JEM 2014 : entre lumière et ombres
La 7e édition des Jeux Equestres Mondiaux est sur le papier une belle réussite. Edition de tous les records avec 574 000 spectateurs sur les quinze jours, 1 750 médias accrédités venus de 52 pays différents soit une exposition médiatique sans précédent, près de 3 000 bénévoles sans lesquels il aurait été impossible de venir à bout de cette quinzaine de compétitions, 102 millions d’euros de valeur ajoutée pour la Normandie et, six mois après l’évènement, un bénéfice d’1 à 1,5 million d’euros après impôts. Une jolie somme qui devrait être restituée aux membres fondateurs du GIP « Normandie 2014 » à savoir la FFE, le Comité National Olympique et Sportif Français, l’Etat, le Conseil régional de Basse-Normandie, la Ville de Caen, la Communauté d’Agglomération de Caen-la-Mer, le Conseil Général du Calvados, celui de la Manche et celui de l’Orne. L’édition 2014 laisse également de magnifiques souvenirs avec la consécration de Charlotte Dujardin et de son phénoménal Valegro, l’équipe de France qui s’offre la médaille d’argent au CSO, le sacre d’un cheval normand dans les épreuves de Concours Complet, l’émotion de Patrice Delaveau lors de la finale à quatre, l’ambiance ahurissante lors des épreuves de reining et de voltige, une cérémonie d’ouverture à couper le souffle, des milliers d’images magnifiques et bien d’autres choses encore. Alors pourquoi ne peut-on s’empêcher de garder un sentiment d’amertume vis-à-vis de ces Jeux Equestres en Normandie ?
Que retient-on de ces Jeux normands ?
Sans soulever une nouvelle fois les soucis d’accès au Haras du Pin le jour de l’épreuve phare du Concours Complet, sans rappeler que le Village des Jeux est complètement passé à côté, restant bien trop souvent vide de visiteurs, sans évoquer le fait que les spectateurs du Stade d’Ornano étaient invités à sortir entre midi et quatorze heures pour se restaurer hors du stade et étaient par la suite contraints de refaire la queue, sans évoquer tous les autres petits incidents de parcours inévitables lorsque l’on se lance dans un tel projet, pourquoi cette édition normande du plus bel évènement de l’équitation mondiale laisse-t-elle un sentiment mitigé pour beaucoup d’entre nous ?
L’ambition première du Comité d’Organisation était d’offrir un grand spectacle et les meilleures conditions aux athlètes et leurs chevaux, mais également un évènement qui mette en valeur la région normande, berceau du Cheval par excellence. Pari réussi puisque tous les yeux de la planète cheval se sont tournés vers notre belle région pendant quinze jour mais qu’en reste-il aujourd’hui ? Les Normands ont-ils vraiment eu le sentiment que ces Jeux étaient les leurs ? L’édition 2014 devait laisser un héritage durable aux sports équestres et à la Normandie. Alors pourquoi enregistre-t-on une baisse de - 4 % de licenciés en 2015 ? Que devient le projet territorial baptisé l’« Elan des Jeux » : quinze mois de mobilisation pour mener à bien quinze jours d’évènement et derrière bénéficier de quinze ans de retombées ? C’est par exemple dans cette belle dynamique que la Maison du Cheval a été créée par la Région à Caen en 2011. L’immeuble situé en face du Mémorial accueillait également plusieurs organisations de la filière équine mais que devient cette belle initiative six mois après le départ du plus gros des effectifs du GIP ? Un dédale de bureaux fantômes qui ont intéressé certaines entreprises équines pendant quelques temps mais qui, faute de réponse du propriétaire quant au prix de la location, restent désespérément vides. Les quelques organisations encore sur place commencent même à se dire qu’elles devront déménager d’ici la fin de l’année. Mis à part la carrière neuve et inutilisée jusqu’à maintenant au Haras du Pin, que restera-t-il de la formidable aventure que furent les Jeux Equestres Mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie ?
Et sur la scène internationale ?
L’étude réalisée par le Comité d’Organisation ne présente aucune donnée sur l’impact des JEM auprès du public étranger. Nous sommes néanmoins en droit de nous interroger : avec quelle image de la Normandie sont repartis les milliers de spectateurs brassés par l’évènement ? Une région pluvieuse, certes la première semaine des Jeux fut fort humide mais pas de quoi décourager le public. Une organisation qui laissait à désirer et qui a occasionné pas mal de désagréments dont le public a pâti à plusieurs reprises ? Globalement, les étrangers ne sont-ils pas repartis avec l’image d’une belle région excellente en matière d’élevage mais limitée dans son potentiel car incapable de coordonner ses acteurs pour livrer un évènement correctement organisé de A à Z ? Les trop nombreux couacs n’ont-ils pas terni l’image de ces Jeux Normands ? Le public international a-t-il réussi à passer outre ces désagréments pour ne garder en mémoire que les performances sportives ? Peut-être serait-il judicieux de mener une étude ! Six mois après la fin des Jeux Equestres Mondiaux en Normandie les regards se tournent dorénavant vers Bromont pour l’édition 2018.
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