Depuis les Masters de Paris fin 2014, il a enchaîné les sans-faute en sautant 5 Grand Prix de suite sans faute (Paris-La Corogne-Bâle-Bordeaux-Le Grand Palais) », dit Philippe. Après cela, il lui fallait sauter sur une piste en herbe pour voir son comportement. Je le sentais moins à l’aise. Philippe Guerdat m’avait demandé d’aller à Hickstead ou à Dublin après Chantilly. J’ai préféré prendre mon temp et c’est pour cela que j’ai choisi Madrid pour avoir des infos avant d’aller à La Baule. » Nous connaissons la suite puisque le couple s’adjuge la deuxième place sur cette étape du Global Champions Tour de Madrid.
Rio en 2016
Il est impossible au cavalier de Bois-le-Roi de ne pas penser aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. Rahotep sera alors âgé de 11 ans, en pleine fleur de l’âge. « Les JO sont bel et bien dans ma tête aujourd’hui. Avec la Fédération et Christian Baillet, on a signé un contrat cet hiver pour intégrer Rahotep au groupe JO/JEM. Cela veut dire que notre couple intéresse la Fédération par rapport à cet objectif là. Sauter les Jeux l’année prochaine , c’est indéniablement mon objectif ! »
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