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Harold Boisset : talentueux, instinctif, homme de cheval

  • Harold Boisset à Bourg (© ER)
    Harold Boisset à Bourg (© ER)
Récent vainqueur du GP 3* de Maubeuge, vainqueur de plusieurs épreuves internationales à 150, Harold Boisset est LE cavalier qui explose à haut niveau. Découvrez comment les chevaux sont arrivés dans sa vie, le chemin qu’il a parcouru pour arriver où il est aujourd’hui, quel est son quotidien, comment travaille t-il, et quels sont ses objectifs pour l’avenir. Il s’est livré sans réserve juste avant le CSI4* de Bourg en Bresse.


Journal Le Cheval : Comment les chevaux et l’équitation sont-ils arrivés dans votre vie ?


Harold Boisset : « Mon frère qui est un peu plus âgé que moi a démarré l’équitation, et un jour je l’ai suivi au poney club et j’ai commencé à monter comme ça… Mon père était passionné mais pas du tout dans le monde du cheval. Ce sont mes parents qui ont amené mon frère à monter et j’ai voulu aussi monter à mon tour. »


JLC : Quel a été ensuite votre parcours équestre ?


HB : « J’ai fait un BEP et un Bac Pro dans l’horticulture. Puis j’ai poursuivi avec un DEUST 1 et 2 en Fac de sport. Mes parents voyaient ça plus comme une passion que comme un métier. Et il y avait une filière équine à la Fac de Montpellier que j’ai suivie, et je l’ai passée en même temps que mon monitorat. »


JLC : A quel moment avez-vous décidé de devenir cavalier professionnel ?


HB : « J’ai voulu travailler dans les chevaux assez rapidement, quand j’ai commencé mon BEP. Après, je ne savais pas encore si je voulais être cavalier et ça s’est fait au fur et à mesure. J’ai eu cette opportunité de faire du concours. Je suis cavalier mais j’ai aussi des propriétaires à m’occuper. Il est vrai que je passe plus de temps à faire du concours pour moi, mais pendant 5-6 ans je faisais du concours et en plus je faisais du coaching. »


JLC : Pouvez-vous nous raconter votre histoire avec Palese et Quolita ?


HB : « J’ai eu Palese en premier à l’âge de 3 ans. Les deux sont des petites juments mais Palese est plus grande que Quolita, qui ne mesure qu’un mètre cinquante-trois. Jusqu’à l’année dernière, Palese était ma jument de tête, le temps que Quolita arrive à maturité pour faire les GP. Je les découvrais au fur et à mesure de leur évolution sans savoir réellement leur potentiel et les épreuves qu’elles feraient. Et pour le moment les deux ont gagné à 1m50. Palese était classée dans le CSI3* de Vichy il y a deux ans, ainsi qu’à Lons le Saunier dans le 3*. Maintenant je m’en sers plus comme jument de vitesse, du fait de son âge et de ses moyens plus limités que Quolita. C’étaient des parcours assez acrobatiques, pas avec toute l’aisance parce que la jument manque un peu de rayon, mais elle est quand même une jument très concours. Quolita, malgré sa petite taille, a pour moi tout d’un grand cheval. Elle a énormément d’amplitude, ce qui pouvait manquer un peu à Palese, et du coup dans les contrats et par rapport à la hauteur il n’y a rien qui change par rapport aux autres chevaux et je finis par faire abstraction de sa taille. J’espère ne pas encore être arrivé au bout parce que je ne la sens toujours pas forcer. Elle ne fait pas du show, elle n’est pas très démonstrative, mais c’est l’efficacité qui prime avec elle. On va essayer d’aller le plus haut possible et si les portes s’ouvrent comme elle s’ouvrent actuellement c’est plutôt de bon augure.


Palese était une jument achetée par le club mais plus destinée à la compétition. On pensait qu’elle allait être une bonne jument de 135 pour faire les GP régionaux. Je me suis formé en même temps que Palese. C’est Palese qui m’a emmené jusqu’à mes premiers GP 150 compétitifs.


Quolita a été achetée pour le club dans l’optique de faire la transition poney-cheval. On l’a achetée en Belgique chez un petit marchand de chevaux assez âgé qui vend de petits chevaux de concours.


Avec Quolita nous avions acheté Springbok qui est une fille de Carinjo que je monte toujours. Ces deux juments constituaient nos premiers achats en Belgique avec Sophie Dela Valle, directrice du Centre Équestre de Grammont. Lors de notre déplacement en Belgique pour voir les juments, elles avaient sauté de gros obstacles sans forcer et on ne se rendait pas compte de leur taille. Quolita a donc démarré en faisant le club puis il s’est trouvé que la jument était pleine donc elle est partie finir sa gestation et pouliner dans le Gers. C’est donc pour cela qu’elle était très calme au début : elle était presque à terme. Nous sommes retournés la voir après un concours à Barbaste au moment du sevrage et nous l’avons refait sauter en liberté. A la suite de cette séance, nous l’avons ramenée avec nous à Grammont en pensant qu’elle ferait une bonne jument pour sauter 120 le week-end avec des amateurs. Aujourd’hui je ne regrette pas de l’avoir ramenée à Grammont parce qu’elle est ma jument de tête. »


JLC : Pouvez-vous nous présenter l’installation où vous êtes et votre rôle là-bas ?


HB : « Je travaille au Centre Équestre de Grammont à Montpellier et c’est là que j’ai débuté l’équitation. J’ai aussi travaillé un peu partout en France : avec Kévin Staut il y a quelques années et avec Gilles Bertran de Balanda. Aujourd’hui je travaille essentiellement avec Bruno Rocuet et Michel Robert. Michel m’aide beaucoup sur le travail du relâchement du cheval, notamment avec Quolita qu’il monte. Avec Bruno Rocuet, on travaille ensemble sur les jeunes chevaux et les chevaux d’âge. Il vient beaucoup en fin d’hiver et on fait beaucoup de gymnastique à l’obstacle. Ce sont vraiment deux personnages que j’apprécie. Ce sont deux tempéraments différents mais de gros travailleurs. Les deux se complètent vraiment et j’ai besoin d’un œil extérieur que je considère presque plus important que le ressenti à cheval. J’ai besoin de ça parce que je suis un cavalier d’instinct et j’aime bien qu’on me recadre à pied et surtout à la maison pour garder les pieds sur terre et pour m’inscrire du long terme et pas seulement sur une ou deux saisons. Je ne veux pas tout miser sur la fraîcheur des chevaux et sur mon envie de gagner et de découvrir de nouveaux concours et de monter de niveaux. Michel et Bruno me permettent de canaliser mon énergie. »


JLC : Aujourd’hui, pouvez-vous vous consacrer uniquement au sport à part entière ?


HB : « Je me consacre plus au sport qu’avant mais pas totalement. Nous avons, au Centre Équestre, Anne-Sophie Louis qui travaillait avec Marie Demonte et qui me seconde avec les propriétaires quand je ne suis pas là. Mais par contre la semaine quand je suis là, j’échange beaucoup avec elle et on travaille vraiment en équipe. Pour se préparer pour le haut niveau il est certain qu’il faut que je me concentre plus sur le travail de mes chevaux mais pour mon équilibre, je garde un contact et un pied dans la vie du centre équestre. Je dialogue toujours avec mes élèves et dès que j’ai du temps de libre je les fait travailler. C’est ce qui me plaît, et je ne veux pas oublier d’où je viens. Pour s’inscrire dans une démarche de formation, nous avons ouvert un sport étude au Centre Équestre de Grammont pour les jeunes de la 4e à la terminale afin d’allier le sport et les études. Je gère cette nouvelle section avec Anne-Sophie Louis. »


JLC : Quel est votre effectif de chevaux ?


HB : « Actuellement j’ai dix-huit jeunes chevaux entre 4 et 6 ans dont des chevaux de propriétaires, de commerce et d’avenir. Ceux qui ne sont pas fait pour le sport, on les oriente généralement vers le club. Dans les vieux chevaux, ça varie entre 8 et 12 chevaux. Ça me fait donc une bonne trentaine de chevaux à monter même si je ne les monte pas tous moi-même. Je suis secondé par Victoire Darcelier pour les jeunes chevaux et Anne-Sophie Louis monte les chevaux d’âge dans les concours nationaux. »


JLC : Quels sont vos objectifs pour l’avenir ?


HB : « Pour cette année je m’étais fixé de participer au moins à une coupe des Nations et je vais à Lisbonne, donc c’est bien. Mon but est maintenant d’avoir le plus possible de sélections parce que je garde mes chevaux pour le sport et pas pour le commerce. Je rêve de 5* bien évidemment mais je veux faire les choses par étape. J’irai au maximum que je puisse aller et il faut que les portes s’ouvrent au fur et à mesure. Mon objectif est plus sportif que commercial. »


09/06/2016

Actualités régionales